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it is so unlike you + Iris
@ Isla R. Darcy
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Fays : 3185
it is so unlike you
ft Iris
« Je reviens d’ici une heure. »
La main de la Suprême quitta l’épaule tendue d’Isla, qui n’appréciait pas vraiment la touche de pitié qu’elle sentait dans le ton de son amie. Les deux femmes sortaient d’un échange qui aurait pu être houleux si la leader n’avait pas fait un effort surhumain pour se contenir.
Rhiannon était décédée mais Isla ne voulait pas céder plus de son temps à organiser les funérailles.
La mort de sa grand-mère l’ébranlait durement, déstabilisant ses fondations les plus solidement ancrées. Il lui semblait qu’un repère de plus disparaissait de sa vie et les personnes qui lui étaient les plus proches n’étaient plus nombreuses. Rester dans le manoir où elle avait passé son temps, ces derniers jours, à la veiller, lui était devenu impossible. Isla fuyait le lieu qui avait accueilli le dernier souffle de la matriarche familiale. Alors, elle prenait du temps pour organiser la célébration, qui se devait d’être exemplaire car celle qui l’avait élevée était un membre important de la communauté. Respectée, admirée par les membres de sa famille, adorée par la prophétesse qui était désormais à la tête de son clan. Le manoir était allumé, les portes du domaine ouvertes pour qui voudrait se recueillir avant l’envoi traditionnel sur les eaux de l’île. La maison était remplie de proches et moins proches, d’étrangers parfois ou d’anciennes rencontres, habillés pour l’occasion et venus rendre hommage à la matriarche.
Isla ne pouvait y rester, ne supportait pas que son foyer soit envahi, mais sa mère avait insisté pour organiser ce qui se faisait depuis des générations. Le sujet avait fini par les fâcher. L’assistante ne trouvant plus d’endroit pour faire son deuil, elle avait repris sa place à son bureau pour s’acharner à des tâches plus ou moins subsidiaires, en attendant que le calme se fasse et qu’elle puisse dire un dernier au revoir à sa bien-aimée parente.
Puisqu’elle ne pouvait pas fermer son foyer, elle avait interdit à quiconque de rentrer dans son bureau sans expressément toquer. La porte généralement ouverte était fermée. Elle était enfin seule, quand son amie voulait bien la laisser ou s’enfermer dans son propre bureau. C’était avec difficulté qu’elle gardait sa peine sous clef, mais son travail lui permettait, à défaut de lui laisser du temps, de repousser plus facilement les émotions qui menaçaient de s’abattre sur elle pour la faire plier.
Isla n’avait fait qu’une requête, ce matin, outre celle formulée à la Suprême lui demandant spécifiquement de la laisser en paix : qu’Iris la rejoigne dans son bureau. Elle savait que les deux prochains jours étaient pourtant dédiés à son métier de Sharp Eye et s’en voulait de la prévenir au dernier moment. Mais, surement, celle-ci lui pardonnerait de lui demander son aide en ce moment critique.
De longues minutes de silence s’étirèrent depuis le départ de sa supérieure quand des pas pressés attirèrent son attention derrière la porte. Isla crut un instant que la Suprême avait fait demi-tour alors que la porte s’ouvrit sans que l’on ait toqué mais elle fut surprise de constater que c’était Iris elle-même qui venait de mettre un pied dans son bureau. La métamorphomage qui toquait toujours et attendait de manière systématique quelques secondes avant d’entrer avait dérogé à son propre protocole et se plantait déjà devant le bureau de l’assistante. La prophétesse modela son visage pour cacher son étonnement et éleva la voix.
« Bonjour Iris, je suis désolée de te faire déplacer à la dernière minute mais je… » Les traits de sa belle-sœur étaient tirés, fatigués. Elle suspendit sa phrase un instant pour l’observer. Il n’y avait pas que de la peine dans le regard de la Sharp Eye et Isla fronça les sourcils. « Est-ce que ça va ? »
La main de la Suprême quitta l’épaule tendue d’Isla, qui n’appréciait pas vraiment la touche de pitié qu’elle sentait dans le ton de son amie. Les deux femmes sortaient d’un échange qui aurait pu être houleux si la leader n’avait pas fait un effort surhumain pour se contenir.
Rhiannon était décédée mais Isla ne voulait pas céder plus de son temps à organiser les funérailles.
La mort de sa grand-mère l’ébranlait durement, déstabilisant ses fondations les plus solidement ancrées. Il lui semblait qu’un repère de plus disparaissait de sa vie et les personnes qui lui étaient les plus proches n’étaient plus nombreuses. Rester dans le manoir où elle avait passé son temps, ces derniers jours, à la veiller, lui était devenu impossible. Isla fuyait le lieu qui avait accueilli le dernier souffle de la matriarche familiale. Alors, elle prenait du temps pour organiser la célébration, qui se devait d’être exemplaire car celle qui l’avait élevée était un membre important de la communauté. Respectée, admirée par les membres de sa famille, adorée par la prophétesse qui était désormais à la tête de son clan. Le manoir était allumé, les portes du domaine ouvertes pour qui voudrait se recueillir avant l’envoi traditionnel sur les eaux de l’île. La maison était remplie de proches et moins proches, d’étrangers parfois ou d’anciennes rencontres, habillés pour l’occasion et venus rendre hommage à la matriarche.
Isla ne pouvait y rester, ne supportait pas que son foyer soit envahi, mais sa mère avait insisté pour organiser ce qui se faisait depuis des générations. Le sujet avait fini par les fâcher. L’assistante ne trouvant plus d’endroit pour faire son deuil, elle avait repris sa place à son bureau pour s’acharner à des tâches plus ou moins subsidiaires, en attendant que le calme se fasse et qu’elle puisse dire un dernier au revoir à sa bien-aimée parente.
Puisqu’elle ne pouvait pas fermer son foyer, elle avait interdit à quiconque de rentrer dans son bureau sans expressément toquer. La porte généralement ouverte était fermée. Elle était enfin seule, quand son amie voulait bien la laisser ou s’enfermer dans son propre bureau. C’était avec difficulté qu’elle gardait sa peine sous clef, mais son travail lui permettait, à défaut de lui laisser du temps, de repousser plus facilement les émotions qui menaçaient de s’abattre sur elle pour la faire plier.
Isla n’avait fait qu’une requête, ce matin, outre celle formulée à la Suprême lui demandant spécifiquement de la laisser en paix : qu’Iris la rejoigne dans son bureau. Elle savait que les deux prochains jours étaient pourtant dédiés à son métier de Sharp Eye et s’en voulait de la prévenir au dernier moment. Mais, surement, celle-ci lui pardonnerait de lui demander son aide en ce moment critique.
De longues minutes de silence s’étirèrent depuis le départ de sa supérieure quand des pas pressés attirèrent son attention derrière la porte. Isla crut un instant que la Suprême avait fait demi-tour alors que la porte s’ouvrit sans que l’on ait toqué mais elle fut surprise de constater que c’était Iris elle-même qui venait de mettre un pied dans son bureau. La métamorphomage qui toquait toujours et attendait de manière systématique quelques secondes avant d’entrer avait dérogé à son propre protocole et se plantait déjà devant le bureau de l’assistante. La prophétesse modela son visage pour cacher son étonnement et éleva la voix.
« Bonjour Iris, je suis désolée de te faire déplacer à la dernière minute mais je… » Les traits de sa belle-sœur étaient tirés, fatigués. Elle suspendit sa phrase un instant pour l’observer. Il n’y avait pas que de la peine dans le regard de la Sharp Eye et Isla fronça les sourcils. « Est-ce que ça va ? »
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There is no bad, there is no good, I drank every sky that I could, Made myself mythical, tried to be real, Saw the future in the face of a Daffodil
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It is unlike you
Isla ft. Iris
Sa main se rattrape au mur, le corps brutalement courbé vers l'avant par une violente nausée. Planquée dans les toilettes du Capitole, Iris ne put retenir plus longtemps le maigre déjeuné qu'elle avait réussi à avaler ce matin.
La douleur qui traversait sa boîte crânienne s'amplifiait au moindre son ou mouvement. Elle posa un genou sur le sol carrelé et impeccable, les ongles crispés sur la céramique de la cuvette. La migraine était immonde aujourd'hui, pire que toutes celles qui frappaient depuis quelques semaines. Iris n'avait jamais été migraineuse hormis de simples maux de tête qui passaient toujours avec une potion qu'Isla lui concoctait lorsque la douleur devenait dérangeante, mais elle n'avait pas le souvenir d'une pareille douleur qui ricochait contre sa boite crânienne.
Ici, rien n'y faisait. Ni potion, ni méditation. Iris avait tout essayée pour faire taire le mal et pour faire taire son esprit tout court. Il était terriblement bruyant. Tout le temps.
Constamment.
Un haut le cœur catapulta la souffrance jusqu'au plus profond de son crâne et Iris ne savait plus pour quoi, ni pour qui elle pleurait.
Etait-ce seulement la douleur de cette migraine effroyable ? Ou la perte d'un être cher qui l'avait accompagnée depuis son enfance.
Rhiannon s'était éteinte et Iris ne supportait plus d'entendre le même refrain tout autour d'elle. Elle a bien vécu. C'était une dame d'un grand âge, après tout. Sa santé n'était plus ce qu'elle était. Les Autres semblaient à peine surprit de sa disparition quand Iris, elle, avait senti ses genoux trembler lorsqu'Isla le lui avait annoncée.
C'était stupide, naïf même, que de ne pas avoir vu la mort venir à l'angle des couloirs de la demeure des Darcy. Rhiannon n'avait plus toute sa tête, son tout petit corps frêle se déplaçait avec grand peine et son regard qui, auparavant avait été d'une vive clarté, était devenu brumeux. Mais Iris avait maintenu sur cette femme le voile de l'enfance. Pour la petite fille impressionnée que la Sharp Eye avait été devant Rhiannon, la matriarche des Darcy était immortelle et cette intime conviction avait perdurée dans le temps. Comment l'en blâmer ? La vieille femme était … avait été d'un si fort caractère que rien ne semblait pouvoir l'atteindre. Pas même la mort.
Le front posé sur son poing serré, les ongles d'Iris pénétrèrent ses chairs. La colère était sourde dans le cœur d'Iris. Brûlante, même. Elle remontait jusque dans sa mâchoire, puis dans son crâne où la cohue enflait et la douleur avec.
Elle ne devait pas pleurer. Exprimer ses émotions était dangereux. Honteux.
On ne pleurait pas dans la famille des Bla…
Dans le couloir, une porte claque et la fait sursauter. Elle dû secouer la tête et se masser les paupières pour reprendre ses esprits qui s'étaient désaxées elle ne savait où. C'était de plus en plus régulier. La nausée comprime toujours son estomac et la migraine martèle plus fort que jamais mais la Sharp Eye se redresse après avoir tirée la chasse. L'eau fraiche sur son visage ne lui fait aucun bien. Elle est agacée, cherche à chasser le vide qui creuse ses tripes. C'est à peine si elle jette un regard à son reflet qu'elle ne reconnait plus. Les yeux cernés, les traits tirés, Iris n'a jamais été aussi épuisée. Elle n'a jamais aussi mal et aussi peu dormi que ces derniers temps où le sommeil se dérobait de plus en plus régulièrement lorsque ça n'étaient pas les cauchemars qui lui menaient la vie dure.
Ses journées n'étaient pas mieux.
Aujourd'hui, était pire que les précédents.
La lumière lui cisaille le cerveau comme des ongles sur un tableau noir. Tout est fort, autour d'elle. Elle rêve d'un café, d'une étreinte féminine au fond d'un large lit. De passer du temps avec les siens.
La Sharp Eye grogne, le visage encore humide entre sa paume. Ca recommence. Ca se désaxe. Ses pensées glissent. Son esprit est un iceberg qui se fissurent et dont les parois coulissent vers le néant.
Pourquoi est-ce qu'elle ici, au Capitole ? La douleur est telle qu'elle en oublie la raison.
Iris doit faire un effort considérable pour se concentrer et lorsqu'elle se souvient, l'irritation est dérangeante.
Isla l'avait fait demandée malgré les deux jours qu'elle lui avait accordés pour exercer son rôle de Sharp Eye. En d'autres circonstances, Iris n'aurait pas même bronchée et aurait répondu à l'appel aussitôt, d'autant plus parce qu'Isla, désormais la Matriarche de la famille, ne devait pas porter sa peine, seule.
Aujourd'hui, c'était une véritable tannée et la sorcière entrait en lutte avec ses propres émotions. Elle ne se comprenait plus. Ses pensées disharmonieuses se percutaient, lui remettait la mort de Rhiannon sous le nez et le besoin irrépressible d'être auprès d'Isla pour la soutenir. Mais à la seconde où elles remontaient à la surface, ses envies se faisaient tout simplement tuer avant même de prendre le pas sur quoi que ce soit.
Pas d'émotions.
Pas d'empathie.
Le conflit était éprouvant, terriblement douloureux. Lorsqu'enfin Iris croisa son regard dans le miroir, elle eut envie de le briser.
Elle se haïssait.
Elle détestait Isla.
Détestait Rhiannon d'être morte.
Détestait la Suprême pour son inaction.
Détestait James.
Détestait devoir se taire, en permanence. D'être celle que l'on juge pour ses silences quand elle essayait à tout prix de les protéger.
La Sharp Eye pousse brutalement la porte des toilettes et son pas change. Il est plus assuré, plus impérieux. Cela fait quelques jours qu'Iris ne sent plus le basculement de son esprit vers le fragment. Ce dernier prend une place monstrueuse malgré la présence pourtant minime. Tout aurait été plus simple si celle qui avait laissé sa trace n'était pas elle-même instable.
Siuan était une bombe à retardement.
Le deuil n'aidait en rien et rendait l'était d'esprit d'Iris plus que fragile.
Aucun regard ne fut accordé à celles et ceux qu'elle croisa dans le couloir et arrivée à la porte du bureau, Iris ne prit pas la peine de toquée. Une part d'elle se satisfaisait de déroger aux règles d'Isla et de la contrarier. Aucune salutation ne franchit ses lèvres. Elle avait la sensation que si elle parlait, elle vomirait de nouveau.
L'odeur d'encens était insupportable pour ses sens et la lumière agressait sa rétine en feu. Chaque sillon de son cerveau était un brasier. Lorsqu'elle posa son regard sur sa belle-sœur, l'agacement culmina. Le vide se creusa.
La voix d'Isla crépitait désagréablement.
"Quelle importance ?"
Elle voulait chasser ces stupides formalités, aussi les mots surgirent sans même les avoir pensées.
Ou peut-être qu'Iris n'était plus vraiment là, comme souvent, étouffée par une présence invisible. C'était comme se regarder de l'extérieure sans rien pouvoir faire d'autre que de contempler le désastre.
Le timbre de sa voix était étrangement assuré et froid. Les yeux clairs de la Sharp Eye se plantèrent dans ceux d'Isla et ce sans la moindre trace de compassion quand son cœur lui-même se serrait férocement, en désaccord avec tout ce que l'esprit renvoyait. Le deuil d'Isla était lourd de peine et de responsabilités, et Iris aurait donnée n'importe quoi pour le lui retirer.
Une vague de honte menaçait en fond, telle l'immense vague d'un tsunami.
La migraine grinçait si fort. Pourquoi tout était si bruyant ?
"Je t'écoute. Dois-je encore de nouveau courir après Siuan ou m'as-tu interrompu pour quelque chose de plus important ? "
Elle ne tremblait pas, droite. Le regard franc.
Le regard de Siuan.
Tout au fond, Iris hurlait.
La douleur qui traversait sa boîte crânienne s'amplifiait au moindre son ou mouvement. Elle posa un genou sur le sol carrelé et impeccable, les ongles crispés sur la céramique de la cuvette. La migraine était immonde aujourd'hui, pire que toutes celles qui frappaient depuis quelques semaines. Iris n'avait jamais été migraineuse hormis de simples maux de tête qui passaient toujours avec une potion qu'Isla lui concoctait lorsque la douleur devenait dérangeante, mais elle n'avait pas le souvenir d'une pareille douleur qui ricochait contre sa boite crânienne.
Ici, rien n'y faisait. Ni potion, ni méditation. Iris avait tout essayée pour faire taire le mal et pour faire taire son esprit tout court. Il était terriblement bruyant. Tout le temps.
Constamment.
Un haut le cœur catapulta la souffrance jusqu'au plus profond de son crâne et Iris ne savait plus pour quoi, ni pour qui elle pleurait.
Etait-ce seulement la douleur de cette migraine effroyable ? Ou la perte d'un être cher qui l'avait accompagnée depuis son enfance.
Rhiannon s'était éteinte et Iris ne supportait plus d'entendre le même refrain tout autour d'elle. Elle a bien vécu. C'était une dame d'un grand âge, après tout. Sa santé n'était plus ce qu'elle était. Les Autres semblaient à peine surprit de sa disparition quand Iris, elle, avait senti ses genoux trembler lorsqu'Isla le lui avait annoncée.
C'était stupide, naïf même, que de ne pas avoir vu la mort venir à l'angle des couloirs de la demeure des Darcy. Rhiannon n'avait plus toute sa tête, son tout petit corps frêle se déplaçait avec grand peine et son regard qui, auparavant avait été d'une vive clarté, était devenu brumeux. Mais Iris avait maintenu sur cette femme le voile de l'enfance. Pour la petite fille impressionnée que la Sharp Eye avait été devant Rhiannon, la matriarche des Darcy était immortelle et cette intime conviction avait perdurée dans le temps. Comment l'en blâmer ? La vieille femme était … avait été d'un si fort caractère que rien ne semblait pouvoir l'atteindre. Pas même la mort.
Le front posé sur son poing serré, les ongles d'Iris pénétrèrent ses chairs. La colère était sourde dans le cœur d'Iris. Brûlante, même. Elle remontait jusque dans sa mâchoire, puis dans son crâne où la cohue enflait et la douleur avec.
Elle ne devait pas pleurer. Exprimer ses émotions était dangereux. Honteux.
On ne pleurait pas dans la famille des Bla…
Dans le couloir, une porte claque et la fait sursauter. Elle dû secouer la tête et se masser les paupières pour reprendre ses esprits qui s'étaient désaxées elle ne savait où. C'était de plus en plus régulier. La nausée comprime toujours son estomac et la migraine martèle plus fort que jamais mais la Sharp Eye se redresse après avoir tirée la chasse. L'eau fraiche sur son visage ne lui fait aucun bien. Elle est agacée, cherche à chasser le vide qui creuse ses tripes. C'est à peine si elle jette un regard à son reflet qu'elle ne reconnait plus. Les yeux cernés, les traits tirés, Iris n'a jamais été aussi épuisée. Elle n'a jamais aussi mal et aussi peu dormi que ces derniers temps où le sommeil se dérobait de plus en plus régulièrement lorsque ça n'étaient pas les cauchemars qui lui menaient la vie dure.
Ses journées n'étaient pas mieux.
Aujourd'hui, était pire que les précédents.
La lumière lui cisaille le cerveau comme des ongles sur un tableau noir. Tout est fort, autour d'elle. Elle rêve d'un café, d'une étreinte féminine au fond d'un large lit. De passer du temps avec les siens.
La Sharp Eye grogne, le visage encore humide entre sa paume. Ca recommence. Ca se désaxe. Ses pensées glissent. Son esprit est un iceberg qui se fissurent et dont les parois coulissent vers le néant.
Pourquoi est-ce qu'elle ici, au Capitole ? La douleur est telle qu'elle en oublie la raison.
Iris doit faire un effort considérable pour se concentrer et lorsqu'elle se souvient, l'irritation est dérangeante.
Isla l'avait fait demandée malgré les deux jours qu'elle lui avait accordés pour exercer son rôle de Sharp Eye. En d'autres circonstances, Iris n'aurait pas même bronchée et aurait répondu à l'appel aussitôt, d'autant plus parce qu'Isla, désormais la Matriarche de la famille, ne devait pas porter sa peine, seule.
Aujourd'hui, c'était une véritable tannée et la sorcière entrait en lutte avec ses propres émotions. Elle ne se comprenait plus. Ses pensées disharmonieuses se percutaient, lui remettait la mort de Rhiannon sous le nez et le besoin irrépressible d'être auprès d'Isla pour la soutenir. Mais à la seconde où elles remontaient à la surface, ses envies se faisaient tout simplement tuer avant même de prendre le pas sur quoi que ce soit.
Pas d'émotions.
Pas d'empathie.
Le conflit était éprouvant, terriblement douloureux. Lorsqu'enfin Iris croisa son regard dans le miroir, elle eut envie de le briser.
Elle se haïssait.
Elle détestait Isla.
Détestait Rhiannon d'être morte.
Détestait la Suprême pour son inaction.
Détestait James.
Détestait devoir se taire, en permanence. D'être celle que l'on juge pour ses silences quand elle essayait à tout prix de les protéger.
La Sharp Eye pousse brutalement la porte des toilettes et son pas change. Il est plus assuré, plus impérieux. Cela fait quelques jours qu'Iris ne sent plus le basculement de son esprit vers le fragment. Ce dernier prend une place monstrueuse malgré la présence pourtant minime. Tout aurait été plus simple si celle qui avait laissé sa trace n'était pas elle-même instable.
Siuan était une bombe à retardement.
Le deuil n'aidait en rien et rendait l'était d'esprit d'Iris plus que fragile.
Aucun regard ne fut accordé à celles et ceux qu'elle croisa dans le couloir et arrivée à la porte du bureau, Iris ne prit pas la peine de toquée. Une part d'elle se satisfaisait de déroger aux règles d'Isla et de la contrarier. Aucune salutation ne franchit ses lèvres. Elle avait la sensation que si elle parlait, elle vomirait de nouveau.
L'odeur d'encens était insupportable pour ses sens et la lumière agressait sa rétine en feu. Chaque sillon de son cerveau était un brasier. Lorsqu'elle posa son regard sur sa belle-sœur, l'agacement culmina. Le vide se creusa.
La voix d'Isla crépitait désagréablement.
"Quelle importance ?"
Elle voulait chasser ces stupides formalités, aussi les mots surgirent sans même les avoir pensées.
Ou peut-être qu'Iris n'était plus vraiment là, comme souvent, étouffée par une présence invisible. C'était comme se regarder de l'extérieure sans rien pouvoir faire d'autre que de contempler le désastre.
Le timbre de sa voix était étrangement assuré et froid. Les yeux clairs de la Sharp Eye se plantèrent dans ceux d'Isla et ce sans la moindre trace de compassion quand son cœur lui-même se serrait férocement, en désaccord avec tout ce que l'esprit renvoyait. Le deuil d'Isla était lourd de peine et de responsabilités, et Iris aurait donnée n'importe quoi pour le lui retirer.
Une vague de honte menaçait en fond, telle l'immense vague d'un tsunami.
La migraine grinçait si fort. Pourquoi tout était si bruyant ?
"Je t'écoute. Dois-je encore de nouveau courir après Siuan ou m'as-tu interrompu pour quelque chose de plus important ? "
Elle ne tremblait pas, droite. Le regard franc.
Le regard de Siuan.
Tout au fond, Iris hurlait.
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La réponse formulée sans detour destabilisa Isla qui s’arrêta dans ses gestes. Un éclair de surprise passa sur ses traits, avant qu’elle ne se force à les remodeler. Les réflexes avaient la vie dure et l’assistante tenait à maintenir une image impeccable, toujours calme, neutre, comme le voulait sa position. Mais il était plus dur d’afficher sa sérénité habituelle face à cette situation inédite et au comportement terriblement étrange et déplacé d’Iris. Les deux femmes s’étaient déjà disputées, c’était évident. Elles se connaissaient depuis bien trop longtemps pour que leur relation n’eut pas à supporter un désaccord. Mais jamais elles ne se parlaient ainsi. Isla ne reconnaissait pas la stature dans laquelle se figeait sa belle-sœur, ni la froideur dans son regard clair.
Elle ne sut donc quoi répondre à cela et se contenta de rester immobile, la main serrée autour de la plume qu’elle maintenait entre ses doigts. Il était rare que la prophétesse eût autant le souffle coupé et manquât de répartie. Ses yeux cherchaient quelque chose dans la silhouette droite, sondaient Iris à la recherche d’une indication. Elle irradiait étrangement, son aura lourde d’une peine qu’Isla incomba à la perte de Rhiannon. Mais peut-être n’était-ce pas que cela. La prophétesse était en proie aux doutes. Iris avait été proche de la matriarche des Darcy, depuis sa jeunesse. Isla l’avait elle-même amenée auprès de sa grand-mère, certaine que celle-ci serait apte à lui apprendre à se maîtriser, comme elle l’avait fait avec elle. Contre toute attente et malgré le caractère à l’époque revêche de la métamorphomage, Rhiannon avait entretenu une affection sincère pour elle.
Mais même lorsque James avait disparu, Isla n’avait jamais vu sa peine s’exprimer ainsi. L’inquiétude la gagna et elle oublia momentanément sa propre peine et l’objet de sa requête.
Et puis, Iris ouvrit la bouche à nouveau, lui adressant la parole d’un air presque mauvais. Son ton ne souffrait d’aucune défaillance, son regard farouchement planté dans celui de l’assistante. L’attaque la blessa. Isla ne pouvait pas croire qu’Iris était capable d’une telle arrogance et d’une telle violence à quelques jours de la mort de Rhiannon. Et quand bien même sa grand-mère était décédée, jamais elle ne s’était permise de lui parler ainsi. Isla luttait contre la colère qui se faufilait doucement sous sa peau et voulait se faire une place sur ses traits.
Elle ne savait même pas par où commencer. Une multitude de questions et de reproches se battaient à la porte de ses lèvres. Alors, la prophétesse prit une inspiration et cette fois reprit plus sèchement la parole.
« Je vais te donner une chance de refaire ton entrée si tu le souhaites et de t’adresser à moi autrement. » La plus âgée lâcha sa plume et se redressa dans son fauteuil, déposant les mains à plat sur le bureau.
Elle ne sut donc quoi répondre à cela et se contenta de rester immobile, la main serrée autour de la plume qu’elle maintenait entre ses doigts. Il était rare que la prophétesse eût autant le souffle coupé et manquât de répartie. Ses yeux cherchaient quelque chose dans la silhouette droite, sondaient Iris à la recherche d’une indication. Elle irradiait étrangement, son aura lourde d’une peine qu’Isla incomba à la perte de Rhiannon. Mais peut-être n’était-ce pas que cela. La prophétesse était en proie aux doutes. Iris avait été proche de la matriarche des Darcy, depuis sa jeunesse. Isla l’avait elle-même amenée auprès de sa grand-mère, certaine que celle-ci serait apte à lui apprendre à se maîtriser, comme elle l’avait fait avec elle. Contre toute attente et malgré le caractère à l’époque revêche de la métamorphomage, Rhiannon avait entretenu une affection sincère pour elle.
Mais même lorsque James avait disparu, Isla n’avait jamais vu sa peine s’exprimer ainsi. L’inquiétude la gagna et elle oublia momentanément sa propre peine et l’objet de sa requête.
Et puis, Iris ouvrit la bouche à nouveau, lui adressant la parole d’un air presque mauvais. Son ton ne souffrait d’aucune défaillance, son regard farouchement planté dans celui de l’assistante. L’attaque la blessa. Isla ne pouvait pas croire qu’Iris était capable d’une telle arrogance et d’une telle violence à quelques jours de la mort de Rhiannon. Et quand bien même sa grand-mère était décédée, jamais elle ne s’était permise de lui parler ainsi. Isla luttait contre la colère qui se faufilait doucement sous sa peau et voulait se faire une place sur ses traits.
Elle ne savait même pas par où commencer. Une multitude de questions et de reproches se battaient à la porte de ses lèvres. Alors, la prophétesse prit une inspiration et cette fois reprit plus sèchement la parole.
« Je vais te donner une chance de refaire ton entrée si tu le souhaites et de t’adresser à moi autrement. » La plus âgée lâcha sa plume et se redressa dans son fauteuil, déposant les mains à plat sur le bureau.
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Islaft. Iris
La grand prophétesse tant réputée était-elle déstabilisée ?
Iris ne put s'empêcher d'en être satisfaite. Rien ne lui plaisait plus que de voir Isla frémir sur son trône monté d'arrogance et de grands airs. Evidemment, elle n'affichait rien de plus que la surprise, mais en son fort intérieur la Sharp Eye savait avoir touché une corde sensible de par sa façon d'être. Et c'était tant mieux. Les crispations sur la plume, le souffle presque coupé … le monde lui-même semblait retenir sa respiration.
Le fragment agissait sur elle comme un véritable poison qui occupait tout le terrain de son esprit tel l'ennemi sur un champ de bataille. Recluse dans un maigre coin, Iris aurait voulu se crever les tympans pour ne pas entendre ce qui sortait de sa bouche sans qu'elle n'ait la moindre emprise. Si elle n'avait eu qu'un soupçon de pouvoir sur sa propre personne, elle se serait volontiers mutiler les lèvres. Mais l'arrogance détestée chez Isla était tout aussi présente sur la psychée de la Sharp Eye qui roula des yeux sans s'en cacher.
Demi-tour. Son pas claque mais jamais aussi fort que la porte qu'elle ferme d'un geste volontairement brusque derrière elle.
La scène était lunaire. A la limite du dérangeant.
Les désaccords n'avaient pas manqués entre les deux belles-sœurs, mais Iris n'était pas le genre de personnalité désobligeante. Ses parents lui avaient enseigné l'honneur, le respect et la loyauté. Des codes ancrés dans les gènes des Crawley et qui découlaient de la reconnaissance inébranlable en Avalon pour avoir été leur refuge au moment le plus critique. Etre aussi mauvaise envers Isla n'avait jamais été envisageable ou imaginable pour ces raisons. Mais aussi parce qu'Iris portait en la prophétesse un amour filial inconditionnel. Isla l'avait vu grandir, l'avait faite grandir. Elle était son soutien, détenait toujours une parole sage à lui offrir. La disparition de James avait consolidé leur relation et face à la chute vertigineuse de la perte d'un être cher, elles s'étaient raccrochées à l'autre.
La prophétesse occupait une place précieuse dans le cœur de la Sharp Eye.
Pourtant, aujourd'hui, quand le deuil planait sur l'âme tourmentée d'Isla, Iris enfonçait le couteau plus loin dans les chairs sans hésitation.
La migraine frappait, encore et encore, et étrangement la satisfaction de titiller les nerfs de la Seconde avait quelque chose de délicieux. Son deuil ne semblait plus tellement avoir grande importance et celui d'Iris était, quant à lui, quasi inexistant. Les yeux toujours douloureusement plissés et les nerfs sur la brèche, la métamorphomage rouvrit la porte toujours sans aucune politesse, sans s'annoncer.
"Que puis-je faire pour vous, votre majesté ?"
Ses mots transpiraient l'arrogance et la moquerie. A peine eut-elle finit de les prononcer, un fil claqua dans sa boite crânienne.
La tentative d'Iris de reprendre le dessus ne fit qu'aggraver le brasier qui consumait son crâne. Les muscles de sa mâchoire se comprimaient et un souffle lourd s'écrasa contre ses dents rudement serrées. Elle luttait, les pupilles dilatées.
"Ferme-là."
C'était une plainte plus qu'un ordre, lâchée du bout des lèvres dans un tremblement discret.
C'était la seule chose qu'Iris parvenait à articuler contre toutes les voix qui se bousculaient au fond d'elle.
Elle disparut aussi vite qu'elle était intervenue.
Iris ne put s'empêcher d'en être satisfaite. Rien ne lui plaisait plus que de voir Isla frémir sur son trône monté d'arrogance et de grands airs. Evidemment, elle n'affichait rien de plus que la surprise, mais en son fort intérieur la Sharp Eye savait avoir touché une corde sensible de par sa façon d'être. Et c'était tant mieux. Les crispations sur la plume, le souffle presque coupé … le monde lui-même semblait retenir sa respiration.
Le fragment agissait sur elle comme un véritable poison qui occupait tout le terrain de son esprit tel l'ennemi sur un champ de bataille. Recluse dans un maigre coin, Iris aurait voulu se crever les tympans pour ne pas entendre ce qui sortait de sa bouche sans qu'elle n'ait la moindre emprise. Si elle n'avait eu qu'un soupçon de pouvoir sur sa propre personne, elle se serait volontiers mutiler les lèvres. Mais l'arrogance détestée chez Isla était tout aussi présente sur la psychée de la Sharp Eye qui roula des yeux sans s'en cacher.
Demi-tour. Son pas claque mais jamais aussi fort que la porte qu'elle ferme d'un geste volontairement brusque derrière elle.
La scène était lunaire. A la limite du dérangeant.
Les désaccords n'avaient pas manqués entre les deux belles-sœurs, mais Iris n'était pas le genre de personnalité désobligeante. Ses parents lui avaient enseigné l'honneur, le respect et la loyauté. Des codes ancrés dans les gènes des Crawley et qui découlaient de la reconnaissance inébranlable en Avalon pour avoir été leur refuge au moment le plus critique. Etre aussi mauvaise envers Isla n'avait jamais été envisageable ou imaginable pour ces raisons. Mais aussi parce qu'Iris portait en la prophétesse un amour filial inconditionnel. Isla l'avait vu grandir, l'avait faite grandir. Elle était son soutien, détenait toujours une parole sage à lui offrir. La disparition de James avait consolidé leur relation et face à la chute vertigineuse de la perte d'un être cher, elles s'étaient raccrochées à l'autre.
La prophétesse occupait une place précieuse dans le cœur de la Sharp Eye.
Pourtant, aujourd'hui, quand le deuil planait sur l'âme tourmentée d'Isla, Iris enfonçait le couteau plus loin dans les chairs sans hésitation.
La migraine frappait, encore et encore, et étrangement la satisfaction de titiller les nerfs de la Seconde avait quelque chose de délicieux. Son deuil ne semblait plus tellement avoir grande importance et celui d'Iris était, quant à lui, quasi inexistant. Les yeux toujours douloureusement plissés et les nerfs sur la brèche, la métamorphomage rouvrit la porte toujours sans aucune politesse, sans s'annoncer.
"Que puis-je faire pour vous, votre majesté ?"
Ses mots transpiraient l'arrogance et la moquerie. A peine eut-elle finit de les prononcer, un fil claqua dans sa boite crânienne.
La tentative d'Iris de reprendre le dessus ne fit qu'aggraver le brasier qui consumait son crâne. Les muscles de sa mâchoire se comprimaient et un souffle lourd s'écrasa contre ses dents rudement serrées. Elle luttait, les pupilles dilatées.
"Ferme-là."
C'était une plainte plus qu'un ordre, lâchée du bout des lèvres dans un tremblement discret.
C'était la seule chose qu'Iris parvenait à articuler contre toutes les voix qui se bousculaient au fond d'elle.
Elle disparut aussi vite qu'elle était intervenue.
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La porte claqua avec force et Isla se retint de sursauter, l’écho insupportable tapant dans sa boîte crânienne. Ses yeux se fermèrent un instant et elle se pinça les lèvres, réprimant une violente montée de colère. Elle oublia, l’espace d’un instant, qu’il s’agissait d’Iris et voulu se redresser et éjecter la personne qui rentrait sans s’annoncer à nouveau.
Le visage d’Isla était étrangement crispé, incapable de maintenir sa contrariété plus qu’elle ne le faisait déjà. Célèbre pour sa tenue impeccable à toute épreuve, le masque qui se plaquait sur son visage était tordu, révélant les failles de son mental affecté par les récents évènements. Ses cernes semblaient être plus creusés, ses traits tirés, les sourcils froncés. Ses yeux s’étaient replantés sur la silhouette à la démarche impérieuse, de retour devant son bureau.
Iris lâcha ses mots et l’assistante ne put se retenir d’ouvrir des yeux ronds. Le choc la souffla avant de l’énerver. La situation était lunaire et elle eut presque l’envie de rire jaune, tentée de répondre sur le même niveau d’absurde. L’insolente attitude de sa belle-sœur la blessait et était déjà oubliée la requête qu’elle voulait lui formuler. Un mélange étrange de colère et d’inquiétude pulsait sous sa peau, les doigts crispés sur le bois. Les quelques secondes semblèrent s’étirer sur des heures et elle voulut ouvrir la bouche pour répondre enfin quand la métamorphomage s’exprima à nouveau pour la couper sèchement.
Cette fois, l’offense dépassa sa capacité à rester complètement impassible et la prophétesse se redressa en claquant sa main sur le dessus de son bureau. Il était déjà étonnant qu’Isla laissa échapper une vague de violence de cette manière, et elle prit quelques secondes pour éviter de laisser échapper quelque chose qui la tourmenterait par la suite. Ses yeux, cependant, foudroyaient son interlocutrice.
« Comment oses-tu. » Il lui semblait difficile de reprendre le contrôle sur la tempête qui menaçait. Pour toute stratégie, Isla décida de se murer derrière une froideur qu’Iris n’avait jamais méritée jusqu’alors. Elle s’efforça en silence de remonter les murs que sa petite démonstration d’arrogance avait soufflés et se redressa, croisant ses doigts à s’en blanchir les phalanges.
Elle se sentit capable, au bout d’un certain temps, de contourner son bureau pour s’approcher de la métamorphomage et se planter devant elle ; les épaules redressées et l’orgueil en avant pour seule défense alors que la confusion barrait son regard.
« Que justifie cet élan d’audace, Iris ? »
Le visage d’Isla était étrangement crispé, incapable de maintenir sa contrariété plus qu’elle ne le faisait déjà. Célèbre pour sa tenue impeccable à toute épreuve, le masque qui se plaquait sur son visage était tordu, révélant les failles de son mental affecté par les récents évènements. Ses cernes semblaient être plus creusés, ses traits tirés, les sourcils froncés. Ses yeux s’étaient replantés sur la silhouette à la démarche impérieuse, de retour devant son bureau.
Iris lâcha ses mots et l’assistante ne put se retenir d’ouvrir des yeux ronds. Le choc la souffla avant de l’énerver. La situation était lunaire et elle eut presque l’envie de rire jaune, tentée de répondre sur le même niveau d’absurde. L’insolente attitude de sa belle-sœur la blessait et était déjà oubliée la requête qu’elle voulait lui formuler. Un mélange étrange de colère et d’inquiétude pulsait sous sa peau, les doigts crispés sur le bois. Les quelques secondes semblèrent s’étirer sur des heures et elle voulut ouvrir la bouche pour répondre enfin quand la métamorphomage s’exprima à nouveau pour la couper sèchement.
Cette fois, l’offense dépassa sa capacité à rester complètement impassible et la prophétesse se redressa en claquant sa main sur le dessus de son bureau. Il était déjà étonnant qu’Isla laissa échapper une vague de violence de cette manière, et elle prit quelques secondes pour éviter de laisser échapper quelque chose qui la tourmenterait par la suite. Ses yeux, cependant, foudroyaient son interlocutrice.
« Comment oses-tu. » Il lui semblait difficile de reprendre le contrôle sur la tempête qui menaçait. Pour toute stratégie, Isla décida de se murer derrière une froideur qu’Iris n’avait jamais méritée jusqu’alors. Elle s’efforça en silence de remonter les murs que sa petite démonstration d’arrogance avait soufflés et se redressa, croisant ses doigts à s’en blanchir les phalanges.
Elle se sentit capable, au bout d’un certain temps, de contourner son bureau pour s’approcher de la métamorphomage et se planter devant elle ; les épaules redressées et l’orgueil en avant pour seule défense alors que la confusion barrait son regard.
« Que justifie cet élan d’audace, Iris ? »
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L'espace d'une microseconde, le coup porté sur la table ramena Iris en avant, comme une mer de vague. La surprise eut l'effet de décrocher le morceau d'esprit férocement agrippée à son âme, au moins le temps d'une respiration, le temps d'analyser avec confusion la situation et le désastre qui se déroulait sans qu'elle n'ait aucune emprise dessus. L'urgence et la peur bousculaient les mots dans sa gorge, mais avant qu'Iris ne puisse alerter sa belle-sœur, elle disparaissait déjà derrière le masque froid de Siuan.
De nouveau, elle se retrouva à sa place de spectatrice. Le geste d'Isla avait été si brusque et surprenant, qu'il aurait pu interrompre cette connexion dérangeante entre Siuan et Iris. S'en était trop pour la prophétesse et à raison. Tout ça n'aurait pas plus mal tomber alors qu'elle s'épuisait de voir que personne à Avalon ne semblait l'écouter, qu'elle subissait l'absence persistante d'un mari qui ne reviendrait jamais et que désormais, sa parente en qui elle vouait une admiration et un amour certains, venait de périr… Seulement, son éclat de colère ne fit qu'alimenter la satisfaction troublante qui gagnait le cœur de la Sharp Eye.
Comment osait-elle ?
C'était pourtant simple. Elle n'était pas son laquait et Isla n'avait aucun droit sur sa personne.
Cette nouvelle arrogance et ce besoin de faire comprendre que la prophétesse n'avait aucun pouvoir sur elle lui brûlait le crâne. Le fragment agissait comme un parasite qui se ravissait de pomper l'énergie vitale de l'autre et de grossir, encore et encore. Cependant, le corps d'Iris frémissait, ses muscles tendus à l'extrême, l'estomac était atrocement noué si bien qu'une nouvelle nausée menaçait. Elle avait la sensation qu'un brasier s'insinuait dans chaque veine.
Quelque chose n'allait pas.
Le regard vert d'Iris suivait la démarche crispée d'Isla et malgré son visage qui avait repris le masque que l'on portait en tant que seconde de la Suprême, une part de la Sharp Eye ensevelit sous les gravats d'un être dangereusement instable sût que son corps se rendait lui-même malade de l'affront qui se jouait entre les deux femmes.
Face à face, les deux mages se jaugeaient. Un frisson d'effroi traversa l'échine d'Iris. Isla se dressait les épaules droites, le regard confus mais plus froid que n'importe quel hiver. La mage était imposante et savait se montrer terrifiante. Personne n'avait envie de se mesurer à elle, ni subir ses remontrances. Elle faisait trembler l'enfant au fond du cœur d'Iris, mais certainement pas la part de Siuan qui, de ce frisson, interpréta une excitation certaine de se mesurer à la prophétesse. On lui avait tant marché dessus enfant et tant utilisé comme si elle n'était rien d'autre qu'un morceau de chair sans importance qu'il n'était pas question que cela se reproduise. Que l'on soit Suprême ou sa Seconde.
"Je n'ai pas à me justifier. Tu ne me contrôles pas."
A son tour, elle redressa les épaules et le menton avec un air d'affirmation. Le décès de Rhiannon semblait n'avoir jamais eu lieu et d'un regard extérieur, la scène paraissait terriblement scandaleuse.
La nausée comprima violemment son estomac. Un spasme déforma son visage le temps d'une seconde. Iris souffrait de martyr, se griffait l'esprit comme un animal sauvage que l'on aurait pris au piège. Ce qu'elle vit passer dans le regard d'Isla était aussi douloureux que l'absence de James car, l'espace d'un instant, elle fut intimement persuadé qu'elle aussi, elle allait la perdre.
De nouveau, elle se retrouva à sa place de spectatrice. Le geste d'Isla avait été si brusque et surprenant, qu'il aurait pu interrompre cette connexion dérangeante entre Siuan et Iris. S'en était trop pour la prophétesse et à raison. Tout ça n'aurait pas plus mal tomber alors qu'elle s'épuisait de voir que personne à Avalon ne semblait l'écouter, qu'elle subissait l'absence persistante d'un mari qui ne reviendrait jamais et que désormais, sa parente en qui elle vouait une admiration et un amour certains, venait de périr… Seulement, son éclat de colère ne fit qu'alimenter la satisfaction troublante qui gagnait le cœur de la Sharp Eye.
Comment osait-elle ?
C'était pourtant simple. Elle n'était pas son laquait et Isla n'avait aucun droit sur sa personne.
Cette nouvelle arrogance et ce besoin de faire comprendre que la prophétesse n'avait aucun pouvoir sur elle lui brûlait le crâne. Le fragment agissait comme un parasite qui se ravissait de pomper l'énergie vitale de l'autre et de grossir, encore et encore. Cependant, le corps d'Iris frémissait, ses muscles tendus à l'extrême, l'estomac était atrocement noué si bien qu'une nouvelle nausée menaçait. Elle avait la sensation qu'un brasier s'insinuait dans chaque veine.
Quelque chose n'allait pas.
Le regard vert d'Iris suivait la démarche crispée d'Isla et malgré son visage qui avait repris le masque que l'on portait en tant que seconde de la Suprême, une part de la Sharp Eye ensevelit sous les gravats d'un être dangereusement instable sût que son corps se rendait lui-même malade de l'affront qui se jouait entre les deux femmes.
Face à face, les deux mages se jaugeaient. Un frisson d'effroi traversa l'échine d'Iris. Isla se dressait les épaules droites, le regard confus mais plus froid que n'importe quel hiver. La mage était imposante et savait se montrer terrifiante. Personne n'avait envie de se mesurer à elle, ni subir ses remontrances. Elle faisait trembler l'enfant au fond du cœur d'Iris, mais certainement pas la part de Siuan qui, de ce frisson, interpréta une excitation certaine de se mesurer à la prophétesse. On lui avait tant marché dessus enfant et tant utilisé comme si elle n'était rien d'autre qu'un morceau de chair sans importance qu'il n'était pas question que cela se reproduise. Que l'on soit Suprême ou sa Seconde.
"Je n'ai pas à me justifier. Tu ne me contrôles pas."
A son tour, elle redressa les épaules et le menton avec un air d'affirmation. Le décès de Rhiannon semblait n'avoir jamais eu lieu et d'un regard extérieur, la scène paraissait terriblement scandaleuse.
La nausée comprima violemment son estomac. Un spasme déforma son visage le temps d'une seconde. Iris souffrait de martyr, se griffait l'esprit comme un animal sauvage que l'on aurait pris au piège. Ce qu'elle vit passer dans le regard d'Isla était aussi douloureux que l'absence de James car, l'espace d'un instant, elle fut intimement persuadé qu'elle aussi, elle allait la perdre.
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@ Isla R. Darcy
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La justification ou plutôt son absence tomba brutalement et Isla ne voulut céder à la confusion, s’enlisa plutôt dans la colère. Elle ne comprenait pas l’orgueil qui prenait Iris, observait la stature qui ne lui ressemblait pas. Sa belle-sœur ne faisait pas partie de ceux qui roulaient des épaules, poings en avant pour abattre des murs même alliés. Elle avait grandi en cherchant à se protéger de tout et surtout de perdre le contrôle de ses émotions. Mais elle n’avait jamais monté ses forteresses au détriment des autres et surtout pas de sa famille. Les Crawley, encore plus que les Darcy, étaient des personnes particulièrement unies, loyales les unes envers les autres. Le défi qui teintait son regard était parfaitement inhabituel.
La prophétesse garda le silence un temps certain, tachant de se contrôler. Elle ne voulait pas expliquer de manière rationnelle le comportement de sa belle-sœur pour l’instant. Sa spontanéité si couramment court-circuitée demandait vengeance pour cet affront tout particulier.
« Je ne te contrôle pas, non. » Le ton était sec et froid, les mâchoires serrées. Iris avait l’occasion d’observer la seconde de la Suprême perdre son sang-froid. « Je connais les termes de notre contrat. Mais il me semblait qu’avec la mort récente de Rhiannon tu ne m’en voudrais pas de te demander de faire une exception. » Isla savait à quel point Iris était attachée à sa grand-mère, et sa remarque n’était pas exempte d’une cruauté qu’elle s’attachait à ne pas démontrer. La prophétesse ne savait plus quoi lui dire. « Tu peux disposer. »
La prophétesse garda le silence un temps certain, tachant de se contrôler. Elle ne voulait pas expliquer de manière rationnelle le comportement de sa belle-sœur pour l’instant. Sa spontanéité si couramment court-circuitée demandait vengeance pour cet affront tout particulier.
« Je ne te contrôle pas, non. » Le ton était sec et froid, les mâchoires serrées. Iris avait l’occasion d’observer la seconde de la Suprême perdre son sang-froid. « Je connais les termes de notre contrat. Mais il me semblait qu’avec la mort récente de Rhiannon tu ne m’en voudrais pas de te demander de faire une exception. » Isla savait à quel point Iris était attachée à sa grand-mère, et sa remarque n’était pas exempte d’une cruauté qu’elle s’attachait à ne pas démontrer. La prophétesse ne savait plus quoi lui dire. « Tu peux disposer. »
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@ Iris Crawley
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Isla perdait patience, Iris gagnait en insolence. Si encore fut-elle réellement Iris Crawley. L'âme de la Sharp Eye se trouvait désormais noyée dans une brume épaisse et étouffante. Elle paniquait comme coincée dans un caisson d'acier, balancée en mer. La personne qui répondait en son nom, corrompu par des émotions violentes, usées, incomprises, se tenait les épaules droites, le regard incisif. Ses yeux analysaient les stigmates d'une colère évidente qui crépitait sous la peau de la prophétesse. Désormais dépourvue de son masque, il était enfin possible de lire les émotions qui traversaient la Darcy. Au fur et à mesure que la conversation se poursuivait, il régnait un tumulte agressif dans l'esprit de la Sharp Eye. On ne s'entendait plus pensée là-dedans. Le fragment était planté dans son crâne comme un morceau de verre dans la peau, et il s'enracinait pour venir dangereusement gangréner l'esprit de l'hôte.
Aveuglée par sa fureur, Isla ne voyait rien et elle n'était pas la seule. Ces derniers temps, personne ne comprenait les sauts d'humeurs d'Iris. La jeune femme était à la fois présente et absente. Elle-même et quelqu'un d'autre. De loin, son comportement s'apparentait à une forme de dépression retardataire, ses parents mettaient ça sur le dos de ses recherches abandonnées, d'autres sur un travail trop intensif.
La seule qui aurait pu entendre les cris silencieux et désespérées d'Iris qui, parfois, pouvaient se lire au fond de ses pupilles claires, était assourdie de colère et de blessure. Son ton était sec, il n'était même plus question d'autorité ici. C'était une façon de retenir toute sa fureur pour ne pas la déverser sur une Iris qui ne cillait pas, ni ne semblait vouloir s'excuser de son comportement dégueulasse. Le prénom de "Rhiannon" résonnait quelque part chez la Sharp Eye, comme un écho très très lointain. Ça ne lui provoqua rien, pas même un frémissement. Il y avait tout au plus un vague sentiment connu du deuil qui fut enseveli par la cacophonie ambiante de son crâne.
Sa migraine pulsait furieusement dans l'ensemble de sa tête.
Isla en avait fini avec elle et il était temps.
"Being in mourning doesn't excuse everything"
La langue anglaise remplaça sa langue maternelle, sorti de nulle part.
Iris n'avait jamais été cruelle, pourtant elle prononça ses mots ciller avec une intonation étrange. Un timbre qu'on ne lui connaissait pas.
Aveuglée par sa fureur, Isla ne voyait rien et elle n'était pas la seule. Ces derniers temps, personne ne comprenait les sauts d'humeurs d'Iris. La jeune femme était à la fois présente et absente. Elle-même et quelqu'un d'autre. De loin, son comportement s'apparentait à une forme de dépression retardataire, ses parents mettaient ça sur le dos de ses recherches abandonnées, d'autres sur un travail trop intensif.
La seule qui aurait pu entendre les cris silencieux et désespérées d'Iris qui, parfois, pouvaient se lire au fond de ses pupilles claires, était assourdie de colère et de blessure. Son ton était sec, il n'était même plus question d'autorité ici. C'était une façon de retenir toute sa fureur pour ne pas la déverser sur une Iris qui ne cillait pas, ni ne semblait vouloir s'excuser de son comportement dégueulasse. Le prénom de "Rhiannon" résonnait quelque part chez la Sharp Eye, comme un écho très très lointain. Ça ne lui provoqua rien, pas même un frémissement. Il y avait tout au plus un vague sentiment connu du deuil qui fut enseveli par la cacophonie ambiante de son crâne.
Sa migraine pulsait furieusement dans l'ensemble de sa tête.
Isla en avait fini avec elle et il était temps.
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Isla s’attendait à ce qu’Iris s’en aille en claquant la porte, après sa démonstration d’insolence, le départ ainsi imaginait lui semblait seyant. Elle n’arrivait plus à lire sa belle-sœur, de toute façon trop aveuglée par sa colère pour lui donner du crédit. Il était évident que la jeune femme était souffrante mais Isla passait égoïstement au-dessus des symptômes visibles et s’accrochait à sa mauvaise attitude pour justifier davantage l’élan de colère qui la traversait.
À la place, Iris s’exprima à nouveau et cette fois dans une langue qu’elle n’avait pas l’habitude d’entendre passer les lèvres de la Sharp Eye. L’anglais était bien meilleur que le sien et résonnait clairement, travaillé depuis des années. Un peu plus noble que ce qu’elle avait déjà eu l’occasion d’entendre de la part d’Iris et le fait même de parler en anglais, ainsi que la violence de ses mots souffla Isla qui en sembla affectée physique, un pas en arrière. Un éclair de douleur passa sur son visage et elle se retint en même temps de laisser échapper une vague de violence alors que ses doigts la picotaient. Un souffle affecté passa ses lèvres.
Isla secoua le visage et se redressa, comme pour reprendre le contrôle de l’échange. Iris pouvait se targuer d’avoir bouleversé la prophétesse d’ordinaire imperturbable. Quand elle s’en sentit capable enfin, elle reprit la parole sur un ton bas, beaucoup trop calme.
« Je crois que tu t’es bien faite comprendre, Iris. Il est inutile d’insister. » Derrière la porte de son bureau fermée, Isla perçut des pas qu’elle ignora complètement. Elle savait que sa supérieure allait rentrer mais l’idée lui importait également peu. « Laisse-moi te faire entendre ce que j’ai à dire, maintenant. Je ne sais, par Merlin, ce qui te prends, mais c’est assez. Je ne supporterais pas davantage cette attitude. » Isla reposa son regard clair dans celui de sa belle-sœur et l’accrocha. « Puisque la tâche te semble être si fastidieuse, considère-toi relevée de tes fonctions. À partir de cette seconde même, Iris, tu n’es plus soumise à mon contrôle. » La prophétesse crut voir un éclat différent passer les yeux colériques de sa belle-sœur mais ne s’y attarda pas. La porte de son bureau s’ouvrit sur Filippa. « Je n’ai pas d’autres mots pour t’exprimer ma déception. Maintenant va-t-en. » Isla décida de lui tourner le dos. Elle n’avait plus rien à faire avec elle.
À la place, Iris s’exprima à nouveau et cette fois dans une langue qu’elle n’avait pas l’habitude d’entendre passer les lèvres de la Sharp Eye. L’anglais était bien meilleur que le sien et résonnait clairement, travaillé depuis des années. Un peu plus noble que ce qu’elle avait déjà eu l’occasion d’entendre de la part d’Iris et le fait même de parler en anglais, ainsi que la violence de ses mots souffla Isla qui en sembla affectée physique, un pas en arrière. Un éclair de douleur passa sur son visage et elle se retint en même temps de laisser échapper une vague de violence alors que ses doigts la picotaient. Un souffle affecté passa ses lèvres.
Isla secoua le visage et se redressa, comme pour reprendre le contrôle de l’échange. Iris pouvait se targuer d’avoir bouleversé la prophétesse d’ordinaire imperturbable. Quand elle s’en sentit capable enfin, elle reprit la parole sur un ton bas, beaucoup trop calme.
« Je crois que tu t’es bien faite comprendre, Iris. Il est inutile d’insister. » Derrière la porte de son bureau fermée, Isla perçut des pas qu’elle ignora complètement. Elle savait que sa supérieure allait rentrer mais l’idée lui importait également peu. « Laisse-moi te faire entendre ce que j’ai à dire, maintenant. Je ne sais, par Merlin, ce qui te prends, mais c’est assez. Je ne supporterais pas davantage cette attitude. » Isla reposa son regard clair dans celui de sa belle-sœur et l’accrocha. « Puisque la tâche te semble être si fastidieuse, considère-toi relevée de tes fonctions. À partir de cette seconde même, Iris, tu n’es plus soumise à mon contrôle. » La prophétesse crut voir un éclat différent passer les yeux colériques de sa belle-sœur mais ne s’y attarda pas. La porte de son bureau s’ouvrit sur Filippa. « Je n’ai pas d’autres mots pour t’exprimer ma déception. Maintenant va-t-en. » Isla décida de lui tourner le dos. Elle n’avait plus rien à faire avec elle.
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