A l'instant, j'avais du mal à identifier l'ensemble des émotions qui me traversaient. La colère ? Oui, mais elle ne dominait pas tout, juste présente parce que je n'aimais pas être au cœur de rumeurs. La peur ? Pas vraiment, juste un tout petit peu parce que ça risquait de changer des choses et je n'étais pas sûre d'aimer ce qui allait arriver. Déjà Delilah avait réagit à ça et ça avait mené à une drôle de situation. Le problème ? C'est que je ne pouvais rien y faire ! Ce journaliste n'était pas atteignable et je ne pouvais qu'agir avec mes mots sur les personnes qui m'interrogeaient. Clairement, j'aurais préféré ne pas avoir à dire quoi que ce soit à qui que ce soit, que ce soit un non-sujet... mais ce n'était pas le cas.

Enfin, après avoir raté Alistair hier, je me dirigeais vers le pommier d'un pas assuré et rapide. Je savais qu'il serait là-bas, nous nous étions mis d'accord pour nous voir un peu plus tôt. J'aurais pu y aller en courant, mais je ne tenais pas à commencer la journée en sueur. Autant pour le nez de mes camarades que pour mon propre bien-être. Et puis, j'étais sûre que j'aurais bien assez de sport en cours pour ne pas en faire plus. Alors que j'arrivais à l'école, j'allais me caler contre un mur, laissant tomber mon sac en bandoulière au sol. Enfin, tomber... s'écraser plutôt. Ouais je ne prenais pas vraiment soin de mes affaires. Y avait rien de fragile après tout dedans.

Je finis par le voir arriver, un sourire naissant sur mes lèvres. J'adorais Al, le temps qu'on passait ensemble était sûrement la raison de cette rumeur et pourtant... elle était fausse. Je n'étais ni triste, ni heureuse de ce fait, c'était juste un fait. Et je détestais la personne qui avait écrit ces âneries car Al et moi étions les seuls à pouvoir définir notre relation, personne d'autre !

- Salut Al' ! Je pense que t'as aussi lu le journal et leurs "news"...

J'étais comme d'habitude envers lui, j'avais seulement pris un ton ironique en parlant de news, vu que la nouvelle n'était pas une vraie nouvelle.

On va pas se mentir... à la maison c’est la merde. J’ai l’impression de vivre sur le territoire neutre entre deux zones de guerre en pleine guerre froide, non je SUIS cette zone neutre. J’ai l’impression d’être devenu l’unique raison pour laquelle mes mères acceptent de se côtoyer sous le même toit. Enfin le même toit, c’est vite dit, tout est bon pour quitter le foyer pour l’une comme pour l’autre. Je passais le plus clair de mon temps seul ou avec bouftou, heureusement il y avait Edna qui était une bouffée d’oxygène mais... ça aussi on semblait vouloir me le retirer. Je ne lisais pas trop le journal, la plupart du temps ça n’était qu’un gros ramassie de conneries et les dernières nouvelles me donnaient raison. Alors oui, j’avais eu connaissance de cet “article” enfin article, non, quelques lignes simplement, de quoi amusé quelques camarades dont un qui l’avait regretté en sentant mon poing s’abattre sur son nez. Ce qu’il avait mérité non pas en m’insultant mais en insinuant qu’Ed et sa mère étaient tombées au plus bas. Bref, franchement j’étais pas d’humeur à entendre ce genre de connerie ce jour là mais il avait eu l’amabilité de ne pas s’en plaindre à plus... gradé.

J’avais rendez-vous avez Edna, avant les cours, sans doute pour parler de ça.. ou de l’article en question. Nous n’avions pas eu le temps de vraiment nous voir et j’ignorais complètement si elle avait eu vent de mon dernier “exploit” de boxeur. J’avais vraiment pas envie ou besoin qu’elle m’en veuille en ce moment. Tout me semblait compliqué. Vraiment tout. J’arrivais sur le lieu de rendez-vous, main dans les poches, sac en bandoulière sur ma hanche et j’esquissais un sourire en reconnaissant simplement sa silhouette et ses cheveux de feu de loin. Je la connaissais par coeur et c’était peut-être pour ça que j’espérais qu’elle ne m’en veuille pas trop de mes actes. Oh non, ne vous méprenez pas, elle ne m’en voudrait pas d’avoir coller ma gauche dans son nez mais plutôt de ne pas l’avoir attendu pour ça!

Salut. Ouais... pff franchement ils ont rien d’autre à faire que d’écrire des trucs pareils. Ta mère l’a pas trop mal pris? Parce que bon... ouais dans l’histoire on me traitait peut être de boulet et de garnement mais bon c’était pas moi le plus insulté enfin, je ne le prenais pas comme ça. J’étais proche d’Ed ça n’était un secret pour personne et pour rien au monde je passerai moins de temps à ses côtés alors après que ça fasse jaser... rien a foutre.