Isla venait de la saluer de loin, tout comme Andrea qui lui avait adressé un signe de la main auquel elle répondit mollement. Elle n’eut pas le temps de s’attarder sur son amie, trop concentrée sur Fay, son doigt ensanglanté dans la bouche, qui ne semblait absolument pas ravi du résultat des fleurs. Iris, elle, les trouvait jolis. Elle n’était pas la plus experte des deux, aussi elle s’abstient de dire quoi que ce soit.
Elle jouait toujours avec le bâtonnet de glace entre ses dents quand Fay lui fit une remarque des plus justes.

- Si, si, lâcha-t-elle. Je préfère juste le calme à la foule. »

Comme pour appuyer ses propos, un gamin fusa entre les deux femmes en riant, vrillant les tempes de la Sharp Eye qui gueula un « EH ! », son bâtonnet tomba au sol. Il venait de lui marcher sur le pied, de bousculer Fay qu’elle eut tout juste le temps de rattraper. L’enfant n’en fit aucun cas comme à peu près toute la dizaine qui venait de traverser la foule. On aurait dit des Lutins de Cornouailles libérés de leur cage. L’insouciance en étendard, il sauta par-dessus le parterre de fleurs, bousculant méchamment nombreux pétales.

- Je t’y aiderais bien volontiers, grommela la Sharp Eye. Réa se ferait une joie d’en faire son dîner et Iris, de la regarder faire.

Les bras autour de Fay, elle ne prêtait peu de cas à ce contact jusqu’à ce que la jeune femme ne se redresse, un sourire gêné aux lèvres. Son regard bleu balaya la foule sans qu’Iris ne comprenne celui qu’elle cherchait, ignorante de certains secrets. Elle se contenta d’hausser les épaules face aux remerciements, se pencha pour ramasser le bâton qu’elle jeta dans une des poubelles. Les parterres au loin n’avaient pas apprécié d’être chahutés.

- Viens, l’invita Iris en effleurant son coude de sa paume. Je vais t’aider à les remettre en forme. On pourra peut-être pour retrouver le gnome qui fera le dîner de Réa. »

Résumé :

Elle ne s’embarrassa pas d’une réponse à Isla, puisque la secrétaire n’avait pas tort. Siuan n’était pas tranquille, le même sentiment de malaise lui prenant le ventre depuis le début de la journée. Elle ne savait pas dire ce qui l’inquiétait, ni même ce qu’elle craignait qu’il arrivât. Elle doutait que quelqu’un fût assez stupide pour essayer de s’en prendre physiquement à la Suprême, qui se mêlait à la foule mais quand même entourée de plusieurs Gardiens, pas si discrets qu’ils auraient pu l’être. Il y avait également l’un de ses Aes Sedai qui se tenait dans l’orbite de la sorcière, par chance beaucoup plus discret. Non, ce qui l’inquiétait c’était le silence radio des dissidents, l’absence totale de mouvement et de réunions, qui indiquait clairement que quelque chose risquait de se passer dans les jours à venir. Mais quoi ?

La voix d’Isla attira son attention à nouveau et elle la dévisagea un instant. Le fait que la secrétaire fût aussi mal à l’aise qu’elle ne faisait que renforcer le sentiment de méfiance de Siuan. « Personne ne s’en prendra à la Suprême. » Murmura-t-elle en réponse, convaincue. S’attaquer à leur sorcière en chef ne permettrait pas aux dissidents de s’attirer la compassion des Avalantes, bien au contraire. Siuan pivota soudainement lorsqu’un enfant lui passa presque dessus, et elle l’attrapa par le col au passage, l’attirant peut-être un peu trop fermement en arrière. Elle baissa les yeux vers lui, fronçant les sourcils. Elle ne put se retenir d’aller faire un petit tour dans sa tête, contrariée par le chaos qu’ils semaient. Leurs yeux se croisèrent et elle n’eut besoin de prononcer le sort pour faire un petit tour dans ses pensées, bien trop structurées pour un enfant. Elle le relâcha soudainement en voyant un brin de terreur dans ses yeux. Elle se tourna vers Isla, perturbée. « Ca n’était pas … » Elle se tut, pensive, et jeta à nouveau un œil sur les enfants, dont le chaos semblait finalement avoir un peu de sens. Ou alors était-ce seulement dans sa tête ? « Ils ne te paraissent pas bizarres, ces enfants ? Leur comportement, je veux dire. » Demanda-t-elle finalement à Isla. « Sa tête ... » Continua-t-elle avec un doigt tapotant sa propre tempe, « Comme s’il n’avait pas dix ans mais plutôt quarante. »

Dé:

Résumé:

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'Dé ' : 2

La réfugiée avait plutôt été hermétique aux changements d'ambiance ; elle s'était attardée à discuter avec l'une des filles de Lerinda, avant de prendre congés pour flâner là où les stands étaient les plus bruyants. Pourtant, quand elle voulut s'intéresser de plus près à un stand qui offrait des origamis presque aussi vivants que de vraies créatures, elle ne put que constater que l'heure n'était plus aux enfantillages et aux amusements. Ni une ni deux, elle scruta le sol, d’abord, cherchant la source de ce sifflement qui lui crevait les tympans. Elle dut se boucher les oreilles avec les mains, se concentrant pour ne pas laisser ce son lui envahir tous les sens. Relevant finalement son regard vers le ciel, elle assista, impuissante et incrédule au bordel qui venait d’exploser au-dessus de leurs têtes. Un simple coup d’œil à sa femme lui fit comprendre que cette mascarade n’était pas prévue, et elle chercha alors son fils du regard, ne laissant pas la panique se lire sur ses traits ; sa femme pouvait bien se défendre, mais il fallait qu’elle s’assure que son fils soit à porter de bras pour le traîner en sécurité. Une fois qu’elle le retrouva, elle se lança à sa suite, se rapprochant de lui en quelques grandes enjambées. «  @Alistair Damodred ! Alistair, viens par ici. » Elle l’attira près elle, s'assura qu'il n'avait rien et le plaça ensuite derrière elle – bien qu’il soit plus grand qu’elle, mais passons - et devant  @Edna Rosebury. « Je ne crois pas que ce soit tout à fait normal… Restez avec moi, et tâchons de retrouver Lynn. » Il lui fallait rassembler les troupes pour au moins avoir l’impression d’avoir le contrôle sur quelque chose, dans cette situation…

Résumé:

La grande perche est trop remontée par son altercation avec le p'tit con et du fait que sa cousine se soit littéralement retrouvée sur  @Iris Crawley pour se rendre compte de quoi que ce soit. Elle cherche les garnements du regard, scrute la foule et peste avant de remarquer que tous les enfants qui semblaient foutre le bordel ont disparu... Étrange. Elle se fourre un autre beignet dans le bec et se rapproche de  @Fay de Beaumenoir et de leur amie ; elle ne les aide pas avec les fleurs mais de toute façon... Il n'est plus temps de faire attention à elles, parce que tout part en sucette. Ça pète dans tous les sens, ça fuse, ça fait un vacarme monstre et ça rugit dans les airs. Elle agit donc avec le plus de logique possible : elle planque ses beignets dans une poche, se rapproche de Fay, le regard perdu dans les airs avant de suivre, sans un mot, les tracts tomber au sol... Elle glisse un baiser sur la tempe de sa cousine, jette une œillade à Iris et attrape un bout de papier... Merde. Les mots qu'elle y voit ne lui plaisent pas. Elle fourre le papier dans sa poche, tant pis s'il devient gras ; il faudra qu'elle réfléchisse à sa plus tard, quand elle sera seule avec son bois. « Merci d'avoir retenue Fay. », glisse-t-elle à Iris. « Ça va, vous, rien de cassé ? » Ça sent le souffre et elle est nerveuse, regarde autour d'elle, prête à péter des gueules si nécessaire.

Résumé:

Andrea ne l’avait pas regardée longtemps, son attention elle aussi attirée par les enfants, et Fay fut à nouveau distraite par Iris, qui lui proposait d’aller l’aider remettre en forme les plantes. La proposition lui arracha un sourire, et elle se laissa entraîner par ce contact sur son coude vers les parterres de fleurs situés un peu plus loin. Elle eut à peine le temps de commencer à s’y pencher qu’ils semblèrent entrer en éruption, projetant on-ne-sait-quoi dans le ciel. Fay bascula en arrière sous la surprise, se rattrapant une seconde fois à Iris, sans s’attarder cette fois-ci. Plutôt que regarder le ciel, qui bourdonnait de magie, son attention était fixée sur les fleurs, et elle vérifiait, à moitié à genoux, si elles n’avaient rien eu. Elle infusa de sa magie les quelques brins abîmés, poussant la contrariété qu’elle ressentait hors de son cerveau.  Lorsque ses fleurs avaient retrouvé leur santé, alors elle se redressa, et constata avec un regard surpris qu’il semblait pleuvoir des tracts.

Andrea, soudainement présente, pressa un baiser contre sa tempe et elle lui attrapa le bras lorsqu’elle se redressa, lisant le papier qu’elle tenait dans sa main par-dessus son épaule. Les mots qu’elle y lut ne lui firent ni chaud ni froid, hormis la pensée fugace que quelqu’un qui prétendait vouloir sauver le reste des sorciers n’était pas capable de respecter les plantes et sa propre communauté, en semant un brin de terreur pour faire passer son message. Sans dire un mot, elle  glissa son dos contre le torse de sa cousine, utilisant la prise qu’elle avait encore sur son bras pour l’encourager à l’enlacer. « Je ne suis pas sûre que les rosiers leur pardonneront. » Dit-elle simplement. Oh, qu’est-ce qu’elle aurait été mieux chez elle. Elle partagea un sourire avec Iris, même si sa nervosité était trahie par la prise qu’elle avait sur les doigts d’Andrea.

Résumé:

Attentive aux mouvements de la Spymaster, Isla l’observe fouiller dans les pensées de l’enfant attrapé à la volée. En voilà une bonne idée, se dit-elle. Les enfants chahutant dans la foule ne lui plaisaient pas non plus, en réalité, rien, ce soir ne lui plaisait. Au final, il n’était pas forcément bon que les deux adversaires travaillent de concert : cela voulait toujours dire que quelque chose n’allait pas.
Mais l’éclat dans les yeux de la Spymaster lui fait oublier ses divagations, son regard revient se planter dans celui de Siuan qui se confie à son tour.

« Je n’ai remarqué que leur bazar jusque maintenant. » La prophétesse imprime les mots de l’espionne, et se questionne sur la marche à suivre. Elle lui fait confiance et serait stupide d’ignorer un tel avertissement.
Alors elle fronce les sourcils cherche alors les enfants du regard mais ceux-ci semblent s’être si bien éparpillés qu’elle n’arrive plus à capter leur silhouette.
Une sensation étrange lui parvient, un sentiment d’urgence sonne l’alerte et un acouphène s’élève au creux de son oreille. Isla est soudainement profondément mal-à-l’aise. Son regard vire vers la Suprême, s’assurant de sa présence pas loin, puis revient se planter dans celui de Siuan et s’éloigne à nouveau à la recherche de ce qui lui colle cette mauvaise sensation entre les côtes.

« Je… Je ne sais pas. » Ses yeux parcourent la foule à toute vitesse et puis, un sifflement parcourt le ciel, se superpose à son acouphène, et l’explosion attire son attention. Isla blanchit.

« Ça n’était pas prévu. » Ses mots filent à toute vitesse, le visage fermé de colère, Isla se détache du spectacle lumineux pour observer autour d’elle en espérant trouver le responsable de cet imprévu. Isla n’aime pas les imprévus, surtout quand ceux-ci confirment le malaise qui ne cesse de croître en elle. Ses vêtements de fête perdent leur couleur, et la secrétaire se pare inconsciemment de noir suivant le changement de son état d’esprit. Elle passe au travail, et à la colère. Ses yeux captent un morceau de papier qui vient se poser et glisser le long de la silhouette de Siuan. L’assistante récupère le pamphlet et lit les premières lignes avec colère, lorsqu’une sensation familière se manifeste et ses yeux se voilent.

DÉ : Le troisième œil semble capter quelque chose, une image plus précise, une silhouette qu’elle n’arrive cependant pas à préciser. La vision s’augmente de sensations variées qui se superposent, des odeurs, des couleurs, le grain du soufre sous les doigts. La vision dure un moment et Isla semble se réveiller de longues secondes plus tard, agrippée au bras de la Spymaster.

Résumé:

Choix des dés:

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'Dé ' : 4

Siuan n’avait pas eu le temps de plus réfléchir à la question, et son regard s’arracha de celui d’Isla alors que des explosions semblaient retentir tout autour d’elles. Elle regarda rapidement la Suprême, protégée par son entourage, et ne s’en occupa pas plus longtemps, ses yeux glissant sur les parterres de fleurs d’où semblaient provenir les feux d’artifice. Elle doutait que la jeune Fay fût capable d’une telle chose, surtout lorsque ses plantes en pâtissaient, ce qui laissait donc … les enfants ? Etaient-ce eux, les responsables du soudain chaos ? Siuan ne put s’empêcher de sourire, ne serait-ce qu’une seconde, appréciant malgré elle la qualité de ce plan. Evidemment, personne n’aurait soupçonné des enfants, pas même elle ; une erreur qu’elle ne referait pas deux fois. Ses yeux trouvèrent rapidement sa femme à travers la foule, qui s'était rapprochée de leur fils, et de l'enfant de Lynn.

Elle contempla le spectacle avec curiosité, rassurée sur la sécurité de sa famille, se demandant quelle forme prendrait cette petite rébellion des dissidents. Si Aloysius en était à l’origine, il avait bien fait en sorte de se couvrir et Siuan savait déjà qu’elle n’arriverait pas à l’accuser. Son attention fut finalement focalisée sur les  pamphlets qui tombaient mollement du ciel, et elle en attrapa un au passage, tandis que d’autres continuaient à tomber autour d’elle. Elle le parcourut rapidement des yeux, avant d’écraser la feuille entre ses doigts. Oh, ça serait mentir que de dire que la petite manœuvre des dissidents ne rentrait pas parfaitement dans ses plans. Ce qui la dérangeait c’était de s’être fait prendre par surprise. Une telle attaque sur la politique de la Suprême ne resterait pas impunie, et Siuan en serait la première victime. Le jeu en valait peut-être la chandelle malgré tout. La soudaine prise d’Isla sur son bras la sortit de ses machinations internes, et elle jeta un œil sur la secrétaire. Ses yeux révulsés furent le seul indice dont elle eût besoin, et elle lâcha un soupir, attendant patiemment que la medium sortît de sa vision. Elle plaça une main délicate sur celle d’Isla, espérant que le contact permettrait à la secrétaire de retrouver ses esprits plus rapidement, ne serait-ce que par surprise. Lorsque les yeux d’Isla furent limpides à nouveau, Siuan haussa les sourcils. « Alors, qu’as-tu vu ? Quelque chose pour me faciliter le travail, j’espère ? » Le ton était à moitié sérieux, parce que Siuan n’avait pas besoin d’Isla pour l’aider, comme elle appréciait beaucoup le lui répéter.

Résumé:

Elle eut envie de répondre à son amie qu'être mère, cela ne venait pas instinctivement et que les choses s'apprenaient avec le temps. Lorsqu'Edna, sa propre fille, vint au monde, elle n'était absolument pas préparée. Et pourtant, avec du temps et de la patience, elle avait réussi.  Elle ne doutait pas un seul instant qu'Helen s'en sortirait merveilleusement, et sûrement bien mieux qu'elle. Son empathie naturelle, son humilité et sa douceur lui seront ses grandes forces dans cette formidable aventure. « Je n'étais pas mère avant Edna. Et regarde comme elle est aujourd'hui. » Sourit-elle doucement. Il fallait aussi noter que son amie avait évidemment participé à l'éducation de cette jeune fille. Elle savait qu'elle considérait sa filleule comme sa première princesse. La seconde recevrait à un amour équivalent.

Mais à présent, Lynn souhaitait profiter des festivités. Il y avait devant elle des friandises et boissons de toute sorte. Elle n'aimait pas particulièrement les sucreries. Mais un jus de fruit devrait faire l'affaire. Pour Helen et Lizzie, ce serait des soldats. Et Norah prit pour sa part une limonade. Lynn s'apprêtait donc à payer quand des bruits sourds se firent entendre. Une explosion tout particulièrement violente. Un spectacle particulièrement bruyant se déroula sous leurs yeux. Et enfin, des parchemins tombèrent du ciel. Elle n'en prit aucun entre ses doigts et se contenta de se pencher en avant pour regarder celui qui était venu s'échouer sur la table en bois devant elle. Elle se retint de rire en lisant les mots inscrits sur les tracts. Quelle belle poésie, se dit-elle avec un soupir. Il ne s'agissait pas là d'une réelle information, mais d'un simple constat. N'importe qui avec un cerveau pouvait deviner que le nombre de réfugiés augmenterait dans les mois futurs.

Mais cette action l'inquiètait - et l'intéressait tout de même. Cela signifiait que les dissidents étaient suffisamment nombreux pour mettre en place un plan relativement complexe. Il lui faudrait enquêter sur cette affaire pour rassembler les renseignements nécessaires. Mais ces idiots seraient bien capables de mettre en danger les autres pour atteindre leur objectifs. Elle espérait sincèrement que les explosions n'avaient pas provoqué plus de dégât ou fait de mal à des pauvres gens. Cela aurait pu être terriblement funeste. « Retrouvons Edna. Il vaut mieux rester ensemble. » Dit-elle dans un souffle. Où était donc sa fille ?

Résumé:

L’explosion manqua de changer la couleur de ses cheveux. Elle rattrapa Fay, les yeux rivés vers le ciel scintillant de magie, le cœur battant. Des créatures serpentent dans le vide en un ballet de crépitements colorés jusqu’à ce que l’un d’eux ne pousse un rugissement et n’éclate juste au-dessus d’eux. Une neige de papier virevolte sur le peuple d’Avalon et Iris a la gorge sèche. Elle ne prête ni attention à Fay,  ni à Andrea dont elle entend la voix de loin auquel elle répond un « hmhm » vague. Ses doigts attrapent l’un des tracts et sa lecture la glace. Héritière de réfugiés, son sang est dévoué à Avalon et tous ses habitants depuis sa naissance. Les enfants Crawley avaient été éduqués en ce sens : Respecter cette terre qui avait, un jour, sauvée leurs ancêtres. Ces mots imprimés devant ses yeux la révulsaient. L’odeur de brûlée prend le dessus sur les plantes fraîchement réanimés par Fay. D’un œil distrait, Iris survola les gestes plus que tendre des deux cousines. Une image vague qui lui reviendrait sûrement plus tard. La Sharp Eye chercha aussitôt du regard sa belle-sœur dont la robe s’était teintée de noire, sa main accrochée à Siuan, l’autre tenant un de ces papiers.

Si Isla était l’une des rares à savoir interpréter les différentes teintes d’Iris, cette dernière n’était pas non plus étrangère aux comportements évocateurs de la prophétesse.

- J’reviens, lâcha-t-elle le tract toujours en main. L’inquiétude tenaillait son ventre. Vous devriez peut-être rentrer. » Peut-être était elle parano, mais cette impression qui l’avait envahi un peu plus tôt lui serrait la gorge. Il y avait peu de chance que les dissidents ne passent à l’acte mais la mort de son frère avait éveillée chez elle une prudence parfois exagérée. Il n’était pas question qu’elle perde Andrea, ni Fay.
D’un pas rapide, elle rejoignit Siuan et Isla, les deux en pleine conversation.

- Qu’est-ce que tu as vu ? Tout va bien ? » Murmura Iris, soucieuse, effleurant l’avant-bras de sa belle-sœur.  

résumé:

L’odeur du feu lui brûle les narines, la chaleur la fait transpirer. Isla se sent moite, elle étouffe, aussi bien dans sa vision qu’au milieu de la foule réunie pour le solstice alors que sa respiration se coupe. L’odeur du sang lui donne envie de vomir, on crie à l’aide, on crie parce qu’un sort terrible est jeté. Isla se sent perdue, le décor se contorsionne : elle a envie d’hurler. Elle veut sortir de cet enfer immonde, la peur s’infiltre et redouble d’intensité alors que les images se concentrent sur une silhouette. Une forme, à l’aura noire, rayonne au milieu de ce chaos et semble jouir de la souffrance qui remplit l’air de poison. Elle va s’écrouler, elle le sent, sous la chape de plomb qui s’abaisse, petit à petit et plie son corps devenu trop petit. Ses yeux brûlent. Son corps ploie. Un cri franchit la barrière de ses lèvres et ouvre sa bouche, si fort, que sa peau se déchire jusque ses pommettes.

Tout à coup, le décor vire et Isla se sent projetée ailleurs, le sol se dérobe sous ses pieds et elle prend froid.  

La peur fait place à la colère, qui l’électrise. Elle ne reconnait pas son environnement, ne saisit pas où la pièce commence et s’arrête. Sa tête tourne, ses sens sont en ébullition, elle étouffe. Cette fois, c’est la voix de Siuan qui retentit comme un éclat de verre brisé contre sa boite crânienne. « You’re taking this to your grave Cygnus ». ses yeux la brûlent, l’odeur métallique du sang lui parvient, une silhouette s’écroule lourdement et la prophétesse revient brutalement à la réalité.

Son corps entier se décontracte, une violente nausée la saisit et elle s’éjecte du contact de Siuan. La prophétesse a un mal fou à reprendre en main la réalité. Elle entend résonner son propre cri, et les mots de Siuan. Les odeurs se superposent, ses sens semblent avoir imprégnés le contenu de ses prédictions. Son corps tremble alors qu’elle fixe le sol en quête d’un élément à fixer. Petit à petit, les bruits du solstice reprennent le dessus et le crépitement du feu, l’odeur de la chaire brulée et du sang s’atténuent doucement. Elle n’a pas entendu la Spymaster. Il faut qu’elle se reprenne, là, maintenant. Le danger est grand, et il guette.

Isla inspire, expire, s’essaie à contenir son repas qui ne demande qu’à être rendu. Ses yeux remontent, viennent s’ancrer de ceux de Siuan et s’y fixent pour un long moment.

« La mort Siuan. J’ai vu la mort, et elle parle une langue qui n’est pas la nôtre. » Isla est des plus sérieuses, la voix basse, perturbée. Elle voudrait tout dire à son adversaire, mais Iris débarque en périphérie. Ce n’est que le contact léger de sa main contre son avant-bras qui l’électrise suffisamment pour la faire réagir et couper le contact visuel avec la Spymaster.

« Non. Ne me touche pas. Elle fait un pas en arrière. Je dois retrouver la Suprême. »

Résumé:

sorry:

Choix des dés - Vision Siuan:

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'Dé ' : 3

La vision d’Isla semblait durer et durer, et Siuan s’en inquiétait un peu. De toutes les années où elles se connaissaient, la medium avait eu quelques visions en présence de la Damodred, mais jamais aussi longues. Tous les traits de la Darcy étaient tendus, et sa prise sur le bras de Siuan presque douloureuse. Jusqu’à ce qu’elle la lâchât, le corps à nouveau tendre. La Spymaster accompagna son geste après avoir lâché sa main, prête à la rattraper, au cas où la medium tournât de l’œil. Même si elle préférait s’engueuler avec Isla plutôt que de lui tenir la main, elle ne souhaitait pas non plus qu’elle s’écrasât au sol. Finalement, après quelques inspirations que Siuan était tentée de prendre avec elle tellement le silence la frustrait, Isla lui fit une déclaration des plus cryptiques.

Avant qu’elle ne pût lui demander de s’expliquer, de rentrer dans les détails, Iris était à côté d’elles. Siuan lui jeta un œil surpris, parce qu’elle ne l’avait pas entendue arriver, mais son attention fut rapidement emportée par la secrétaire à nouveau. Celle-ci reculait, échappant au contact hésitant d’Iris, et le geste la fit froncer des sourcils. D’un seul coup, tout se connecta dans l’esprit de Siuan. Il n’y avait pas que le tract qui avait déclenché quelque chose, assurément, puisque la Damodred lui avait attrapé la main juste après. « Non, non ! » Siuan fit un pas en avant et agrippa sans hésiter le col d’Isla. Son geste était sec, peut-être un peu trop violent, mais il n’y avait pas de temps pour le regretter. « Qu’est-ce que tu as vu ? » Lui demanda-t-elle à nouveau, avec plus d’empressement. Avec sa poigne, elle gardait Isla fermement là où elle était. Siuan jeta un œil en arrière vers Iris, une seconde, car elle savait que son amie était très proche de sa belle-sœur, et qu’elle n’apprécierait peut-être pas de la voir malmenée ainsi. Cela n’importait pas. « Quelle mort ? Quelle langue ? Où était-ce ? » La Damodred espérait que la mort ne faisait pas référence à son passé, ni à son futur, mais se trouvait plutôt être la première vision d’Isla. C’était celle qui importait le plus, finalement ; ce que la secrétaire avait pu voir sur elle finirait bien par ressortir tôt ou tard, Siuan n’en doutait pas.

Résumé:

Iris est piquée lorsqu’Isla la rabroue sèchement. Un sentiment qui s’évapore peu après, habituée aux humeurs de sa belle-sœur lorsque cette dernière est plus sensible encore que d’ordinaire au toucher. Par ailleurs, ce qui suit eu toute l’occasion de lui faire oublier cet incident sans importance.
La Sharp Eye ne sut ce que Siuan et Isla s’étaient échangées mais l’air inquiète des deux ne fit que nourrir son propre malaise. L’incompréhension la frustrait, pourtant, elle n’insista pas, respectueuse de l’état de la prophétesse. Elle avait appris à dealer avec ça depuis son plus jeune âge.

Le temps d’un souffle, l’ambiance vira de bord. L’éclat de colère fusa comme une flèche. Une bile brûlante remonta le long de sa gorge lorsque la Spymaster agrippa Isla avec rudesse par le col. Iris voit rouge. Quelle que soit les raisons qui poussent son amie – oui, amie. Elles en étaient là. -  à tant de brutalité, la Crawley s’en fout et attrape aussitôt son épaule pour la dégager de sa prise.

- Siuan ! Arrêtes ! »

Elle n’entendait rien, rien d’autre que l’urgence qui pressait Isla de répondre immédiatement. L’image de sa belle-sœur entre la poigne ferme de la Spymaster lui brûle les veines. Sa belle-sœur pouvait aisément se défendre seule, idiote serait la personne qui sous-estimerait la magie d’Isla, mais elle ne supporte pas que l’on touche à sa famille, ni qu’on les brutalise, d’autant plus pour un caprice. La prophétesse parlerait si elle lui en laissait seulement le temps.

- Quelle mort ? Quelle langue ? Où était-ce ? »

Aussi ces mots auraient dû lui mettre l'alerter, peut-être, si elle n’était pas si aveuglée par l’irritation. A croire que James lui avait laissé l’héritage de quelques-unes de ses impulsivités en disparaissant.
Cœur battant, Iris se glissa entre les deux femmes et repoussa vigoureusement Siuan, suffisamment avec force pour qu’elle daigne enfin lâcher Isla qui se trouve désormais derrière elle. La Spymaster l’avait tenu si fermement que le tissu avait grincé sous la poigne.  

- Ne la touche plus. Compris ? Le ton était froid, tranchant. Lâche là. »

Les dents serrées, la colère fusille ses yeux clairs qui s’assombrissent d’un voile menaçant. Ce n’était plus Isla qui lui faisait face, le regard planté dans le sien mais Iris, le corps tendu. Prête à faire barrage entre Siuan et sa belle-sœur malgré leur amitié.

Isla n’a le temps de faire que trois pas avant de se sentir tirée en arrière. L’interpellation de la Damodred lui coupe le souffle l’espace d’une seconde et provoque une nouvelle vague de nausée. Si elle continuait sur ce rythme-là, elle finirait par rendre sur les chaussures d’un passant.
Son regard se braque avec colère dans celui de Siuan, percevant ce geste comme une offense, un manque de respect qu’elle ne laisserait jamais passer si son attention n’était pas dirigée vers la Suprême. Mais elle n’a finalement pas le temps de réagir, qu’Iris s’interpose et la délivre de la poigne ferme de la Spymaster.
Elle lui dirait merci plus tard.

La prophétesse replace sa veste sur ses épaules tandis qu’Iris se met à menacer la Aes Sedai. Elle lève les yeux au ciel, serre les dents avec violence, tant pour contrôler sa nausée que par colère. D’un geste vif elle saisit la paire de gants de secours qu’elle garde toujours avec elle, spécialement pour ce type de situation et les détend avec colère. Isla est raide, cette fois c’en est assez.

« Il suffit vous deux. » Son ton est sec, plus tranchant encore que celui de sa belle-sœur. Il est rare qu’elle soit poussée à agir de la sorte. L’assistante se déplace et vient remettre de l’espace entre les deux blondes, étirant ses bras un par un pour enfiler ses gants noirs. Elle sent le regard de Siuan la fixer avec intensité.

« Un peu de tenue, bon sang ! » Elle siffle, les regardant tour à tour, posant sa main droite, désormais gantée, sur l’épaule d’Iris comme pour l’apaiser, lui dire qu’il est inutile de se préparer à l’attaque. « J’ai un travail à faire. Ça vous dépasse, toutes les deux. » La prophétesse finit sa phrase en enfonçant son regard dans celui de Siuan, tâchant de lui faire comprendre qu’elle n’était pas le sujet principal de ses préoccupations. Isla détestait être dans cette position : il était évident que Siuan avait compris. Elle l’avait vue, et dans une situation des plus étranges. Isla ne voulait pas ça, ne se serait jamais permise. D’autant que chaque évocation de sa vision lui remontait la file le long de sa gorge. « Reprenez-vous. Elle ne quittait pas la spymaster du regard puis baissa la voix. Je ne sais pas où c’était, et rien n’est parfaitement clair. J’ai besoin d’un peu de temps pour être précise, s'il vous plaît. »

Résumé:

Oh c’est vrai, elle m’en avait parlé mais j’avais une légère tendance à mettre de côté les informations qui ne me concernait pas dans l’immédiat mais je savais toujours retrouver les informations au moment opportun, ici présent l’adoption d’une jeune héritière, Elizabeth. Tu ne veux pas en acheter une troisième... pour elle?  Je parlais bien entendu d’une pomme... ça devait plaire a une petite fille ça... une pomme non? Je ne proposais pas mon aide, Ed devait savoir que je m’y prendrais vraisemblablement comme un manche avec une enfant et qu’en plus j’avais été adopté relativement tard et pas vraiment dans les meilleurs conditions qui puissent exister alors je ne serais sans doute pas le meilleur exemple de l’île. Mais qu’importe nous n’avions pas tellement le temps d’en parler davantage que tout s’enchaina très vite et que ma pomme manqua de peu de m’échapper. Je toussais de façon très théâtral. Je tente d’y croire, vraiment.  Mais alors VRAIMENT PAS DU TOUT.

Néanmoins pas une seconde pour rire que mes oreilles sifflent, je fronce les sourcils cherchant du regard l’origine de cette gêne qui se mue rapidement en douleur. La magie parcours mes membres, une goutte de sueur descend jusqu’en bas de mon dos, électrisant toute ma peau. Les éclairs, une explosion féroce... véloce... et ma main qui se serre d’autorité sur le bras d’Edna pour la rapprocher de moi. Mes prunelles qui parcours l’assemblée pour retrouver celles qui sont ma vie, juste les apercevoir. Delilah est déjà près de nous, mère protectrice qui protège son loup maintenant adulte, plus grand qu’elle. Ma main libre attrape un tract que je li rapidement avant de le fourré dans ma poche. Retrouvons Lynn et Siuan... Même si cette dernière serait sans doute la première à nous retrouver mais le mal était “déjà fait” et ce que nous avions compris avec Edna en vivant loin de l’île depuis un an frappait maintenant les Avalantes. Je posais une main sûre sur l’épaule de ma mère en lui disant. Doucement, inutile de créer un mouvement de foule inutile. Nous pouvions parfaitement nous “retrouver” sans paraître complètement effrayés, ce que je n’étais pas, même pas vraiment surpris mais ça c’était une autre histoire... J’aperçois la chevelure de feu semblable à celle de sa fille et entraine les jeunes femmes vers cette silhouette. Par ici.

Résumé:

Elle ne sentit pas la main d’Iris sur son épaule, pas plus qu’elle ne l’entendît lui demander d’arrêter. Elle n’était focalisée que sur Isla, donc le regard se faisait noir comme il l’avait rarement été. La colère se lisait sur les traits de la secrétaire mais Siuan n’en démordait pas. Iris vint finalement se placer entre les deux femmes, et seulement à ce moment-là attira-t-elle à nouveau le regard de Siuan. Elle n’eut pas le temps de lui parler qu’elle se faisait déjà repousser vigoureusement, et elle dut lâcher Isla, faisant un pas en arrière pour ne pas tomber. Elle s’apprêtait à avancer à nouveau, peu intimidée par les menaces de son amie. « Ne te mets pas en travers de ma route, Iris. » Lâcha-t-elle avec tout autant de froideur. Lorsqu’il s’agissait d’Avalon, il n’y avait finalement plus d’amitié qui tienne, pour Siuan.

Jusqu’à ce qu’Isla les interrompit, attirant une nouvelle fois l’attention de la Spymaster. A vrai dire, elle est presque prête à lancer un sort pour aller chercher directement la vérité dans le cerveau de la secrétaire, peu importaient les conséquences. Siuan fut cependant soudainement consciente des yeux de certains avalantes sur la scène qui se jouait, et elle crispa ses poings, les enfonçant fermement dans ses poches. Isla annonçait clairement que la situation les dépassait et Siuan serra les dents. « J’en doute. » Lui répondit-elle sèchement, mais elle ne bougea pas plus. La demande de la secrétaire n’arrangea en rien le stress que ressentait Siuan, car la voir si perturbée par une (ou plutôt deux) visions n’annonçait rien de bon. « Je te souhaite que ton hésitation ne coûte pas chèrement à Avalon. » La menace était claire dans son ton, Siuan toujours très loin d’être calmée, mais elle se força à prendre une inspiration. « Ta grande amie est en sécurité. Tu peux courir la retrouver, maintenant. Mais cette conversation n’est pas terminée. » Lui dit-elle avec dédain, avant de tourner le dos aux deux femmes sans un mot supplémentaire. Elle décida de s’extraire de la situation avant qu’elle ne recommençât à s’envenimer, et partit à la recherche de sa femme et de son fils à travers la foule.

Résumé:

La prophétesse ne fait aucun cas des premiers mots de la Spymaster. Celle-ci irradie de colère, une énergie furieuse qui rivalise avec la sienne. Elle n’a pas le temps de réparer un égo froissé, et surtout pas celui de Siuan qui, elle le savait, guérirait bien vite de ce moindre mal.
C’est ce qu’elle se dit, retenant un soupir, alors que la suite lui coupe le souffle. Un éclair étrange, de sensations mêlées, traverse son visage. Sa colère s’affadit d’un coup, laissant poindre une douleur. Contrairement à la Spymaster, ce n’est pas sa fierté qui se blesse de cette attaque, mais sa confiance et surtout, Isla ne peut s’empêcher de prendre cette offense à bras-le-corps, trop proche de ce qu’elle se reprochait elle-même concernant la disparition de son mari. Une fois déjà, son don l’avait aveuglée, ses hésitations et sa peur avaient pris le dessus. Malgré sa récente décision de cesser de chercher James dans les tasses de thé et les cartes, Isla n’arrivait pas à se pardonner. Elle avait causé la perte de son amant, et se retrouvait à nouveau face à une pression colossale.
Elle n’écoute même pas la dernière insulte, ni la promesse d’un prochain rendez-vous, et se contente d’observer la blonde s’éloigner, immobile.
Ses poings gantés, serrés, il lui faut quelques longues secondes avant de se reprendre. Son regard quitte la silhouette haïe, puis retombe brièvement dans celui d’Iris, qu’elle quitte tout aussi vite. Elle n’a pas envie que celle-ci y lise sa vulnérabilité. De toutes façons, à cet instant, il ne s’agit pas d’elle mais d’Avalon et de sa sécurité.
Alors elle déplie ses poings, s’éclaircit la gorge, lâche : « Je dois y aller. » et puis commence à marcher.

Résumé:

Sa colère froide est un poison qui se répand en un battement de cœur et ses sens qui se déploient. Quand la rage brûlante de James biaisait son jugement et l’enveloppait d’un voile imperméable au reste du monde, le blizzard qui gagnait Iris ne la rendait que plus sensible et réceptive. Ainsi, la peine d’Isla exacerbait le torrent de givre dans ses veines et l’insolence de Siuan lui démangeait le bout des doigts. Amie ou non, elle mourrait d’envie de l’agripper par le col de son vêtement pour la traîner jusqu’ici et lui rappeler à qui elle s’adressait. Pourtant, elle resta statique. Ce n’était ni l’heure, ni le moment, mais viendra le jour où Iris ne manquerait pas de rappeler qu’il y avait une personne qui ne méritait aucune remise en question ici et elle se trouvait à ses côtés. Il n’y avait pas plus loyale et fiable qu’Isla. Elle n’avait plus besoin d’en faire les preuves et la remarque de Siuan venait non seulement brusquer une vérité mais aussi raviver un fantôme qu’elles cherchaient pourtant à laisser partir. Iris le sut bien avant de le voir. La remarque de la Damodred était dégueulasse, injuste et d’une immaturité surprenante. Depuis quand remettait-elle en question les compétences de la prophétesse ? Les deux femmes ne se supportaient pas mais elles avaient au moins la maturité de reconnaitre le talent de l’autre. Iris était déçue, c’était aussi simple que ça.
Lorsque la Sharp Eye croisa le regard fuyant de sa belle-sœur, son cœur se serre. Elle sait le chemin que prend l’esprit d’Isla. Ce jour où tout à basculer et où, la peur, a pris le dessus sur tout. A vouloir défaire la vision, les deux femmes n’avaient fait que l’accomplir.

Elle n’avait pas besoin de la voir pour sentir la peine responsable de la lourdeur de ses épaules. Iris jeta un œil acide vers Siuan qui disparaissait déjà entre la foule agitée. Ce soir, elle la haïssait pour le mal causé.

- Je dois y aller. »

Sans l’attendre, Isla se détournait et s’éloignait. Iris ravala sa colère et rattrapa sa belle-sœur d’un pas vif.

- Laisse-moi t’accompagner. »

Ça n’était pas une demande, rien de ce que pourrait dire Isla la dissuaderait de la laisser seule ce soir. Outre la fatigue et l’effroi qui tiraillait les traits de la prophétesse, il y avait cette plaie ré-ouverte dont les pleurs n’étaient audibles que pour Iris. La Sharp Eye aurait voulu trouver tous les artefacts du monde capable d’apaiser sa peine. Le tract froissé dans sa poche brûlait sa paume sans qu’elle n’en dise rien, trop concentrée sur sa belle-sœur qui rejoignait la Suprême, Iris en retrait. Elle n’entendait rien de la conversation et ne chercha pas à le faire. La Sharp Eye savait où était sa place. Son regard clair balaya la foule au loin, cherchant la tignasse d’Andrea ou la légèreté de Fay mais elle ne vit aucune d’elles. Plus tard, elle irait les trouver pour s’assurer que tout allait bien. Plus tard, aussi, elle détaillerait avec attention le message froissé et tout ce que ça impliquait pour Avalon et sa sécurité qu’elle sentait brutalement branlante.
Iris patiente et pendant qu’elle attend, son cerveau tourne et retourne les derniers échanges avec Siuan. L’origine du tract. Sa colère macère parce qu’elle est rancunière. Elle a l’impression que tout se casse la gueule.
Isla finit par la rejoindre et Iris la suit sans un mot, se contente d’être là dans sa périphérie, apporte son aide comme elle le peut à sa belle-sœur épuisée, la nausée au bord des lèvres. Son teint pâlit par moment, elle voit une main tremblée puis Isla se reprend. Elle est l’un des rocs les plus fiable d’Avalon et elle se dresse, demande à la sécurité de dépoussiérer la place et d'ordonner au monde ébranlé de rentrer chez lui quand, tout en elle, vibre et tremble. Avant de prendre soi même la direction de son domicile.

Résumé:

En véritable ours mal-luné, Andrea avait pour ainsi dire pris la relève d’Iris en la regardant partir retrouver elle ne savait trop qui. Prenant alors Fay dans ses bras, elle s’assura d’abord qu’elle ne souffrait de rien ; ni blessures, ni pli mal replacé sur sa cousine à signaler. La tournure de la journée ne lui plaisait pas, et elle se sentait prise dans un étau dont elle était incapable de s’extirper. Cette célébration qu’elle appréciait, quelques-uns avaient décidé de la foutre en l’air. Mais elle ne savait pas, à vrai dire, à qui elle en voulait le plus… À ces fauteurs de trouble, ou à ce qu’ils pointaient du doigt, ce gouvernement qui ne glandait rien ? Mais par dessus tout, elle avait envie de protéger sa cousine. Non pas qu’elle en eut besoin, non, mais parce que c’était peut-être ce qu’elle saurait faire de mieux. Elle voulait très égoïstement la garder dans un écrin où rien ne pourrait lui arriver… Dans ce jardin, peut-être, où seules les fleurs importaient. Avec son Ernest, ce fourbe caractériel pas foutu de l’apprécier. Avec ses bras, autour de sa frêle silhouette, toujours…

Décidant qu’Iris n’avait peut-être pas eu une si mauvaise idée que ça, Andrea prit la main de sa cousine et l’attira en retrait, derrière une étale que ses gérants avaient désertée. « Ça va, tu n’as rien ? » Elle regardait encore tout autour d’elle, cherchant du regard ceux qu’elle portait dans son cœur ; sa famille lointaine, quelques amis, et  @Aloysius Barkins, surtout ; son papy gâteau était-il encore là, dans cette cohue compacte et excitée ? Elle l'aperçoit, et il semble aller bien et garder son éternel flegme. « Tu veux qu’on rentre ? On devrait aller dans ton manoir, dans ton jardin, non, tu ne penses pas ? » dit-elle en reportant son attention sur Fay. Elle voulait partir de là, et elle pensa alors à son Padouk ; d’habitude, il venait avec elle, mais cette fois-ci, sans trop savoir pourquoi, elle avait préféré le laisser avec Ernest, comme si la bestiole pouvait d’une façon où d’une autre être un bon baby-sitter. « Viens, allons retrouver la tranquillité de ton jardin. Si tu veux, on reviendra, quand les choses se seront calmées, pour sauver tes fleurs ? » Connaissant Fay, elle devait détester laisser ses belles fleurs seules et abîmées, alors il fallait innover, pour lui proposer un compromis raisonnable. Discrètement, elle vint embrasser sa cousine ; elle avait besoin de se rassurer, la grande perche, et de s’assurer que sa cousine était bien là, avec elle.

Résumé: