Les Tukhanen sont sur l’île depuis des générations, si bien qu’il est fréquent d’oublier les origines finlandaises qu’ils ont. Une famille qui a su se hisser dans la haute hiérarchie de la ville d’Avalon, entrant ainsi dans l’institution. Un père procureur et une mère enseignante au pommier rien que cela, autant dire que pour les descendants, le poids était déjà bien pesant sur leur épaule, alors même qu’ils venaient de voir le jour.
Dès son premier cri, on pouvait percevoir une étrangeté chez Ruska qui naquit avec une tignasse couleur feu; pourtant ses parents s'obstinent à ne rien voir, puisqu’elle n’était que la seconde. L'héritier, le vrai, était né à peine quatre minutes avant, son jumeau, son double en soi. La voilà donc reliée au rang de simple copie, à la limite d’une vision de siphonneuse d’espace dans le ventre de leur mère.
Ce n’est pas ses origines d’antan qui fit que la fillette avait un comportement aussi indéchiffrable, sans doute un héritage de son pays encêtrale, mais bien l’éducation qu’elle reçut. Le seul qui voulait vraiment être proche d’elle, et la comprenait c’était bien évidement son frère, une complicité sans faille existait entre eux depuis bien longtemps, le fameux lien gémellaire sans doute. Mais avec les années, et les attentes parentales, la jalousie ne tarde pas à montrer le bout de son nez, chez l’enfant. Aleski lui était un télépathe iné, l’incarnation de la douceur et de la chaleur. Un gymnaste aussi dès plus doué, et qui se découvre un véritable talent pour le maniement des lames à même pas dix ans.
Ruska elle plus secrète renfermée, développa ses dons de doppler sans vraiment le vouloir justement, alors qu’elle souhaitait juste être à place de son jumeau rien qu’une journée, afin d’être entraînée par son père. Loin de s’imaginer que son désir deviendrait réalité, mais que cependant elle resta sous l’apparence de son jumeau pendant une semaine, une très très longue semaine donc.
Si les parents de l’enfant lui firent le sermon du siècle ou tout du moins de la décennie, accompagné d’une belle dérouillée, il n’y a que son frère qui, certes amusé par la situation, comprit le réel mal-être de sa soeur. Pourtant si proche, la jalousie est le pire des poisons s’infiltrant partout, et en grandissant, elle souhaita mettre de la distance avec la seule personne capable de la comprendre, et qui prenait aussi le temps de lui enseigner le corps à corps et la télépathie justement.
Une ambivalence qui malheureusement n’eut jamais eu le temps de s’inverser, puisqu’on dit souvent que lorsque les jumeaux ont une relation conflictuelle, cela peut s’arranger au fil des années. Malheureusement le temps est incertain, et une épidémie emporta Aleski la douleur et la colère rendit d’ailleurs Ruska incontrôlable, pour ceux qui s’en souviennent c’est à cause d’elle que la demeure familiale a fini en un tas de cendres.  Son corps entier à même failli s’immoler, preuve tout de même qu’elle est capable de sentiment mais que quand ces derniers s’expriment ils peuvent être assez dévastateurs.

C’est à cette période qu’elle fut placé en internat par ses parents, d’une parce qu’elle représentait l’enfant restante, et pas celle souhaitée n’allons pas nous le cacher mais aussi parce que disons-le clairement Ruska et ses capacités ont effrayés ses géniteurs tout simplement. Un être froid méticuleux qui sous le coup de l’impulsion devient volcanique par la maîtrise du feu autant dire que la dualité exprimée, montre aussi un déséquilibre psychique. Névrosée oui, à la limite de la psychopathie sans doute aussi légèrement. Mais quand on est élevé à la dure, on se forge aussi une armure pour ne pas être blessée à nouveau. Ainsi l’enfant rejeté et triste et devenu automate, agissant de façon rationnelle parfois maniaque, convaincue des valeurs de l’île, complètement endoctrinée donc, portant des œillères invisibles.

Le jour traditionnel où les héritiers doivent se rendre au temple de glace, c’est cette nuit là, que Ruska est morte, pour mieux renaître par la suite, en effet, sous l’effet de la colère la jeune mage a perdu le contrôle de son élément avant de faire une chute vertigineuse et d'atterrir dans l’eau glacée. Son coeur s’est même arrêté, alors en hypothermie. L’héritière a passé plus d’une semaine en caisson de soin, entre la vie et la mort. Est-ce que ses parents n’auraient pas préféré le trépas? La question demeure encore existante.
C’est à ce moment que son sauveur s’est manifesté celui qui a su la ramener parmi les vivants Liekit son familier… Étrange jamais elle n’aurait songé qu’une petite créature puisse insuffler la vie ainsi et pourtant.

Il n’empêche que celle qui est revenue d’entre les morts, n’est pas celle qu’elle était avant, comme si la part la plus humaine d’elle était restée captive de l’eau. Aussi glaciale que son élément némésis donc, se jurant d’être abordable quand apparence, portant un masque de duplicité constant, c’est bien une guerrière dans l’âme qui est née.
En colère contre tout et n’importe quoi, mais surtout ses parents, c’est dans l’histoire de l’île qu’elle se réfugia, et la protection nécessaire. Rentrer dans l'instruction des Aes Sadai fut alors une évidence. Pas de vie de famille, mais une vie de dévotion aux devoirs ultime, voilà qui lui allait totalement.

Autant dire qu’elle avait déjà quelques talents, comme le fait de savoir espionner, mais aussi jouer de ses charmes et atouts pour obtenir des informations ou faveurs. Oui une Ruska douce, est une femme qui souhaite obtenir quelque-chose, rien en ce monde n’étant réellement gratuit non après tout.
Une rencontre finit par la pervertir complètement et faire d’elle l’être sans coeur d’aujourd’hui, un soldat parfait donc aux yeux de la suprême, aveuglée par la colère et l’envie de vengeance, souhaitant protéger Avalon a tout prix, y comprit celui du sang versé !

Et pourtant, c’est les premiers émois qui l’ont amené sur ce chemin sinueux, elle qui ne pensait jamais pouvoir aimer quelqu’un réellement, logique en même temps quand on n’a pas connu d’amour dès la naissance. Était-ce l’aura du mentor, la fascination de l’instructeur plus que de l’amour premier du terme qui la fit tomber dans ses filets, sans oublier le goût de l’interdit. Puisque après tout c’est écrit dans le marbre, deux êtres comme eux ne sont pas fait pour s’unir, quoi de mieux que d’essayer.
Lui d’abord plus raisonnable car plus âgé, la repoussant et tentant de la rendre raisonnable, mais être raisonnable, c’est bien une chose qu’elle n’a jamais sû être encore moins à l’aube de ses vingt-ans.

Le premier amour peut-être décrit comme doux et épanouissant, fadaises à ce niveau là. Un univers sinueux et sombre dans lequel on s’enfonce sans réellement pouvoir s’en dépêtrer voilà la réalité. Vouloir déjouer l’inéluctable comporte toujours un coût que l’on découvre toujours trop tard. Elle sous le feu de la passion est la fougue de la jeunesse convaincu que l’amour pouvait triompher, mais des éléments opposés entraînent forcément une relation avec des bases toxiques et destructrices qu’on le veuille où non. La frontière entre l’amour et la haine étant bien trop subtile. Violence psychique voire verbale, pour ne pas dire physique, tout cela dura presque sept ans avant qu’enfin le lien se dénoue du moins pour elle. Réveillée de ses croyances sentimentales, par une perte bien trop lourde. Même si elle n’avait jamais eu une once d’instinct maternel, le jour où elle découvrit qu’elle portait la vie, emplie de joie l’héritière de feu, alors que l’homme lui resta de glace à l’annonce.
L’annonce sans bonheur,pour celui qui n’avait jamais voulu engendrer et ne s’en était en rien caché, utime discordes et desaccords, elle finit par être  de son avis par la force des choses, lorsqu’elle fit une fausse couche alors enceinte de quatre mois. Certes il le lui avait rappelé, en tant qu’Aes Sadai elle ne pourrait pas être une véritable mère, au-mieux une mère comme la sienne, ce qui ne faisait en rien rêver. Si de leur union, rien ne pouvait naître, eh bien cela était bien la preuve qu'elle n’était en rien naturelle ! Un électrochoc donc qui la fit quitter lui, mais aussi l’île quelque temps. Heureusement pour elle, étant chargée de l’extérieur, être missionnée était une chose assez aisée. Pour la seule fois de sa vie donc elle fit preuve de lâcheté en fuyant, demandez lui aujourd’hui encore elle est dans le déni.

Ce fut la première fois qu’elle découvrit le monde, le vrai, loin du voile, et autant dire que ce qu’elle vit ne lui inspira rien de très positif. Ruska a conscience que la nature humaine est perfide et néfaste, mais à ce point, autant dire que cela là répugne, et crée chez elle une réelle aversion pour le monde extérieur. Espionner, réaliser ses missions oui, jouer la duplicité et les faux semblants, mais la mage n’est heureuse que sur son île en réalité en digne héritière de Morgane.
Les allers retours sont donc succéder, et elle s’y est faite au fil du temps, toujours en mouvement, une vie de bohème usant de ses dons de doppler pour ne jamais se faire repérer, oui la dame est quelque paranoïaque de surcroît.

C’est à cette période, qu’elle trouva une certaine légitimité auprès de sa famille, enfin de ses géniteurs, puisqu’ils voyaient pour la première fois, une possibilité d’évolution avec le rang de Ruska, placée dans la hiérarchie des Aes Sadai. Pour la femme ambitieuse qu’elle a toujours été viser les sommets, demeure légitime, ainsi être responsable de la sécurité sur le plan extérieure et des équipes lui apportait une certaine réjouissance.

Jusqu’à la nouvelle Spymaster en décide autrement, Siuan Damored il n’y a pas que l’élément qui crée des tensions entre les deux femmes. Non l'héritière de l’eau s’est hissée tout en haut en étant la nièce du successeur légitime, ce qui, aux yeux de la brune, n’est pas aussi digne que d’y être destinée par l’action et la reconnaissance.
Alors autant dire que le côté control freak de la blonde aurait pu faire que les deux est une certaine connivence, si la nouvelle Chef n’avait pas décidé d’un gros remaniement, enlevant sa fonction à Ruska.

Une rétrogradation qu’elle vit comme une véritable humiliation en réalité, concentrée sur la chasse aux dissidents et possibles traîtres réfugiés, elle a fait le choix de partir sur le chemin de la terre de ses aïlleuls.
Là bas, elle tente de prendre un nouveau départ en se créant une nouvelle vie sous l’identité de Sisko, rencontrant même quelqu’un pour la première fois en vingt-ans.
Pourtant comme Siuan le réclame elle est obligée de revenir régulièrement sur Avalon afin de faire des rapports de situation. Pire encore, puisque les dissidents semblent décidés à faire entendre leur voix, la suprême en personne lui a demandé de s’installer à nouveau de façon permanente sur Avalon.

Autant dire qu’elle n’est pas revenue de gaîté de coeur, mais l’idée de faire à nouveau ses preuves, et ainsi retrouver sa place à fait son chemin dans son esprit, par pure ambition donc, elle est de retour bien décidée à protéger Avalon de toute menace, qu’importe les moyens qu’elle devra utiliser..