Un arbre tombe + Fay

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Un arbre tombe + Fay

@ Marius Barabas

Marius Barabas
survivor
DATE D'INSCRIPTION : 24/12/2022
HIBOUX : 78
Fays : 2233
#
Sam 7 Jan - 23:53
Un arbre tombe
Fait-il du bruit ?

La journée avait été longue et la nuit courte. Marius dormait mal, Marius ne dormait pas. Entre les cauchemars et les insomnies, il était difficile de trouver un moment de paix, et malgré l’endurance du jeune homme, il arrivait au bout de ses réserves.
Après avoir enfin trouvé un logement, le géant avait décroché un travail. Un job de barman dans une brasserie proche de son domicile. Le matin et le midi, il servait de jolis cafés et des petits plats maison aux clients du quartier, des habitués. Et pourtant, certaines choses sonnaient faux. Ces clients, il les croisait souvent. Trop souvent. Même quand il ne travaillait pas. La sensation d'être surveillé le prenait au tripes. Ca lui rappelait… avant. Lorsqu’il était à l'hôpital, lorsqu’il était en quarantaine, et que certains infirmiers ne le lâchait pas des yeux. Et puis encore plus avant, lorsqu’ils avaient cherché le bon moment pour l’enlever, l’assommer, l’enfermer et le torturer.
Paranoïa ? Surement. Sur Leann, il se posait déjà trop de questions: pourquoi lui voler sa magie ? Y avait-il des raisons de s'inquiéter ? Avait-on peur de lui ? Était- il un danger ? Avait-il vraiment le droit d’aller sur l’île principale ? Était-il prisonnier ? Est ce que ces gens voulaient vraiment son bien ?

A l'hôpital, il avait travaillé son image. Il savait qu’on avait fouillé sa tête, et qu'ils connaissaient tout de lui. Il voyait déjà le tableau: un sang-pur imbu de lui-même, faisant parti d'un cercle d'extrémistes violents. Ce n'était pas la première impression qu'il voulait laisser.
La présence d’Isalys l’avait aidé à se calmer. Elle semblait si.. Innocente et inoffensive. Il n’avait pas à se méfier d'elle. Il pouvait la protéger. Il devait la protéger. Être fort pour quelqu’un l’aidait à être fort pour lui-même.

Son arrivée sur l’île principale lui avait apporté suffisamment de changement et d'adrénaline pour qu’il se concentre sur autre chose que ses sombres souvenirs. Deux déménagements, des rencontres, un changement de vie… Tellement à penser et à découvrir que son cerveau ne pensait à ses démons que lorsqu’il se retrouvait seul le soir, dans son lit, à essayer de dormir.
Mais voilà, avec le quotidien qui s'installait doucement, cette sensation d'étouffer revenait.

Marius avait le défaut de ces hommes élevés à la dure: quand on va mal, on serre les dents et ça passe. Il ne fallait pas embêter les autres avec ses affaires.. Et les rares fois où il avait essayé, on ne l’avait pas vraiment compris, alors à quoi bon ? On le prendrait pour un fou, à se méfier de ses clients et de certains passants, choisis au hasard dans la foule. Il l'était d'ailleurs.
Marius était fatigué, frustré, angoissé et triste. Triste de se voir disparaître, tué à petit feu par ses craintes, sans savoir comment les faire taire.
Quand il se sentait perdre pieds, quand la peur et la frustration prenait le contrôle, il ne savait qu'exploser. Une explosion silencieuse, inattendue, spectaculaire. Un puissant coup de poing, lancé sans prévenir, explosant le miroir le plus proche. Des chaises volantes, des murs martelés... Une fois ses mains en sang, la douleur remplaçait l'angoisse. Et ça c'était quelque chose qu'il pouvait gérer.
Heureusement pour lui et son entourage, Marius avait vite appris à sentir venir ces "crises". Son pire cauchemar était de s’en prendre à quelqu'un. Il savait qu'il ne se contrôlerait pas et pourrait faire mal. Alors lorsque la frustration montait, il transplanait au plus profond d'une foret au nord de l'île, où il n’avait encore jamais vu personne. Et c'est là bas qu'il explosait.

C’était un de ces jours. Des gens l'avaient observé d’une drôle de manière lors du service du midi et cela avait suffit à lui faire perdre ses moyens. A cause du stress, il s'était ensuite ébouillanté en faisant tomber une tasse de thé. “Incapable. Faible. Fillette", la voix de son père sonnait à ses oreilles, répétant la litanie habituelle qui avait bercée sa vie.
Prétextant une pause cigarette à son patron, le géant avait disparu dans l'arrière cour.

Seul dans la forêt opulente et calme, il pouvait crier. Il brisait de vieilles branches moussues. Il fouettait les buissons. Il secouait les jeunes arbres encore souples en s’époumonant. Pas de mots non, juste les cris de souffrance d’une bête blessée. Et si tout se passait bien, il finirait en boule, la tête contre un tronc frais, cachant ses larmes à la canopée.

Mais pas cette fois, non pas cette fois. Alors qu’il s’approchait furieusement d’un arbre, il entendit un bruit dans son dos qui le fit sursauter. Un bruit humain, un bruit de pas. D’un coup, son expression changea du tout au tout, la peur et la honte l'envahissant. Quelqu’un avait-il vu ? Il hésitait à fuir mais où.. Ce n'était peut-être qu'un énième tour joué par son esprit. L'émotion fit trembler sa voix lorsqu'il appela.

“Il y a quelqu’un ? J.. Je suis désolé. N’ayez pas peur, je… Je suis désolé, je vous ferai pas de mal” promit-il, levant ses mains en signe de paix.
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@ Fay de Beaumenoir

Fay de Beaumenoir
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Dim 8 Jan - 11:29

Un arbre tombe

Fay & Marius




I could not drink it, Sweet,
Till you had tasted first,
Though cooler than the Water was
The Thoughtfulness of Thirst. 
+ E. Dickinson



Dire que les abeilles parlaient à Fay serait certainement une exagération, mais elle se plaisait à penser que son oreille attentive attirait certains animaux à elle, avec une volonté de lui faire comprendre des choses. Elle était persuadée que tous les animaux pouvaient communiquer avec les humains si tant était que l’on cherchât à les comprendre, et Fay était toujours prête à entendre ce qu’ils avaient à dire. Alors, lorsqu’elle constata que l’une des ruches d’Isla était bien plus peuplée qu’à la même époque l’année dernière, elle commença à se poser des questions. Les abeilles semblaient se replier dans la ruche alors qu’elles devaient plutôt partir à la recherche de pollen, et plutôt que de partir du lac vers la forêt dont elles appréciaient particulièrement les arbres, elles se dirigeaient plutôt vers la montagne. Et même si Fay savait qu’il y avait quelques fleurs là-bas, notamment parce qu’elle en avait fait pousser beaucoup, elle savait également qu’il n’y en avait pas assez pour sustenter la ruche. Elle n’avait pas vraiment besoin de motivation supplémentaire, mais elle savait en plus que si la ruche venait à dépérir, Isla en serait particulièrement attristée, et c’était la dernière chose que Fay souhaitait.

Alors elle s’était rendue vers le lac des jours durant, observant ce que les arbres voulaient bien lui dire. Il y avait des impacts sur certains, des buissons dérangés voire arrachés, des arbustes pliés, et pendant un instant elle pensait à l’œuvre de sangliers très affamés. Cela serait bien la première fois qu’ils viendraient jusque ici dans de tels états d’énervement, mais l’augmentation de la population avait le don de déplacer les animaux et de les stresser, elle ne pouvait pas vraiment leur en vouloir. Pour autant, pendant ses heures d’observation, elle ne vit ni sanglier ni traces de leur passage, hormis la destruction de certaines parties de la forêt. Et ce furent finalement les botrucs qui donnèrent la clef du mystère à Ernest. Ils décrivirent un homme qui s’attaquait aux arbres, toujours sans un mot, et qui repartait sans demander son reste. Ca n’était clairement pas quelqu’un à la recherche de bois, mais plutôt d’un échappatoire, et d’une manière qu’il devait imaginer pacifique d’expier sa colère. Elle pouvait comprendre pourquoi il pensait peut-être de la sorte, mais la forêt grinçait de mécontentement, et elle savait qu’un jour ou l’autre, l’une des créatures qui y régnait l’arrêterait peut-être indéfiniment. Fay ne ressentait pas forcément plus de compassion pour les humains que pour les arbres, mais elle pensait que s’il venait à se rendre compte de ce qu’il faisait véritablement subir à la forêt, alors il arrêterait. Et il valait mieux une résolution pacifique à ce conflit plutôt qu’il ne se fît envoûter puis dévorer par une nymphe d’arbre.

Même si elle était consciente de sa présence occasionnelle dans la forêt, ce fut finalement par hasard qu’elle le rencontra. Elle fut orientée par des cris, la rage et le désespoir si profond qu’elle envisagea un instant de faire demi-tour, avant d’être rappelée à l’ordre par Ernest. C’était le moment de régler ce problème, avec un peu de chance pour toujours. Elle devait faire preuve de courage, même si la présence d’un homme violent la ramenait toujours à des souvenirs qu’elle n’appréciait pas revivre. Parcourant la forêt jusqu’à l’homme, elle rendit vie sur son passage à toutes les plantes dérangées par sa colère. La magie lui venait facilement lorsqu’il s’agissait de remettre en ordre la nature, et le sentiment d’avoir satisfait créatures, plantes et animaux était assez pour ignorer la fatigue qui la gagnait lorsqu’elle utilisait autant son don. Pieds nus dans la terre, elle était généralement assez silencieuse, mais pas assez pour cet homme gigantesque qui avait une aura furieuse qu’elle pouvait presque ressentir.

Il l’entendit, donc, et sa posture changea du tout au tout. Fay, jusque-là un peu hésitante, se laissa convaincre par les mots prononcés, et sortit de derrière l’arbre qui la camouflait. Elle laissa courir ses doigts sur le tronc doucement, s’arrêtant à quelques pas de l’homme. « Je te crois. » Lui dit-elle simplement, les yeux curieux posés sur le garçon. Elle ne savait pas expliquer sa taille, sauf à dire que malgré cette dernière, elle n’avait pas l’impression qu’il dominait qui ce soit. Au contraire, il lui semblait qu’il cherchait à se faire le plus petit possible. « Il y a un Botruc dans cet arbre. » Continua-t-elle en désignant l’arbre qui se tenait derrière l’homme, auquel il se serait attaqué si elle n’était pas arrivée à temps. « Ils n’aiment pas que l’on s’attaque aux arbres. » Elle fronça les sourcils, car Ernest était sorti de ses cheveux pour se glisser sur son épaule, agitant ses feuilles dans un geste qu’il voulait sûrement menaçant vers le géant. Ca la fit sourire, quoiqu’avec un peu d’hésitation, car les Botruc étaient bien plus dangereux que leur taille ne le laissait penser. « Tu fais peur aux arbres, tu sais ? » Demanda-t-elle finalement, les yeux toujours posés sur l’inconnu. Elle n’avait pas besoin de les regarder pour voir qu’ils semblaient vouloir se tordre loin de lui, leurs grincements résonnant dans la forêt. « Il faut que tu arrêtes, parce qu’un jour la forêt ne te rendra pas, tu comprends ? »
(c) DΛNDELION



To be a Flower, is profound Responsability

Bloom—is Result—to meet a Flower; And casually glance; Would scarcely cause one to suspect; The minor Circumstance; Assisting in the Bright Affair; So intricately done; Then offered as a Butterfly; To the Meridian — E. Dickinson | (c)flotsam.


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@ Marius Barabas

Marius Barabas
survivor
DATE D'INSCRIPTION : 24/12/2022
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Fays : 2233
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Mar 17 Jan - 0:43
Un arbre tombe
Fait-il du bruit ?


Il n’était pas fou, il y avait bien quelqu’un. Une femme blonde, à l’air réprobateur. Si le géant était troublé d’avoir été surpris dans un élan d’émotion, voilà qu’il était penaud, comme grondé par une mère inquiète.

“Un Botruc ?” Il fallu le temps que l’information arrive au cerveau. C’est l’impacte d’un projectile qui concrétisa le concept: un gland, lancé par un gardien mécontent. Comment cette femme avait elle su que cette créature était là? Et lui ! Comment savait-elle qu’il était ici ?
Trébuchant sur une racine, le géant s’inclina vers l’arbre, dans un geste d’excuse maladroit. Un autre gland lui frappa le haut du crâne. D’une main, il essayait de redresser les pauvres buissons dévastés. Un effort malheureusement inutile.

Ses mains lui faisaient mal, ses vêtements trop petits lui collaient à la peau à cause de la moiteur de l’air et de sa transpiration, il était taché de vert, griffé par les ronces et piqué par les orties: une bien maigre vengeance de la forêt mutilée. Ouvrant sa chemise pour sécher un peu, il entendait la femme continuer:
“Tu fais peur aux arbres, tu sais ?” Peur aux arbres, et puis quoi encore… Lui ôtait-on son seul moyen d’expression ? Une part de lui ne pouvait s'empêcher d'éprouver du remords: il ne voulait pas faire peur. Mais une autre partie, plus pragmatique, et plus urbaine, s’indignait que ses sentiments vaillent moins que ceux de vulgaires plantes.

S'éloignant de quelques pas du champ de bataille, à distance suffisante pour ne plus être touché par les glands toujours furieusement lancés par le Botruc, encore assez civil pour ne pas lui arracher les deux yeux. Plus proche de la jeune femme, il l’observait alors qu’elle lui parlait.

Blonde, proche de son âge, d’une grande beauté derrière ses expressions soucieuses. Pas soucieuses pour lui, non. Il remarqua un autre de ces lutins des bois sur l’épaule de l’inconnue. La forêt semblait l’entourer harmonieusement, un contraste foudroyant à son tableau personnel.
“Non, je ne savais pas… Je suis désolé… Vous êtes une dryade ?”

Ca expliquerait beaucoup de choses: pourquoi elle semblait prendre les arbres tant à cœur, comme s’ils parlaient. Il n’avait jamais vu de dryade de sa vie. Peut-être y en avait-il en Avalon, comme il peut y avoir des sirènes ailleurs… Mais tout de même, il doutait qu'elles mettent des vêtements de ville.

Puis vint la mise en garde. Un jour la forêt ne te rendra pas.
Était-ce une menace ou une mise en garde ? Devait il se défendre là tout de suite ? La jeune femme ne semblait pas hostile contrairement à ce lanceur de gland.
Et puis, ne le savait-il pas au fond ? A force de se perdre dans la nature, il serait tombé sur un ours ou quelque chose de pire. Cherchait-il un moyen de se défouler, de se sentir vivant ou cherchait-il quelque chose pour finir le travail commencé par Grindelwald ? Il ne pensait pas avoir touché le fond à ce point mais là tout de suite, il commençait à se poser la question.

“Je ne pensais pas faire de mal à quelqu'un. C’est justement ce que je veux éviter en venant ici…”
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@ Fay de Beaumenoir

Fay de Beaumenoir
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Jeu 19 Jan - 15:53

Un arbre tombe

Fay & Marius




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+ E. Dickinson



Il était maladroitement en train d’essayer de redresser des buissons meurtris, comme pour effacer ce qu’il venait de faire. Le Botruc de l’arbre auquel il avait failli s’attaquer lui lançait ses glands, sûrement plus pour lui faire remarquer sa présence et son mécontentement que par menace. Les petites créatures étaient en réalité bien plus dangereuses que l’on pouvait penser, et Fay savait qu’elle aurait dû mal à arrêter la brindille si elle décidait de venger les autres arbres de la forêt. Le grand garçon avait l’air penaud mais ça n’était pas nécessairement suffisant pour persuader la de Beaumenoir qu’il méritait d’être sauvé. Il avait massacré quelques arbustes depuis qu’il était arrivé sur Avalon, car à le voir ainsi, Fay était plutôt convaincue qu’il était réfugié sur l’île. Les buissons restaient misérables malgré sa tentative de les redresser, et Fay grimaça légèrement en les regardant. Elle les remettrait en forme, bien sûr, même si elle pouvait imaginer dès à présent le regard désapprobateur d’Andrea lorsqu’elle apprendrait qu’elle utilisait autant sa magie en si peu de temps. Fay gardait toujours son jardin d’aplomb grâce à sa magie, ce qui gardait toujours sa santé sur le fil. Ces instances imprévues lui donneraient sûrement une migraine, mais elle avait dû mal à s’en empêcher. Il lui semblait entendre les plantes appeler au secours, et elle ne les refuserait pas.

L’homme s’approchait, attirant son œil à nouveau. Elle n’avait pas peur de lui, et elle en profita pour l’observer également. Ses vêtements étaient tachés et il semblait avoir la peau griffée par les ronces à quelques endroits, si bien qu’elle eût presque un peu pitié de lui. Même superficiellement, la forêt lui rendait malgré tout la monnaie de sa pièce. Ca la fit sourire, mais pas cruellement. Il lui demandait si elle n’était pas une dryade, et elle laissa éclater un rire, secouant la tête doucement. « Non, et je ne te souhaite pas d’en rencontrer. » Elle ne doutait pas qu’une telle créature aurait gardé le garçon dans la forêt depuis longtemps. Par chance pour le destructeur d’arbuste, les dryades étaient rares et surtout de plus en plus timides face à l’expansion de la population. Elle contourna le jeune homme pour se diriger vers l’arbre abritant le Botruc, et les buissons attaqués. Elle ne le regardait pas mais Ernest avait son attention toujours fixée sur lui. Fay ne le pensait pas menaçant, pas plus qu’il n’était dangereux, hormis pour la forêt. Evidemment, cela signifiait que sa petite créature faite de brindilles et de feuilles ne lui ferait pas confiance.

Le grand garçon essayait de justifier ses actions, et Fay se tourna vers lui à nouveau. Ses mains venaient caresser les tiges cassées et les feuilles maltraitées des buissons, apportant un peu de réconfort à la plante. Elle fixa le jeune homme d’un regard peu convaincu, les sourcils froncés. « C’est parce que tu ne considères pas que les plantes ont autant de vie qu’un être humain. » Lui fit-elle remarquer avec un haussement d’épaules. Fay ne croyait pas que le garçon pensait à mal, simplement qu’il manquait un peu d’éducation. « Mais tu oublies qu’elles étaient là avant toi, et qu’elles seront toujours là après ta mort. » Elle détourna son attention de lui, baissant les yeux vers les buissons qui attendaient toujours son intervention. Elle laissa sa magie pulser jusqu’à ses phalanges, et la totalité des plantes abîmées se revitalisèrent sous ses yeux. Elle ne cessa que lorsque les arbustes respiraient à nouveau la vie, et elle lâcha échapper un souffle, s’adossant à l’arbre habité. « Si tu écoutes vraiment la forêt, alors tu sauras qu’elle ressent autant de choses qu’un humain. Ca n’est pas parce qu’elle ne peut pas parler qu’elle ne communique pas. » Elle fixa le garçon d’un air appuyé, un peu curieux. « Je peux t’apprendre, si tu veux. » Lui dit-elle doucement, avant de continuer, les sourcils un peu froncés. « Venir ici ne réglera pas tes problèmes. Sauf si la solution que tu cherches est permanente. » Le sous-entendu était clair, même si cela ne signifiait pas que Fay serait l’instigatrice de cette fin prématurée pour le jeune homme. La forêt s’en chargerait bien toute seule ; elle savait se défendre, après tout, même si elle préférait éviter de le faire.
(c) DΛNDELION



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@ Marius Barabas

Marius Barabas
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DATE D'INSCRIPTION : 24/12/2022
HIBOUX : 78
Fays : 2233
#
Dim 22 Jan - 17:17
Un arbre tombe
Fait-il du bruit ?


Non, pas une dryade. Juste une hippie.
Marius avait fait un effort intellectuel pour ne pas ajouter à cette conclusion un adjectif péjoratif.

“Je ne m’y connais pas en plante non…” et je doute de la complexité de leurs sentiments, pensait-il. En revanche, il ne doutait pas du tout de la colère de certaines créatures et ses cours de lycée remontaient du tréfonds de sa mémoire… Colériques, agressifs, arracheurs d’yeux… Les Botrucs n’étaient pas des rigolards: si cette femme n’était pas arrivée à temps, il n’aurait pas donné cher de sa peau. Le botruc qui lui lançait des glands n’était certainement pas seul dans cette forêt, et son armée était bien dissimulée. Malgré les différents philosophiques qu'il avait avec la baba, le géant lui devait la vie.

Il l’observa, sans bouger, alors que la forêt se reconstituait autour de lui, animée et soignée par la sorcière. Un pouvoir dont il n’avait jamais entendu parlé. Un pouvoir certainement puissant, qui intéresserait beaucoup de monde. Ses premières pensées étaient bien sûr l’application qu’on pouvait en faire lors de duels ou de champs de batailles. Pouvoir utiliser le terrain et le transformer tout entier en arme. Une idée qui séduirait Dragomir Barabas. Mais ce n’était pas ce que la femme proposait d’enseigner.

“Je doute faire un très bon élève… Je suis un peu con” fit il avec un sourire un peu jaune.
Ressentir les émotions des plantes ne l’aiderait certainement pas à régler ses soucis. Les comprendre l'empêcherait juste de continuer son rituel de violence. Mais la femme insistait pour qu’il comprenne que ce rituel devait cesser s'il ne voulait pas mourir.
Alors que faire ?
Le géant sentit la boule dans sa gorge se former et grossir de plus en plus. La colère et la frustration laissèrent bien vite place au désespoir. Chancelant, il se laissa tomber sur le sol moussu, fesses les premières.
Sa gorge se serrant, il avait l’impression de manquer d’air. Prenant de longues inspirations, il ferma les yeux, essayant de dompter la vague de sensations fantomes qui l’envahissait. Il aurait aimé pouvoir être actif face à cet ennemi invisible, mais il ne semblait pas y avoir de solution. Il ne pouvait que subir.
Entre deux respirations, il hoqueta.

“Je ne sais plus quoi faire… Je suis cassé.”
C'était l’impression qu’il avait oui.
Où était passé le jeune homme charmant, rieur, dragueur et écervelé ? Il n’y avait plus qu’une bête blessée et stressée.
“Je… J’ai peur qu’il y ait pas de solution. Je deviens f-”
Il avait relevé les yeux, ayant besoin dans cet instant d’un regard compatissant mais s’interrompit en voyant la jeune femme adossé, visiblement affaiblie par sa démonstration de magie.
Se redressant d'une main, tendant l'autre vers elle, il était près a bondir pour la rattraper, craignant qu’elle ne se sente mal.
“Vous allez bien ? Vous avez besoin d’aide ?”
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@ Fay de Beaumenoir

Fay de Beaumenoir
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DATE D'INSCRIPTION : 06/08/2022
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Ven 27 Jan - 11:05

Un arbre tombe

Fay & Marius




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+ E. Dickinson



Malgré l’affirmation remplie d’auto-dérision, Fay doutait de sa véracité. Peut-être le garçon n’était pas scolaire, mais ce que proposait la de Beaumenoir n’avait rien à voir avec un enseignement technique. Elle-même avait probablement été considérée comme idiote par ses pairs, car l’école ne l’avait pas intéressée, sauf la botanique. Les sorts de magie qu’elle lançait étaient rarement des sorts appris en classe, et elle n’était pas vaine au point de se dire qu’elle avait inventé les siens, mais le peu de magie qu’elle pratiquait était finalement plutôt de l’improvisation. La phytokinésie était tout autre chose, bien sûr, et elle n’avait pas raté le regard du géant lorsqu’elle avait revitalisé les plantes. Elle n’était pas surprise, ce type de magie n’était pas fréquent en dehors d’Avalon, de ce qu’elle avait pu comprendre, et encore moins en Europe. Elle ne lui répondit rien, reprenant lentement ses esprits contre l’arbre. Oh, même si elle voulait partir et retourner à la tranquillité de son jardin, elle savait qu’elle ne pourrait pas marcher aussi longtemps sans s’être reposée un peu auparavant. Et transplaner était hors de question lorsque sa magie était aussi fatiguée. Cela tombait bien, puisqu’il lui semblait que le grand garçon avait besoin d’un peu de compagnie, même s’il ne l’admettrait probablement pas lui-même.

La composition du garçon changea si rapidement que Fay ne put que le regarder avec incompréhension pendant quelques instants, avant de réaliser ce qu’il se passait. Il se laissait tomber au sol, et elle le regardait avec un certain degré de compassion, un léger sourire se dessinant sur son visage. Elle n’était pas étrangère à ces moments de désespoir, même s’ils étaient de plus en plus rares aujourd’hui. C’était sûrement cela qu’il essayait de chasser en s’en prenant physiquement aux arbres, mais elle espérait qu’il se rendrait compte de lui-même que sa solution n’en était pas une, et qu’à moins de travailler sur ce qui le mettait dans cet état, il ne s’en sortirait jamais. Et lorsqu’il reprit la parole, elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils, fondamentalement en désaccord avec ce qu’il exprimait. Elle n’eut pas le temps de lui en faire part qu’il relevait déjà les yeux vers elle, prenant conscience de sa fatigue, et tendait la main comme pour la rattraper. Elle sourit à nouveau, hésitant une seconde avant de faire un pas pour prendre sa main. Son arbre la retenait suffisamment mais elle se remettrait plus vite en étant au sol, certainement. Elle usa de la poigne qu’elle avait sur la main du garçon pour s’asseoir à côté de lui, laissant échapper un soupir – et relâchant les doigts du géant – lorsqu’elle fut au sol.

Ernest ne semblait pas apprécier cette soudaine proximité, s’agitant un peu sur son épaule, mais il resta en place malgré tout, semblant prêt à la défendre. La pensée la fit sourire. Elle plaça son regard sur l’ennemi des plantes, l’observant quelques secondes en silence avant d’enfin réfuter ce qu’il avait dit quelques instants plus tôt. « Tu n’es pas cassé, tu t’es simplement perdu en chemin. » Elle avait beau ne pas le connaître, de le voir s’inquiéter pour elle malgré son propre état en disant long sur son caractère. Elle avait envie de lui faire confiance. « Il y a d’autres façons de combattre ce que tu ressens que de t’en prendre à des êtres innocents. Tu as juste à trouver ce qui fonctionne pour toi. » Elle lui sourit, croisant ses jambes pour s’asseoir en tailleur, appuyée sur ses mains placées derrière son dos. Elle se serait bien adossée à l’arbre pour soutenir son torse, mais il était un peu trop loin, et cette proximité avec le géant ne lui déplaisait pas. « Quand je ne me sens pas bien, j’écris de la poésie. Ca me permet d’extérioriser ces pensées noires. » Elle haussa les épaules doucement, tout du moins autant qu’elle le pût dans sa position. « Et si ça ne suffit pas, il reste toujours les orgasmes. » Lui dit-elle candidement, la solution évidente à ses yeux. « Je m’appelle Fay. » Offrit-elle après quelques instants, décidant que s’ils étaient là pour rester, il méritait au moins de savoir à qui il s’adressait.
(c) DΛNDELION



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@ Marius Barabas

Marius Barabas
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DATE D'INSCRIPTION : 24/12/2022
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#
Mar 14 Fév - 14:27
Un arbre tombe
Fait-il du bruit ?
La femme ne pesait pas grand chose. Il sentait bien qu’elle s’appuyait sur sa main mais cela ne lui coûtait aucun effort. Une fois assise à côté de lui, sa grande masse ne faisait que mettre en lumière le physique gracile de l’inconnue.
Un geste trop brusque dans sa direction lui vaudrait certainement de mourir dans d'atroces souffrances, au vu des éclairs que lançait les yeux de la brindille sur son épaule. C'était bien la première fois qu’il voyait un botruc vivant d’aussi près et s’il n’avait pas été aussi submergé par ses sentiments, il aurait sûrement eu la curiosité d’observer la bête. Mais il se contenta d’un regard avant de se concentrer sur le sol moussu. Il restait des empreintes de pas là où il avait marché, qui se remplissaient lentement d’eau là où la mousse avait été trop tassée. Le sol sous leur fesse était tout aussi humide, imbibé chaque matin par les brumes d’Avalon.
Une légère brise fraîche caressait doucement ses cheveux alors que la voix de Fay essayait de l'apaiser, comme si son environnement accompagnait la douceur de ses paroles. Le géant sentait bien que le discours n’était plus le même que tout à l’heure. Des reproches, on était passé aux conseils. Et Marius essayait de les entendre, même si ça demandait de mettre son égo de côté.

“J’aime faire la cuisine… Mais ça ne permet pas trop d'extérioriser…”partagea t’il
S’il se mettait à y mettre ses frustrations et sa colère, des gens mourraient sûrement d’indigestion. Voir d’empoisonnement. Il n’avait jamais fait de poésie. Il en avait lu, surtout pour plaire aux filles, mais n’avait jamais pensé à en écrire. Il n’avait jamais eu beaucoup de place pour l’expression à vrai dire. Et on ne l’avait jamais encouragé autrement qu’à déchainer sa colère. A moins que…

”Je fais du piano aussi…”
Il n’en avait pas fait depuis longtemps. Depuis son entrée à Durmstrang. Mais il se rappelait qu’il aimait ça, faire des petits récitals devant les invités de son père, les cours donnés par sa mère... Il n’avait pas de piano ici, mais peut-être qu’il pourrait en trouver un.

Il se mordit la lèvre à la mention des orgasmes pour retenir un fou rire nerveux. C’était ça ou fondre en larmes.

”Oui, les orgasmes ça fonctionnait bien…. J’imagine que ce n’est pas une proposition ?” blagua t’il avant d’enchainer bien vite, sentant le regard noir du botruc. ”Je m’appelle Marius, je suis arrivé au début du mois. Tu es une réfugiée aussi ? Ou tu es une de ces héritiers qui font de la magie de Merlin ?”

A controler la nature ainsi, on pouvait se poser la question. Et cette interrogation permettait de se détourner un peu du sujet le plus dur qu’il avait à vivre en ce moment: la disparition de son amante.
Il ne pouvait pas dire qu’il avait eu le temps d’en tomber amoureux, mais il s’était si désespérément attaché à elle que sa disparition, et celle de son ami Zach, avait détruit toutes les fondations qui lui restait. Avoir l’impression que personne ne semblait vraiment les chercher le rendait malade.
C’était sûrement ça, qui avait tout déclenché, et qu’il se retrouvait maintenant à détruire les plantes d’Avalon. C’etait peut etre sûr ça qu’il devait travailler, ce que conseillait Fay: retrouver ses amis et s’assurer qu’ils allaient bien. Cette prise de conscience s’accompagna de quelques chants d’oiseaux, revenus maintenant que la forêt retrouvait un peu de calme et de sérénité.
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Mar 21 Fév - 15:03

Un arbre tombe

Fay & Marius




I could not drink it, Sweet,
Till you had tasted first,
Though cooler than the Water was
The Thoughtfulness of Thirst. 
+ E. Dickinson



Le géant semblait un peu plus enclin à la discussion qu’elle ne l’aurait imaginé initialement. Il y avait clairement plusieurs couches à son caractère, et le considérer comme un grand dadais serait le sous-estimer. Fay n’avait pas l’habitude de juger les individus qu’elle rencontrait, préférant plutôt chercher à les comprendre, et à défaut, les accepter. Il lui était difficile de comprendre que quelqu’un pût s’exprimer primairement par la violence et de façon plus accessoire par d’autres moyens, et elle était heureuse d’apprendre que le grand garçon avait quand même plus de profondeur que la première impression qu’elle avait eu de lui. Il n’était pas une cause perdue – pas qu’elle pensât vraiment qu’une telle chose existât – et elle espérait pouvoir l’aider à trouver une solution à son problème d’anxiété, tant parce qu’elle n’aimait pas l’idée de laisser quelqu’un dans le besoin, et que la forêt avait clairement besoin de son intervention avant qu’elle ne décidât de s’en prendre au géant. Fay hocha la tête aux informations qu’il partageait sans trop d’hésitation, se demandant effectivement comment il pourrait se servir de ses passions pour expier ses pensées. « Tu ressens quelque chose quand tu joues de la musique ? » Lui demanda-t-elle curieusement, se souvenant qu’un jour quelqu’un lui avait dit qu’il entendait la beauté de la musique mais qu’il ne ressentait rien en jouant. Elle ne savait pas s’il s’agissait d’une bonne catharsis. Peut-être s’il écrivait de la musique.

Elle sourit à sa boutade, secouant doucement la tête même s’il avait déjà deviné la réponse. Ernest s’indigna, presque autant que lorsqu’Andrea l’avait embrassée pour la première fois, et elle se demanda si c’était parce qu’il n’aimait pas le géant ou s’il avait commencé à s’attacher à sa cousine. Sûrement la première explication. Elle ne s’attarda pas à penser à sa cousine, qui la ramenait maintenant à Isla et à la terrible conversation qu’elles avaient eue. Crispant légèrement ses poings elle se concentra plutôt sur Marius, dont elle connaissait maintenant le prénom, et elle lui sourit. « Aucun des deux. » Commença-t-elle en riant un peu. « Je suis une avalante. Ma famille est sur l’île depuis sa création, ou presque. » S’asseyant avec le dos un peu plus droit, elle laissa ses doigts courir sur la mousse humide sur laquelle ils étaient assis. Elle sentait déjà l’humidité passer à travers la toile de sa tunique mais elle ne s’en formalisait pas. L’air était agréable, et elle se dit un instant qu’elle aurait pu s’endormir au milieu des feuilles. « Cette magie n’est pas héréditaire, elle s’apprend. » Lui dit-elle alors, relevant les yeux vers lui. « J’allais l’enseigner à un réfugié, Zach, mais ... » Elle se tut, pensive et soudainement un peu sombre. « Il a disparu il y a quelques jours. »

Elle ne connaissait pas les circonstances de sa disparition, elle qui était restée bien loin de la place abritant le QG des Gardiens lorsque la réfugiée était arrivée, mais elle avait bien remarqué que son ami ne s’était pas présenté à leur rendez-vous, et qu’il n’était plus dans sa boutique. Son absence l’inquiétait, évidemment. « Je crois que c’est la première fois que des gens disparaissent ainsi. » Elle ne regardait pas Marius, s’adressant plutôt à la mousse devant elle. Elle avait confiance en les avalantes mais elle ne comprenait pas comment quelqu’un pouvait disparaître d’un jour à l’autre sans laisser une trace, surtout pas sur une île comme Avalon. « J’espère qu’il va bien. » Dit-elle finalement, relevant les yeux vers le géant comme si elle se souvenait de sa présence. « Excuse-moi, je sais que tu as tes propres problèmes. »
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Dim 25 Juin - 18:25
Un arbre tombe
Fait-il du bruit ?


Cela faisait bien longtemps que Marius n’avait pas joué. Ou danser. Ou chanter. Les raisons avaient été peu nombreuses, et la compagnie austère.

“Les gens étaient contents quand je jouais. Ça me suffisait.”


La vie était plus simple à cette époque là. Il n’avait que son père à craindre et sa mère à aimer. Il aimait faire plaisir, c'était peut être ça, la vérité. C'était aussi pour ça qu’il aimait la cuisine, et organiser des fêtes. Et aujourd’hui, il n’avait plus personne à rendre heureux à part lui même.

Le géant écoutait la presque-nymphe à ses côtés, risquant des coups d'œil discrets dans sa direction. Il avait bien remarqué l'hostilité fluctuante de la brindille sur son épaule mais avait été rassuré de la voir elle devenir plus douce. Le jugement dans sa voix avait en grande partie disparu et elle répondait maintenant avec douceur, se détendant elle aussi à ses côtés. Il remarqua aussi ses poings se serrer, la tension dans l’air monter à nouveau, mais seulement quelques instants. Pourquoi donc ? Sa blague avait paru faire mouche dans le bon sens pourtant… Avait elle eu des peines de coeur ? Il avait peut-être été maladroit, sans le savoir. Et la brindille cherchait à défendre le cœur de son amie.
S’ils avaient été plus proches, le géant aurait pris ces mains et les aurait serrées dans les siennes. Il aurait peut-être même lancé un sort d'apaisement, et de chaleur. Mais il n’osa pas. Il ne voulait pas que ça soit mal interprété, comme sa mauvaise blague.

Le nom de Zac le sortir de ses réflexions. “Tu connaissais Zac ? C’est lui qui m’a fait découvrir l’île.”
Le souvenir des autorités lui disant qu’ils ne pourraient rien faire pour son ami lui revint en mémoire.
“Personne ici ne fait rien. Et personne ne sait rien. Je me demande bien à quoi servent tous ces gardes…”
Il allait machinalement arracher la mousse sous ses doigts mais se retînt au dernier moment, se contentant de la tapoter un peu fortement. L’eau qu’elle contenait lui rafraîchit le bout des doigts.
“J’espère qu’ils vont bien tous. Que c’est juste une mauvaise blague d’un esprit quelconque de l’île qui les a endormi comme des petites princesses.”
Il regarda Fay et en l’entendant s’excuser ainsi, osa enfin faire un geste vers elle: il posa sa grosse main sur la sienne quelques secondes.
“On a les mêmes problèmes. J’ai perdu deux amis. Et toute ma vie avant ça mais… Avec eux ça aurait été moins difficile. Je suis désolé que tu l'ai perdu aussi. Tu devais etre proche de lui, depuis longtemps..”


Proches, c'est dire: elle en était à lui apprendre sa magie. Elle devait sans doute être effondrée, elle aussi.

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Jeu 6 Juil - 22:01

Un arbre tombe

Fay & Marius




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Il lui semblait avoir sous-estimé Marius. La réponse qu’il donna la surprit, et elle lui jeta un œil intéressé, et un sourire sincère. Elle se demandait comment quelqu’un qui se satisfaisait de faire plaisir aux autres pouvait choisir de s’en prendre à la nature pour calmer ses colères. Elle comprenait son raisonnement, bien sûr, puisqu’il était plus sensé pour beaucoup de s’en prendre à quelque chose qui ne pouvait répliquer et dont la douleur ne serait pas visible, plutôt qu’à un humain ou un animal. Pourtant, le grand garçon avait l’âme d’un gentil et elle espérait pouvoir l’aider à canaliser ses émotions avant qu’il ne tombât sur une nymphe, ou pire, un Ent. Il ne méritait pas de mourir écartelé par des branches, certainement, même si la forêt n’était sûrement pas d’accord avec elle. Il était simplement un peu perdu, un peu confus, et étant donné que son arrivée ici ne s’était sûrement pas faite avec des roses et des papillons, c’était presque compréhensible que le jeune homme se trouvât totalement déséquilibré.

Et cela ne risquait pas de s’arranger, pensait-elle, car Marius connaissait également Zach, et pire, il était l’un de ses premiers contacts sur l’île. Elle n’interrompit pas le garçon, écoutant avec attention alors qu’il lui révélait ce dont elle se doutait déjà : personne ne parvenait à le retrouver. Sur une île où tout se savait, où quelqu’un notamment avait fait son métier de tout savoir, elle trouvait cela surprenant. Elle capta le geste de Marius du coin de l’œil et ne put s’empêcher de sourire en le voyant tapoter la mousse plutôt que de l’arracher, et ce petit détail la conforta dans l’idée que le garçon n’était pas un mauvais bougre. Ernest semblait rejoindre son opinion, observant le grand monsieur avec curiosité. La main de Marius vint se poser sur la sienne, et même si le contact ne dura que quelques secondes au plus, il tira un sourire à l’herboriste. Prenant le geste pour une autorisation, elle vint serrer l’avant-bras du jeune homme d’une main délicate, comme pour le rassurer. « Tout se sait, ici. Et que rien ne sorte, ça m’inquiète. » Elle préférait être honnête avec lui, même si la pensée la blessait profondément. Fay n’aimait pas se voiler la face, préférait se préparer au pire pour ne pas être surprise. Elle avait l’habitude d’embrasser toutes ses émotions, même les plus sombres.

Retirant sa main, elle laissa échapper un petit soupir. Elle observa la forêt autour d’eux un instant, les arbres se muant doucement sous une faible brise. « J’espère aussi que ce n’est qu’une mauvaise blague, qu’il a été emporté par erreur, ou .... » Elle se mordit la lèvre, hésitante. « Il n’en parlait pas, mais je sais que les circonstances de son arrivée étaient … difficiles. Depuis quelques mois, tout le monde est de plus en plus à bout. Il était surveillé. » Expliqua-t-elle d’une voix basse, comme si l’on pouvait les entendre. Tout se savait, pensa-t-elle à nouveau, mais elle n’était guère effrayée par les espions de l’île. Elle était persuadée qu’ils avaient la survie d’Avalon à cœur, la Spymaster la première, et espérait seulement qu’ils n’en arriveraient pas à des extrémités impardonnables. « Nous nous étions rencontrés dehors. » Dit-elle finalement, un sourire aux lèvres alors qu’elle préférait rediriger la conversation sur quelque chose de plus joyeux. « Je n’avais jamais vu autant de tatouages sur quelqu’un ! » Continua-t-elle en riant, jetant un regard un peu mélancolique sur son propre tatouage, ornant son avant-bras. Elle le caressa d’un doigt, laissant échapper un bruit pensif. « Je n’aurais jamais sauté le pas, si ça n’était pas pour lui. » Ajouta-t-elle à voix basse, le ton un peu triste mais un sourire persistant sur les lèvres. Secouant légèrement la tête, elle releva les yeux vers Marius. « Je crois que je veux être ton amie. » Lui dit-elle candidement, enfantine, avant qu’un sourire amusé ne s’étirât sur ses lèvres. « Et je crois que tu as besoin de moi aussi. Ne serait-ce que parce que je sais quels arbres peuvent te tuer, ici. » Les mots étaient taquins, alors qu’elle posait sa main sur l’épaule du grand garçon, serrant doucement le muscle sous ses doigts. « Notre première mission sera de te trouver quelque chose qui t’épanouit, bien sûr. »
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Mer 26 Juil - 23:06
Un arbre tombe
Fait-il du bruit ?
La main de la jeune femme était aussi fraîche que la rosée de la foret sur son bras. Avait-elle froid ?

C’était fou comme le géant s’inquiétait vite des autres. Il n’avait pas eu beaucoup de gens autour de lui, ou bien des gens durs qu’il n’aimait pas vraiment. Mais il aimait sa mère, et il s’était occupé d’elle autant qu’elle de lui. Il n’avait pas pu la sauver de son triste destin mais il avait essayé de rendre sa vie plus douce quand il était là. Et c’est comme ça qu’il traitait tous ceux qu’il aimait bien. Trop vite, il se souciait d’eux et cherchait à les sauver du moindre inconfort. Le syndrome de l’infirmière peut être. On a plus de valeur quand on aide quelqu’un. La présence d’un sauveur auprès de quelqu’un est justifiée. Ou bien était-ce parce qu’il voulait être pour les autres ce qu’il avait espéré toute sa vie ?
Sa psy aurait surement été fière de lui si il avait eu toutes ces réflexions profondes sur lui même, la vie et son rapport aux autres. Mais le grand gaillard n’allait pas vraiment plus loin que “je veux que les gens soient contents” et n’irait peut-être jamais plus loin que cela.
Utilisant un peu de son chaos, il laissa la chaleur de son corps réchauffer doucement la main de celle qui maintenant disait tout haut ce qu’il savait vrai, et qu’il aurait préféré être faux:
Tout se savait ici. Et on mentait donc à Marius lorsqu’on lui disait que son ami et celle qu’il “sauvait” avaient disparu. Isalys. Des semaines en huis clos dans sa chambre, à la tenir dans ses bras lorsqu’elle faisait des cauchemars, à se rassurer mutuellement malgré leurs traumatismes. Des semaines qui avait petit à petit ramolli le cœur du roumain, cuit à point et près à fondre. Et aujourd’hui il ne pouvait plus en sauver aucun.

”Surveillé, tu dis ? C’est possible ?” Il sentait l'angoisse remonter dans sa gorge. Mais cette fois, on ne le prendrait pas pour un fou s' il en parlait. ”Je.. Je crois que je suis surveillé aussi. C’est ça.. C’est ça qui me rend dingue, j’arrive pas à savoir si c’est mon imagination ou si c’est vrai”
Il avait lui aussi parlé à voix basse, suivant la discrétion de Fay. Avait elle peur elle aussi ? Qu’on l'enlève et qu’on la torture pour la faire parler ? Non, ça c’est toi Marius. C’est ta peur à toi et tout le monde espère qu’elle n’ait aucune raison d’avoir la même.
La chaleur augmentait le long de son bras, pour la réchauffer elle ou se bercer lui. Un petit sort de cet acabit ne le fatiguait pas vraiment, même en puisant sur ses forces à lui. Il sourit à la mention du dehors, et des tatouages de Zach qu’il avait trouvé magnifique. Surtout comparé aux quelques gribouillis qu’il avait lui-même fait faire lors de quelques fêtes à l’ambiance discutable. Le passé, lointain et récent, passait comme des images derrière ses paupières fermées. Il avait pour seul ancrage la main fraîche de Fay et ses mots. Ses mots clairs et doux, rassurants et francs. Des vrais mots, plus importants que tout le reste, qui auraient recouvert n’importe quel son, même celui des bombes et des cris de la foule, même celui des larmes et des sortilèges. Une amie.

”J’aimerai beaucoup ça. Vraiment beaucoup.” Sa gorge se serra douloureusement et l’émotion fît trembler sa voix sur ces derniers mots. Pas d’angoisse ni de peur, non… C’était le soulagement de ne plus être seul. Il en aurait pleuré, à grosses gouttes, comme un gamin fatigué qui n’avait plus la place de resentir quelque chose d’aussi grand.
Il posa sa tête sur l’épaule de Fay, dépourvue de brindille. et senti une des larmes qu’il retenait couler sur son haut.

”Je ferai plus mal aux arbres, c’est promis”

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Fay de Beaumenoir
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Sam 29 Juil - 22:10

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Fay & Marius




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Elle fut agréablement surprise de sentir la peau de Marius se réchauffer, l’odeur du Chaos pénétrant l’air et lui tirant un frisson incontrôlable. En quelques secondes, le grand garçon devenait l’équivalent d’une fournaise, et Fay eut l’envie presque irrépressible de se blottir contre lui. Il était vrai que la fraîcheur de la forêt était peut-être un peu trop pour elle, mais elle le blâmait surtout sur la fatigue. Son utilisation du Chaos n’avait certes pas été extraordinaire, mais elle lui coûtait toujours. La réflexion de Marius attira rapidement son attention, et elle était tristement peu surprise que le géant fût aussi victime des yeux et oreilles des Aes Sedai. Ca ne la surprenait pas. La situation sur Avalon lui paraissait de plus en plus tendue, du peu qu’elle en tirait des réunions interminables sur les stocks de nourriture, et rien n’était plus évident que d’imaginer que les espions de l’île prêtaient de plus en plus attention à qui rentrait sur Avalon. Elle doutait que Marius fût réellement méritant de telles attentions, mais elle imaginait bien que les Aes Sedai n'avaient pas de temps à perdre sur des cibles sans intérêt. S’il se disait surveillé, c’était qu’il l’était, sans aucun doute. Elle hocha tristement la tête. « Je pense que tu n’es pas fou. » Continua-t-elle dans un murmure. « Je ne sais pas pourquoi ils pensent que tu es une personne d’intérêt, mais sois prudent. L’île change, avec la guerre dehors. »

S’il y avait une vérité, c’était celle-ci. Même Fay, terriblement déconnectée de ce qu’il se passait sur Avalon, avait pu sentir quelque chose changer. Comme si les auras étaient plus sombres, le Chaos qui imprégnait l’île plus tendu, plus fébrile. Cela lui déplaisait, et elle savait que la forêt ressentait le même trouble. Les énergies étaient en train de changer sur l’île et ça n’apportait rien de bon. Mais peut-être par lâcheté, elle préférait ne pas y penser. Elle ne souhaitait pas s’inquiéter de choses qui étaient hors de son contrôle. Aider Marius, ça par contre, c’était à sa portée. Elle lui sourit lorsqu’il affirma son accord, et vint même lui tapoter doucement l’épaule lorsqu’il se mouva un peu plus près d’elle, la tête contre son bras. Après quelques secondes, elle glissa ses doigts dans les cheveux du géant, caressant doucement sa tête.

La promesse la fit rire, et elle hocha la tête avec un sourire qu’il ne pouvait pas voir. « C’est aussi bien, parce qu’il y a des nymphes un peu plus loin et elles ne t’auraient pas laissé faire longtemps. » Son haut devenait un peu humide mais elle ne fit pas la remarque, continuant simplement les caresses sur le crâne de son nouvel ami. « Si tu veux quand même revenir ici, je peux te montrer les coins à éviter. Et sache qu’il y a des arbres qui parlent, alors ne panique pas si tu entends des voix autour de toi. » Elle se tut un instant, pensive. « Ceci dit si tu entends des voix dans la forêt il vaut peut-être mieux faire demi-tour. Il y a des créatures un peu dangereuses, ici. » Elle ne délogea toujours pas le garçon de son épaule, s’arrangeant même un peu mieux pour que cela fût plus confortable pour lui. Ca n’était pas simple, Marius tellement plus grand qu’elle, mais elle pensa avoir réussi à les accommoder tous les deux. « Tu viens d’où, dehors ? » Lui demanda-t-elle curieusement, bien décidée à apprendre à connaître son nouvel ami.
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Dim 30 Juil - 13:51
Un arbre tombe
Fait-il du bruit ?


Plié en deux autour de la petite silhouette de Fay, il se laissait bercer. Les doigts de la jeune femme qui carressaient ses cheveux envoyait comme des vagues de relaxations jusqu’à son cerveau. Des frissons, des petites étincelles remontaient ses nerfs et se diffusaient comme un massage dans tout son corps.  S’ils n’étaient pas dans une forêt humide et fraîche, il se serait sans doute endormi. Mais la conversation continuait, douce et réconfortante, même si les sujets abordés pouvaient être difficiles.


Marius savait bien au fond que l’île avait des raisons de se méfier de lui. De part son ascendance familiale, son restaurant à Nazis, et presque tous ses souvenirs de vie… Le géant ne pouvait nier avoir passé plus de temps avec l’Ordre de Sangreal que sans eux. Et même s’il n’avait pas joué un rôle très actif au sein de l’Ordre, lui et sa mère leurs avaient au moins servi d'expérience. Sans parler de la guerre, à laquelle il aurait participé si son destin en avait été autrement. Mais il avait peur que Fay ne rétracte sa proposition d’amitié si il lui révélait tout ça tout de suite. Alors il se contenta d’un vague:

”Le monde entier est en guerre dehors.. J’imagine que beaucoup de gens méritent une surveillance aujourd’hui…”
C’était un mensonge bien entendu. Il le savait, même s’il essayait de se convaincre du contraire. Après tout, si un homme aussi gentil que Zach avait été surveillé lui aussi, il ne devait pas avoir tort, non ? Ou bien lui aussi avait des choses à se reprocher ?

C’était une chance que les Avaloniens avaient: cette neutralité. Un luxe aux yeux du géant qui avait rêvé de pouvoir faire ses propres choix toute sa vie. Et rester neutre, c’était un choix. Il pouvait s’accorder sur ce point avec les rebelles de l’île. Un choix qui n’était peut-être pas le plus moral ni le plus noble, vu de l'extérieur.
Son père lui avait beaucoup répété que la morale était un frein et une censure utilisé par les “bien pensants” et la religion. Et que pour faire de grandes choses, il fallait parfois la mettre de côté. Marius n’était pas certain de partager cette philosophie, mais il était vrai qu’ignorer la morale pour se cacher et se mettre à l'abri, c’était parfois séduisant. On n’avait pas toujours la force de sacrifier son propre bonheur et celui de nos proches pour sauver celui de parfaits inconnus. C’était le choix que faisait Avalon.

Les caresses dans ses cheveux continuaient, les chants d’oiseaux résonnaient autour d’eux ainsi que d’autres sons plus lointains, comme des craquements de bois et des vibrations profondes et graves.
Les sons des arbres qui parlent, sûrement… C’était fou tout ce que cette île abritait: des nymphes, des troubloudous, peut-être même des fées et des sirènes ? Un argument de plus pour la protection de cette île. L’idée qu’autant de créatures fantastiques puissent vivre dans un même espace le surprenait encore. Bien entendu, il avait eu une éducation magique sur le sujet. Son père avait bien pris le temps de lui expliquer que beaucoup des créatures de contes existaient et qu’il avait lui-même du sang de géant. Mais tout cela était entièrement théorique: il n’avait jamais vu de fées ou de nymphe, ni même de ces géants dont il avait hérité de la taille. Sa mère non plus d’ailleurs, mais elle adorait lui raconter les histoires folkloriques de son village et elles en étaient toutes peuplées. Malheureusement eux, les géants étaient rarement les héros des histoires, et plus souvent la créature à abattre..
Il acquiesça à la proposition de Fay, il était maintenant curieux de savoir ce que cette forêt renfermait.

”Je viens de Transylvanie, en Roumanie… C’est en Europe de l’est, près de la Hongrie. Je ne sais pas s' il y a des arbres qui parlent là bas, ou des nymphes. Mais il y a des géants dans les montagnes. Enfin, il y en avait. Je n’en ai jamais vu. Je sais que toutes ces… créatures existent, mais je ne pensais pas en voir un jour, autrement que dans les livres.”

Une autre conséquence de la guerre peut être. Le fantastique ne devait pas beaucoup apprécier les bombes et les champs de bataille. A part les goules et les fantômes peut être.

”Tu es née ici toi.. Mais tu es déjà sortie ? Tu sais à quoi ressemble le reste du monde ? “


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Fay de Beaumenoir
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Mer 2 Aoû - 10:34

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Fay & Marius




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L’affirmation de Marius sur l’état extérieur ne faisait rien pour la rassurer. Elle se doutait que ce qu’avait publié l’Echo était véridique, qu’un Ordre était à la recherche d’Avalon et qu’il profitait d’une instabilité mondiale pour prendre de l’avance. Elle ne savait pas quoi penser de la réfugiée rescapée de l’Ordre, de ses motivations : était-ce vraiment un accident ou était-ce un piège habilement tendu par les Sangréal ? Elle évitait de trop y penser. Elle avait le luxe de pouvoir enterrer sa tête dans le sable, ou pour son cas dans les plantes, et elle en profitait allègrement. Ses relations avec les Aes Sedai étaient limitées à la fourniture de quelques plantes, et ça lui suffisait largement. Elle n’était pas assez naïve pour faire confiance à tout le monde, mais elle préférait toujours essayer de voir le meilleur chez les gens. Les espions de l’île ne fonctionnaient résolument pas de cette façon, et c’était compréhensible. Pour autant, si Fay avait le luxe d’être tranquille, elle comprenait que ça n’était pas le cas pour tout le monde, et comme le faisait remarquer le géant, cette surveillance concernait probablement de plus en plus d’habitants. « Avalantes ou réfugiés, d’ailleurs. » Observa-t-elle pensivement, car elle n’avait pas oublié les évènements du solstice. Les voix dissidentes montaient et avec elles, certainement, l’attention des autorités.

Ils écoutèrent tous deux les bruits de la forêt, pendant un temps. Fay souriait tranquillement, les yeux posés sur Ernest, qui avait quitté son perchoir pour aller titiller la mousse et les arbustes un peu plus loin. Les arbres s’arquaient légèrement avec le vent, grinçaient et craquaient, et plus lointainement, il y avait d’autres bruits. Fay ne chercha pas à les identifier, persuadée que la forêt ne viendrait pas leur demander des comptes. Elle s’entendait avec toutes les créatures, après tout, même celles qu’elle faisait en sorte d’éviter. Il y avait des tentations auxquelles il ne fallait pas céder, et Fay savait écouter les arbres lorsqu’ils lui intimaient de faire demi-tour. Son respect était quelque chose qu’elle savait plaire aux habitants des bois et des rivières, et elle savait également pouvoir compter sur un avertissement s’il était temps de partir. Le fait que Marius fût avec elle n’y changerait rien, elle en était persuadée. L’accord du garçon pour découvrir les bois étira un peu plus son sourire, et elle laissa échapper un petit bruit satisfait.

Le géant reprit la parole, et elle l’écouta avec attention, bien qu’elle ne pût le regarder à cause de leur position. Elle hocha la tête, ne stoppant pas ses attentions sur le crâne du garçon, se plaisant sans surprise à l’exercice. Si Fay n’avait plus aussi tactile qu’avant l’incident, elle ne pouvait s’en empêcher lorsqu’elle était à l’aise. Et bien qu’elle ne l’aurait deviné en rencontrant Marius initialement, elle se sentait bien en sa compagnie. La question du géant lui attrista un peu le sourire et elle baissa les yeux, ses doigts hésitant un instant entre ses mèches de cheveux avant de reprendre, un peu lentement. « Oui, nous sommes tous obligés de sortir pendant quelques mois, pour voir l’extérieur. » Lui confia-t-elle d’une voix basse, propre aux confidences. « Je suis allée vers chez toi, ou presque. Dans le haut des Balkans. Je voulais voir de vieilles forêts, ça tombait bien. » Elle se tut un instant, pensive, avant de reprendre. « J’étais avec des Seekers. Ce sont ceux qui recherchent les héritiers. On ne sort pas seuls, vois-tu, au cas où. » Elle ravala la pensée qui la gagna. Au cas où n’avait pas suffi, dans son cas, mais elle ne s’attardait plus sur l’événement. Le seul regret que cela lui apportait, c’était les mois sans Andrea qui avaient suivis, car Fay n’avait pas pu supporter le moindre contact, physique ou non.

« Je n’ai pas tout vu, évidemment, mais le peu que j’en ai vécu m’a convaincue de revenir à Avalon. Et puis, j’ai ma cousine ici, je n’allais pas la laisser. » La mention d’Andrea lui redonna le sourire et ses caresses reprirent un caractère un peu plus franc. « J’imagine que la Transylvanie te manque ? » Demanda-t-elle, avant de se trouver distraite. « Il n’y a pas de géants ici non plus. Mais je peux te présenter à un Ent, si tu veux. Ce sont les protecteurs des forêts. Ils sont un peu ronchons mais ils ne sont pas méchants. » Ernest releva la tête en l’entendant, brindilles posées sur ses hanches comme s’il n’était pas d’accord avec ce qu’elle venait de dire. Elle laissa échapper un petit rire, qui le fit bouder de plus belle.
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