Nightfall on hope ▬ Isla
AccueilAccueil  
  • FAQFAQ  
  • RechercherRechercher  
  • MembresMembres  
  • GroupesGroupes  
  • S'enregistrerS'enregistrer  
  • ConnexionConnexion  
  • Novembre 2024
    annonces du concile
    Période de jeu : DÉCEMBRE 1941 ✽ 1 mois inRP = 3 mois IRL ✽ Le climat est globalement tropical et l'île est brassée par des vents marins lourds et humides.
    Temps de célébration pour Avalon qui se pare de décorations pour fêter l'anniversaire de la Suprême ! Après les dernières vagues, les Avalantes et leur gouvernement souhaitent profiter d'un calme fraichement et doucement revenu... Mais cela va-t-il seulement durer ? Le sujet a été lancé ; le buffet est chichement garni et l'humeur se veut légère ! ♡
    derniers messages
    mise à jour
    ⤷ 04.05.24 ✽ Lancement de l'évent #3 - Y'a de la célébration dans l'air mais... Le calme est revenu, vous dites...?
    ⤷ 22.04.24 ✽ Version 2.2, douce grisaille...
    ⤷ 08.10.23 ✽ Version 2.1 de BTV, on installe les couleurs automnales !
    ⤷ 04.06.23REFONTE DU FORUM + changement de nom ; plus aucun lien avec l'univers de JKR, le contexte a été retravaillé.
    ⤷ 26.03.23 ✽ Retour aux tons tout doux et bleus : avec le printemps, la v1.5 a été installée.
    ⤷ 15.02.23 ✽ Installation de la v1.4 d'ISV, ça sent l'amour à plein nez !
    ⤷ 18.12.22 ✽ Version 1.3 d'ISV, Avalon revêt ses couleurs hivernales...
    ⤷ 25.09.22 ✽ Version 1.2 d'ISV, le forum fait peau neuve !
    ⤷ 25.06.22 ✽ Ouverture officielle d'ISV
    ⤷ 02.05.22 ✽ 1ère Place Concours de Projets 2022 sur PRD
    ⤷ 10.02.22 ✽ Lancement du projet sur PRD
    Derniers sujets
    Mon voisins du dessusAujourd'hui à 9:39Eko Townsend
    T'es plutôt...ou... ? Aujourd'hui à 9:38Luciana Monteiro
    Ton humeur en gifAujourd'hui à 9:30Lerinda Daneels
    les top-sites — promouvoir le forumAujourd'hui à 9:27Luciana Monteiro
    L'horloge parlanteHier à 9:06Lerinda Daneels
    Je te dis ... tu penses à...Hier à 9:04Luciana Monteiro
    Le Deal du moment : -33%
    Trottinette électrique pliable Ninebot E2 E ...
    Voir le deal
    199 €

    Nightfall on hope
    Isla ft. Iris





    Son cœur battait son désespoir dans sa poitrine contractée. L’air lui était irrespirable dans cette moiteur d’été, le tissu de son débardeur était trop rêche, le drap qui couvrait ses jambes, trop lourd. Elle le repoussa d’un mouvement maladroit, la main posée sur son torse transpirant. Une poigne invisible lui écrasait les côtes, à moins que ça ne soit la déferlante d’images sanguinaires et terriblement bruyantes qui alourdissait ainsi l’atmosphère. Ça ne lui était plus arrivé depuis des mois.
    Ce cauchemar n’en finirait jamais de lui tuer ses nuits.

    Iris cherchait difficilement son air, ses doigts crispés sur le matelas moite lui aussi. La sueur traçait des sillons sur ses tempes et le creux de son dos, ses draps n’étaient qu’un bordel sans nom. Ils étaient les vestiges de la lutte qu’elle avait menée dans le vide, prisonnière des démons nocturnes. D’un mouvement du bassin, elle déposa ses pieds sur le sol frais de sa chambre et dû s’y reprendre à trois fois pour parvenir à mener ses exercices de respiration correctement … Il n’y avait pas que les battements de son cœur qui étaient désordonnés. Ses cheveux viraient du rouge au bleu, du bleu au vert, passant par des nuances pastel à des couleurs plus vives et flashy. Ses émotions se bousculaient, comme à chaque fois qu’un cauchemar venait la saisir avec tant de réalisme et de violence.

    Son souffle reprit, Iris resta encore un peu assise sur le bord de son lit à fixer le vide ; le même qui remplissait parfois son cœur si férocement qu’elle pourrait croire qu’il ne battait plus. Si James n’était plus physiquement présent dans sa vie, il hantait encore quelques une de ses nuits par des horreurs qui se placardaient dans ses songes. D’un geste rageur et vif, la jeune femme essuya ses larmes. Dire qu’il lui manquait n’était pas suffisant pour expliquer le gouffre qu’il avait laissé dans le sillage de sa disparition. Ca faisait quatre ans que sa vie s’articulait gauchement sans la présence de son frère aîné que tous pensait mort à Avalon. Elle était probablement la seule à croire encore farouchement qu’il était là, quelque part, à errer sans se rappeler qui il était, ni d’où il venait. Elle l’imaginait parfois seul dans un pays inconnu, dans une baraque moins grandiose que celle qu’il partageait avec Isla, un môme dans les bras, sa magie scellée par un traumatisme qui lui était inconnu. Ou peut-être était-il prisonnier d’un sbire de Grindelwald ? Tous ces scénarios avaient fendu son crâne en deux. Le désespoir tournait chaque situation en des fins rocambolesques quand la raison, elle, venait ancrer les choses dans la réalité.

    Peut-être devrait-elle admettre à son tour qu’il était bel et bien mort ?

    Son estomac se noua, sa gorge se serra. Elle devrait donc vivre avec cette déchirure dans la poitrine toute sa vie ?

    Iris se leva et retira vivement ce débardeur qu’elle ne supportait plus pour se traîner jusqu’à sa douche. Elle ne s’y éternisa pas, les nerfs trop à vifs et irrités pour supporter de rester statique. La fraicheur de l’eau eut au moins le mérite de lui remettre les idées en place : Ses cheveux avaient repris leur teinte de blés.

    En place oui, mais omniprésentes. Un martèlement obsédant qui lui fit faire deux allers-retours entre le couloir de sa maison et son salon, en proie à l’hésitation. Elle ne retrouverait pas le sommeil, ne voulait voir personne non plus. A la fois, ce sentiment cruel d’abandon et de solitude lui nouait l’estomac autant que ce besoin qui la harcelait depuis qu’elle s’était réveillée en nage. Avant même qu’elle n’ait foulée l’allée de gravier, la culpabilité la rongeait, tiraillée entre deux besoins. Celui de trouver réconfort en la présence de la personne qui, en dehors de ses parents, comprenait mieux que quiconque la douleur déchirante qui perdurait et celui de tenter leur chance, encore une fois. Un pantalon et une chemise noire et légère sur les épaules, Iris déambula sous la nuit d’Avalon. Le ciel était partiellement dégagé sur une nuée d’étoiles resplendissantes.

    Les cheveux humides ramenés en un chignon désordonné, la jeune femme ne se souciait que peu de l’image qu’elle renverrait à Isla par sa tenue ou par son visage froissé de fatigue et de contrariété. Les deux femmes s’étaient vu dans des états de désespoir, de larmes et de rage et se connaissaient depuis trop d’années maintenant pour s’arrêter à ça. Malgré la disparition de James, l’affection pour l’autre avait durée. Elle s’était même renforcée. Les douleurs partagées soudaient parfois deux êtres autant qu’elles pouvaient détruire une relation mère-fils, sans aucun préavis. Le souvenir de Louis lui était presque aussi amer que l’absence de James.
    Elle franchissait les allées du quartier de Bédivère jusqu’à atteindre les grandes portes de fer du domaine.

    - Iris Crawley, murmura la jeune femme distinctement mais d’une voix basse. L’identité reconnue par la magie des Darcy, les grilles s’ouvraient sur la Sharp Eye qui foula aussitôt la grande allée.

    Ici, c’était un peu chez elle sans vraiment l’être. La sorcière connaissait chaque recoin du domaine pour le parcourir depuis ses huit ans et ne cessait jamais de s’extasier devant la splendeur des jardins aux couleurs changeantes au rythme des saisons. Il lui arrivait régulièrement de venir trouver un repos ici lorsque ses pensées devenaient un océan orageux. Tout l’apaisait ici. Le calme, la tranquillité du ruisseau non loin, l’intimité du kiosque où elle se revoyait prendre le thé avec Isla pour discuter de James, d’elles, de divination ou d’histoire. La manoir se dressait de toute sa hauteur, étirait son ombre sur une Iris qui traça son chemin sans y prendre garde. Cette masse qui l’effrayait étant petite la rassurait désormais.

    Son pied sur le perron, les portes s’ouvraient déjà sans grande surprise sur la voix d’Isla qui perça le silence alentours. S’en était presque devenu un rituel … L’aînée ne s’étonnait plus de voir la blonde débarquer au beau milieu de la nuit soit parce que la solitude pesait étrangement sur celle qui, pourtant, n’appréciait jamais d’être trop entourée, soit pour venir lui partager une dernière découverte et lui ramener un énième trésor du monde extérieur.

    - Bonsoir, Iris trouva sa belle-sœur assise face à plusieurs ouvrages et quelques cristaux. Avec tendresse, elle déposa un baiser sur sa joue, effleurant brièvement son épaule. Isla tenait à ne jamais prolonger trop longtemps les contacts physiques. Si son don de métamorphomage avait été une véritable plaie dans l’enfance et adolescence d’Iris, cette dernière s’était souvent demandé ce qu’était le fardeau d’une prophétesse née. Les années n’avaient pas tardé à lui répondre. Excuse-moi de venir te rendre visite aussi tard. »

    Un sourire désolé au coin des lèvres, la Sharp Eye prenait place sur l’un des fauteuils et survola du regard les occupations de sa belle-soeur qui attestait d’une nuit aussi courte que la sienne. Elle n’était peut-être pas la seule à ne pas réussir à trouver le sommeil ce soir.

    - Tu es à la recherche de quelque chose ou tu n’arrives pas à dormir ? »

    Depuis toute petite, Iris n’avait jamais été rassasiée sa curiosité sur tout l’univers divinatoire qui entourait sa belle-sœur. D’un geste du menton, elle désigna les ouvrages ouverts devant Isla.



    made by black arrow
    Born here
    Iris Crawley
    Iris Crawley
    Born here
    Reducto
    DATE D'INSCRIPTION : 03/08/2022
    HIBOUX : 133
    FAYS : 3489
    Amplificatum


    Nightfall on hope

    ft Iris
    goodbyes are inherently sad


    « Bonne nuit Isla.
    - Bonne nuit, maman. »

    Margaret Darcy baisse le visage dans un geste révérencieux, qu’Isla ne mime pas. Si Rhiannon, sa grand-mère est la matriarche et décisionnaire, c’est Isla qui suit dans la hiérarchie familiale. Élevée très rapidement à un statut supérieur à sa mère, grâce à son don et sa position auprès de la Suprême, Isla, sans la détester, conserve une amertume rigide envers sa mère, et des années difficiles qu’elle lui a fait traverser, ne supportant pas de voir en sa fille les talents dont elle n’avait pas hérité. Ces dernières années, Margaret s’était radoucie, et celle-ci aimait depuis toujours profondément sa fille, lui vouait un respect sans limites et était fière d’elle. Mais son attitude, plus jeune, avait eu pour conséquence de créer un fossé entre les deux femmes, agrandit par le fait qu’Isla avait été élevée par sa grand-mère.

    Cette cérémonie qu’Isla jugeait ridicule, mais que sa mère respectait religieusement, enfin achevée, celle-ci put aller se livrer à sa tristesse. Debout dans le couloir du premier étage, immobile, aucun bruit ne se fait entendre dans le manoir Darcy, à part celui de la porte en bois se refermant derrière la mère de la prophétesse. Ce n’était pas une journée joyeuse. Cette dernière année avait été difficile pour Isla, qui avait perdu son fils et l’espoir de revoir un jour son mari. En apparence, la sorcière avait accepté son sort depuis longtemps. Mais la réalité était telle qu’elle souffrait régulièrement de longues heures de déprime. Si elle n’avait jamais particulièrement été du genre à sautiller gaiement partout, Isla avait quand même su trouver de la beauté dans son quotidien et avait eu de quoi se réjouir de vivre. Son mari, son fils, sa famille, grandissante, son jardin, son amie et Suprême, son entourage proche, Fay. Mais le petit plus de lumière que James lui avait apporté, les sourires qu’il faisait naître chez elle n’étaient plus, aujourd’hui, et la grisaille l’emportait toujours.

    Cinq longues années à attendre qu’il revienne, qu’il passe la porte en oubliant de la refermer, à lever les bras pour l’accueillir, elle qui sentait toujours son retour et l’attendait en bas de l’escalier. Cette attente, qui avait toujours une fin quand il rentrait de mission, n’avait cessé de l’accompagner depuis sa disparition. Le départ, ou plutôt, la trahison de Louis l’avait achevée. Elle en avait assez d’attendre. James ne rentrerait plus, et Louis n’aura jamais l’occasion de revenir.

    Ses doigts se mirent à faire tourner l’alliance autour de son annulaire et elle se remit en mouvement, reprenant son fil de pensée et son chemin initialement commencé pour descendre au rez-de-chaussée et s’installer dans un fauteuil pour bouquiner, dans l’espoir de trouver une solution à son problème ou le sommeil. L’un ou l’autre lui irait.

    *

    De longues heures sont passées et peu de pages ont été lues, au final, par Isla qui n’a pas réussi à se concentrer sur le contenu de ses multiples ouvrages étendus devant elle. Son esprit concentré sur le passé et la douleur présente ne lui a laissé aucun répit. Son thé a refroidi, et alors qu’elle semble reprendre conscience de son environnement elle se dit qu’il n’y a pas assez de lumière pour qu’elle puisse lire. Elle décide donc de se lever avec lenteur, réchauffe sa tasse de thé à coup de magie et fait le tour des lampes, rajoute quelques bougies, allume un encens. Cette pièce, celle-ci en particulier, a le don de l’apaiser, de la couper du monde, pourtant ouverte sur les différents autres espaces de la maison, elle se sent entourée de murs protecteurs, ceux-là même couverts par de nombreuses étagères remplies de livres. Son attention se reporte sur les bouquins et plus particulièrement sur une collection personnelle d’albums contenant des photographies de famille. Ceux-là n’ont aucune trace de poussière et sont suffisamment de fois feuilletés pour avoir une tranche craquelée sur la longueur. Elle en saisit un au hasard et l’ouvre sur une photographie datant d’une décennie plus tôt, pour des vacances en famille. James, Louis, tout jeune, neuf ans, Isla elle-même, son frère et sa sœur, Ian et Imogène, ainsi qu’Iris, la sharp eye et sœur de James.

    Isla retombe dans son siège, son regard passant distraitement sur les photos de ce bel été dans les jolis recoins d’Avalon, quand tout allait bien, et quand elle ne se sentait pas aussi seule.

    Les pages de l’album passent plus vite que celle de l’ouvrage sur l’histoire de la magie du sang, quand elle perçoit un changement de l’atmosphère, et saisit le bruit du fer qui crisse à l’ouverture du portail. Isla se concentre et reconnaît le pas de sa belle-sœur sur les graviers. D’un geste de la main, elle fait ouvrir la porte et alors qu’Iris n’a pas encore pénétré la bâtisse et la laisse venir à elle.

    « Bonsoir, Isla lui répond par un sourire et tend subtilement une joue qu’Iris a l’habitude d’embrasser, malgré la répugnance d’Isla pour les contacts. Son don, qu’elle ne troquerait pour rien au monde, est aussi fardeau. Le contact léger des lèvres et de la main sur l’épaule lui suffit à sentir l’agitation ou plutôt la peine que porte Iris en elle. Excuse-moi de venir te rendre visite aussi tard. »

    Isla ne répond rien qu’un sourire à celui désolé de sa belle-sœur, se redresse et repose l’album ouvert sur la table alors qu’elle suit la silhouette blonde (aujourd’hui) qui prend sa place habituelle dans un fauteuil des plus confortables de velours vert profond.

    « Tu es à la recherche de quelque chose ou tu n’arrives pas à dormir ?
    - À la recherche du temps perdu, si on peut dire ça. La prophétesse se saisit de l’album pour lui faire glisser, ouvert sur un ensemble de photos où les différents membres de la famille Darcy et Crawley bougent légèrement, ensemble sur une plage de l’île. Et je n’arrive pas à dormir. Je n’ai pas vu le temps passer. » Elle hausse une épaule distraitement avant de se redresser, repoussant son propre fauteuil au passage et glissant gracieusement, logée dans ses longs vêtements de maison, à portée de la cuisine pour ordonner le thé d’un tour de main magique. Le service en fonte foncée s’active et elle les guide sur la table qui sépare les deux femmes.

    L’assistante se rassoit dans son fauteuil, saisit sa tasse de thé et observe la nouvelle venue, figure familière, tranquillement.

    « Tu n’arrives pas à dormir »

    Elle brise le silence avec une question qui n’en est pas une. Avec le temps, Isla avait cessé d’entretenir les convenances concernant sa prescience et sa capacité à sentir les choses et les gens en compagnie d’Iris. Il était inutile pour elle de faire semblant à ce stade de leur relation, et de cacher ses ressentis derrière des questions. Au-delà de son don, de toutes façons, Iris restait aux yeux d’Isla qui l’avait vue grandir, un livre ouvert. Si sa capacité à cacher et maîtriser ses émotions avait évidemment évolué avec le temps, Isla avait l’impression d’avoir conservé une fenêtre ouverte sur les humeurs de sa belle-sœur.

    « J’en déduis que ça n’est pas un nouvel artefact qui t’amènes »

    :copyright: ZUGZANG
    Born here
    Isla R. Darcy
    Isla R. Darcy
    Born here
    Reducto
    DATE D'INSCRIPTION : 31/07/2022
    HIBOUX : 358
    FAYS : 3808
    Amplificatum
    Nightfall on hope
    Isla ft. Iris



    - À la recherche du temps perdu, si on peut dire ça. »

    Iris se penche pour récupérer l’album photo ouvert que lui tend sa belle-sœur. Ce fameux temps "perdu" s'animait sous ses yeux sous la forme de clichés et la fit de suite sourire lorsqu’elle tombe sur celui qui la ramène une dizaine d’années en arrière. Elle pourrait encore sentir la brise iodée de l’air marin, l’embrun sur sa peau découverte et entendre les nombreux éclats de rire qui avaient embellit cette journée ensoleillée. Ils étaient tous là, réunit sur une seule et même photo où l’on voyait la fratrie Darcy et celle des Crawley resserrant les rangs à l’occasion de cette immortalisation. Lentement, son regard s’arrêta sur Louis, tout sourire avec une dent en moins et derrière lui, James qui rayonnait autant que son fils, tenant la taille d’Isla d’une main tendre, son regard allant de sa femme à son enfant. Sa gorge se serra douloureusement, un poids dans l’estomac. Son cauchemar lui paraissait plus cruel encore malgré la douceur que lui évoquait ce souvenir. Sa propre silhouette se dessinait entre les corps, légèrement en arrière. Elle avait toujours détestée les photos.

    - Et je n’arrive pas à dormir. Je n’ai pas vu le temps passer. C’est la voix d’Isla qui la ramène au présent, la forçant à relever le regard vers elle en déposant l’album sur la table.
    - Il n'a pas été perdu, ce temps."

    Il ne l'était jamais lorsqu'il s'agissait de se replonger dans des souvenirs aussi beaux.
    Iris se serait presque amusée de constater que, peut-être, les deux femmes ne trouvaient pas le sommeil pour la même raison si celle-ci ne lui alourdissait pas le cœur. Déjà, Isla se levait pour s’éloigner vers la cuisine sous le regard de la Sharp Eye qui laissa traîner ses prunelles vertes sur les vêtements de maison aux plies luxueux. Depuis toujours, elle avait trouvée chez Isla une grâce qu’elle n’expliquait pas mais qui semblait être inscrite dans le capital génétique des Darcy. Rhiannon et Margaret n’échappaient bien évidemment pas à cette règle qui faisait de ces femmes des silhouettes graciles et imposantes à la fois. La matriarche avait terrifié les jeunes années d’Iris avant qu’elle ne devienne en quelque sorte son mentor pour lui apprendre la maitrise de soi. C’était en grande partie grâce à elle et sa propre mère, Nora, qu’Iris parvenait à maîtriser son don si facilement.

    Le service à thé en fonte vient délicatement se poser sur la table sous les ordres d’Isla, remplissant deux tasses d’un liquide fumant. Iris la remercia d’un signe de tête, logée dans son fauteuil habituel. Elle ne comptait plus les heures passées dans ce domaine. Il était comme une seconde maison, même après la disparition de son frère.

    - Tu n’arrives pas à dormir. J’en déduis que ça n’est pas un nouvel artefact qui t’amènes.
    - Non, répondit Iris sans un silence.

    C’était sa compagnie à elle qu’elle cherchait, fuyant cette solitude que, pourtant, elle affectionnait.

    Leurs manières d’interagir ensemble étaient plus parlantes que tout le reste. Il y a bien longtemps que les deux femmes ne s’encombraient plus des politesses inutiles, ni qu’elles ne cherchaient plus à tenter de mentir pour préserver l’autre, de passer par quatre chemins pour exposer un sentiment, une situation. Plus de vingt années avaient tissées ce lien qui perdurait, Iris aurait manqué de respect à la prophétesse si elle avait eu l’idiote idée de lui mentir sur sa venue ici. Elle était d’ailleurs bien la seule qui ne l’agaçait pas de la comprendre si facilement quand, pendant trop d’années, Iris avait souffert d’être si lisible aux yeux des autres de par son don.
    La Sharp Eye qui s’était un peu plus enfoncée dans son fauteuil poussa un soupire et poursuivit.

    - Ca faisait longtemps que je n’avais plus fait ce cauchemar. Je n’arrive pas à m’en défaire. »

    Un véritable fléau qui ne cessait de la ramener à ses mêmes doutes et questions sans fin qui martelaient, encore et encore, son esprit chahuté. Cela faisait des mois qu’il ne s’était pas représenté, d’où sa violence ce soir qui lui laissait encore la gorge sèche. Iris prit une gorgée de son thé brûlant, puis reporta son regard sur Isla qui avait déjà connaissance de le dit cauchemar.

    - Au réveil, j’ai toujours l’impression qu’un vide me bouffe de l’intérieur et qu’il ne sera jamais comblé. »

    C’était peut-être la première fois qu’elle le lui disait en ses termes. Iris avait ses – nombreux – secrets et jusqu’ici, seul James était parvenu à lui extorquer certains d’entre eux. S’épancher sur ses émotions ne lui avait jamais été naturel lorsque ses cheveux exprimaient à eux seuls ce qu’elle pouvait ressentir, sans aucune intimité. Face à Isla, les aveux se faisaient de moins en moins douloureux, d’années en années. Peut-être parce qu’elle était l’une des trop rares personnes apte à comprendre la plaie autant qu’Iris comprenait la sienne.
    Son cœur se serra. Elle lui avait déjà trop demandée à ce sujet et culpabilisait déjà de devoir remuer le couteau dans cette blessure qu’elles tentaient toutes deux de refermer. Sa belle-sœur n’avait-elle pas assez souffert avec le départ de Louis, en plus de tout le reste ?

    - Je suis désolée, je sais que je t’ai déjà trop sollicitée à ce sujet par le passé, mais est-ce que tu serais d’accord pour que nous le tentions encore une fois ? Elle n’avait pas besoin d’en dire plus, Isla savait parfaitement de quoi elle parlait. C’est impossible qu’il n’y ait rien, nulle part. On ne disparait pas comme ça du jour au lendemain, sans laisser une seule trace. »

    Pas après un affrontement comme celui qui leur avait arraché frère et mari. Iris était sur place ce jour-là. Elle avait été sortie in extrémis de cette embuscade qui aurait pu lui coûter bien plus qu’une blessure importante, quelques ecchymoses et plusieurs nuits blanches. Elle se souvenait avoir vu la silhouette de son frère dans ce nuage épais de fumée et de sortilèges avant qu’on ne la fasse transplaner jusqu’à Avalon.
    Depuis, plus rien. Evaporé. Aucune trace de sa baguette, d’un morceau de vêtement, d’une touffe de cheveux dans les décombres ou même d’une phalange perdue dans la bataille. Rien que ce fameux vide qui rongeait.
    Iris déposa sa tasse sur la table, lèvres pincées. Le doute la bouffait jusqu’à l’os parfois, mais ce soir la culpabilité était plus pesante que le reste. James était son frère, mais il était aussi le mari d’Isla qui portait le même poids du deuil et de l’absence. Il était bien injuste de sa part de la « forcer » à remettre le nez dans ce qu’elle tentait vainement de reconstruire.

    made by black arrow
    Born here
    Iris Crawley
    Iris Crawley
    Born here
    Reducto
    DATE D'INSCRIPTION : 03/08/2022
    HIBOUX : 133
    FAYS : 3489
    Amplificatum


    Nightfall on hope

    ft Iris
    goodbyes are inherently sad


    « Non » Isla ne réagit pas, autrement qu’avec un sourire flottant doucement sur ses lèvres, comme pour l’encourager. Il lui semblait déjà savoir ce qui va suivre – impression qui la ferait rire, peut-être, si son humeur était au beau fixe. L’ironie, pour une prophétesse, est de souvent savoir de quoi le futur sera fait. Mais ce soir, rien qui ne relevait d’un pouvoir ou de divination savamment pratiquée, simplement l’instinct et l’habitude. Iris et Isla partagaient une peine qu’elle ne souhaitait à personne de ressentir.
    Elle connaissait le rituel, celui d’Iris, qui venait se réfugier au domaine Darcy pour expier la culpabilité, la peine, les questionnements. Elle a vécu cette scène bien des fois ces cinq dernières années et ne comptait plus le nombre de venues improvisées. Isla ne lui en veut pas, ne lui en a jamais voulu. Comment aurait-elle pu ?
    Alors l’assistante se tut, laissant de la place pour la Sharp Eye, l’invitant à s’exprimer d’un regard tranquille.

    « Ça faisait longtemps que je n’avais plus fait ce cauchemar. Je n’arrive pas à m’en défaire. » La prophétesse hocha la tête. Elle ne pouvait comprendre l’horreur qu’a vécu Iris au moment du détachement, projetée par le portoloin sur Avalon, laissant son frère dans le désordre du monde moldu. Isla avait cherché, par tous les moyens, dans la mémoire d’Iris pour trouver trace de son mari disparu, rien n’y avait fait. Ni le passé, ni le futur n’avaient eu de réponses pour les deux femmes.

    « Au réveil, j’ai toujours l’impression qu’un vide me bouffe de l’intérieur et qu’il ne sera jamais comblé. » Isla battit des paupières, ne réagit pas davantage, par peur de briser l’élan expressif de sa belle-sœur. Iris n’avait jamais été vraiment douée pour s’exprimée ou en tout cas, n’avait jamais vraiment voulu partager, ce qui se comprenait alors que son propre corps la trahissait plus jeune, constamment. Ses émotions volées et en étendards alors qu’elle aurait certainement voulu les garder secrètes. Aujourd’hui, les deux femmes avaient un lien suffisamment travaillé pour qu’elles puissent se confier en des termes tels. Isla ne se souvenait pas avoir entendu ces paroles traverser la bouche d’Iris. Ce vide, elles le partageaient. Chaque nuit, Isla rentrait dans une maison vide de sens, si ce n’était lui donné par la présence de ses parents et sa grand-mère. Sa couche vide, sa maison familiale abandonnée. Retournée dans le manoir principale, l’assistante se dévouait entièrement à son travail et dans le temps libre qui se raréfiait : à ses ruches. Ses pensées volatiles se rappelèrent à la présence de sa belle-sœur qui semblait attendre à nouveau son attention. La sorcière releva alors le regard, caché derrière la tasse de thé suspendue à ses lèvres. Quelque chose sembla lui dire qu’elle connaissait également la suite de cette conversation et qu’Iris ne s’arrêterait pas ce soir à l’expression du manque cruel qu’elle subissait depuis la disparition de James.

    « Je suis désolée, je sais que je t’ai déjà trop sollicitée à ce sujet par le passé, mais est-ce que tu serais d’accord pour que nous le tentions encore une fois ? » Il ne sembla rien se passer sur le visage d’Isla, mais celle-ci est presque… déçue, par la tournure de cette conversation. Blessée, non pas par la demande, mais d’avance, parce que la prophétesse s’est retrouvée de nombreuses fois sans plus de réponses, les décevant toutes les deux au passage et creusant un peu plus leur peine. Iris poursuivit son argumentaire, mais Isla n’entendit presque plus et, de toutes façons, connaissait l’avancée du raisonnement de sa belle-sœur. Elle aurait préféré qu’elle ne fasse pas cette demande, car jusque-là, Isla n’avait pas trouvé solution à son problème.

    Comment dire à sa belle-sœur qu’elle renonçait à chercher ? Qu’elle arrêterait, dès lors, de répondre à ses requêtes ?

    Isla avait retourné la situation dans tous les sens, cherché toutes les formules pour aborder le sujet, pour faire comprendre à Iris sans la blesser, sans qu’elle pense qu’elle n’aimait plus son frère. Sans dire qu’elle l’abandonnait. Mais qu’elle ne souhaitait plus souffrir, plus attendre.
    La prophétesse reposa sa tasse sur sa soucoupe, et la soucoupe sur la table, sans manquer au préalable de pousser un peu les livres empilés. Silencieuse, la blonde passe ses mains dans ses cheveux et puis sur ses bras, comme pour déplier les vêtements retroussés. Son regard revint se poser dans celui d’Iris, dans l’attente d’une réponse, et Isla pu y lire clairement douleur et culpabilité, un cocktail qu’elle portait souvent dès lors que James était de la conversation. Sans nul doute que celle-ci s’inquiétait d’Isla, en plus de s’en vouloir pour la tournure qu’avait prise la mission. Mais la peine était plus importante, et de cela, la prophétesse ne pouvait toujours pas lui en vouloir. Qu’aurait-elle fait dans le cas inverse ?
    Isla soupira doucement, les mains posées sur les cuisses ; elle baissa les yeux. Ce ne serait pas tout de suite qu’il lui dirait non. Mais après. Après.

    « D’accord. La blonde releva le visage, et adressa un sourire compatissant à belle-sœur tout en se relevant. Pour ne pas l’affliger davantage, elle déposa sa main sur la sienne. Ne t’en fais pas. »

    La prophétesse, debout, chercha autour d’elle du regard les outils qui seraient nécessaires à la suite des opérations. Elle se mit à parcourir la salle, pieds nus sur le parquet, passant devant les pendules, un paquet de cartes, sans savoir vraiment ce qui l’intéresserait pour travailler. Son don, certes inné, l’a toujours poussée néanmoins à chercher d’autres moyens de converser avec les flux prédictifs. Provoquer, contrôler, comprendre, voir les signes, anticiper, réparer le mal engendré ou le préparer. Rien ne semble pourtant l’attirer jusqu’à ce que son regard retombe sur sa belle-sœur.

    « Finis ton thé. » La blonde montra la tasse d’un geste de main, et laissa Iris s’exécuter alors qu’elle se mit à récupérer les livres abandonnés, laissant au passage l’album photo ouvert sur leur ballade à la mer. Les livres rangés, le fauteuil retrouvé, Isla ne pressait pas la métamorphomage et se contentait pour le moment de fermer les yeux, essayant de rassembler ses esprits, concentrée sur ses capacités. La prophétesse prit une inspiration et finit par prendre la tasse d’entre les mains d’Iris, qui peinait visiblement à lui donner, peut-être un peu craintive de lui imposer un fardeau pareil. « Allez, donne-moi ça. »

    La vérité était qu’au-delà de la peine de chercher du vide, Isla avait peur, chaque fois que cette tâche lui était demandée, de trouver le pire. Elle ne savait pas ce qui était préférable. Ne pas réussir à lire ou y trouver la preuve ultime du décès de son époux. Elle resta quelques secondes le regard suspendu dans le vide et puis se décidé à le plonger au fond de la tasse.

    Ses yeux parcoururent pendant de longues minutes les restes de thé agglomérés sur la céramique blanche. Elle tourna et retourna l’élément entre ses doigts, le dos droit, concentré sur sa tâche. Elle souhaitait désespérément trouver un signe, ne serait-ce qu’un seul élément, qui pourrait lui indiquer un petit quelque chose, une dernière lueur d’espoir à laquelle elle pourrait se raccrocher et lui éviter de renoncer à le chercher. Ses pensées se mirent à fuser, incapable de se concentrer entièrement sur sa lecture. Elle essaya de faire le vide dans son esprit, d’être réceptive. Mais il n’y avait pas de secrets dans la lecture du thé, seulement de l’expertise.

    Les longues minutes qu’elle dédia à la tasse de thé d’Iris ne donnèrent rien. C’est, amère, qu’elle déposa la tasse sur le bois de la table, relevant enfin la tête vers sa belle-sœur. Elle secoua la tête, se redressa car elle s’était inconsciemment baissée, plongée dans sa lecture, comme essayant de rentrer dans l’objet. « Le thé ne donne rien. Isla s’efforça de garder un ton neutre, quand la déception pourtant l’habitait. Rien, pas un seul signe. Ce n’est que du charabia. Je suis désolée. » La prophétesse soupira, se recula dans son fauteuil et se mit à contempler le vide, consciente de son nouvel échec, consciente aussi de la douleur qu’elle devait rajouter à celle endurée par Iris. Elle ne pouvait plus supporter cela, ni sa propre peine. Elle essaya d’articuler quelque chose d’autre, ouvrit la bouche pour parler, mais il lui sembla avoir oublié quoi dire ; alors elle referma la bouche et garda le silence encore un peu, faisant attention de ne pas croiser le regard d’Iris.

    « On peut essayer une dernière chose. Dit-elle, ou plutôt laissa échapper, après de longues secondes sans ouvrir la bouche. Isla se remit tout à coup en route, comme si l’esprit lui revenait, et se redressa pour s’assoir au bord de sa chaise. D’un geste, elle repoussa l’album photo du bras et saisit la main d’Iris de la droite puis glissa la gauche le long de l’intérieur de l’avant-bras. Ok. Pense à lui, de toutes tes forces, concentre-toi sur son image. Et si le cauchemar vient, laisse-le, ne le repousse pas. »

    Sur ces mots, Isla ferma les yeux et se concentra d’abord sur le toucher puis sur les fourmillements qu’elle ressentait à cause de ce contact. Elle fit bataille contre la complexité des émotions, l'impatience, la souffrance, le deuil, l’espoir déjà avorté. Elle concentra sa prescience sur l’afflux, cherchant la moindre trace d’une nouvelle information, d’un éclair, une vision comme elle avait l’habitude d’en chercher, d’en provoquer. Isla naviguait douloureusement entre les différents états d’âme d’Iris, entre les images de souvenirs, plus anciens encore que la disparition de James, puis des éclairs flous d’images qu’elles devinaient scellées par un sortilège. L’afflux devint de moins en moins supportable et la prophétesse finit par rompre le contact.

    Elle sentit la colère lui monter aux joues, une souffrance ineffable l’accompagnant. Isla soupira, pressa ses mains contre ses joues un instant et puis les déposa sur la table avant de se redresser.

    « Je suis désolée Iris. Rien ne vient. »

    :copyright: ZUGZANG
    Born here
    Isla R. Darcy
    Isla R. Darcy
    Born here
    Reducto
    DATE D'INSCRIPTION : 31/07/2022
    HIBOUX : 358
    FAYS : 3808
    Amplificatum
    Nightfall on hope
    Isla ft. Iris



    Isla hésitait.
    Plus les mois passaient, moins sa belle-sœur mettait d’entrain à chercher avec elle un détail qui aurait pu redonner espoir. Iris aurait pu entendre les rouages de son esprit si fin et méticuleux grincer, pesant peut-être le pour et le contre. Ou peut-être que la prophétesse jaugeait sa capacité à répondre à sa demande aussi tard dans la nuit, tout simplement. Leurs regards clairs ne se quittèrent pas, attendant que l’autre n’amorce un mouvement. Iris eut l’impression de tenir en équilibre sur une corde raide qui n’était autre que le maigre espoir qui persistait dans son cœur en deuil.

    Isla posa ses mains sur ses cuisses, rompit le contact visuel.

    - D’accord. Iris se sentit basculer dans une bataille qu’elle menait depuis trop d’année. La lutte entre le soulagement de poursuivre les recherches et la culpabilité mordante de traîner Isla dans le sillage de ses propres douleurs. Elle répondit vaguement à ce sourire qu’elle lui offrait, déglutissant ses émotions. La main de sa belle-sœur sur la sienne fut un contact chaud, rassurant. Surprenant, même, lorsque l’on savait Isla si peu tactile. Ne t’en fais pas. »

    Iris acquiesça sans mot, son sourire exprimait déjà une gratitude non feinte. Egoïstement, elle lui était reconnaissante de ne pas la laisser dans ce noir dévorant et inconnu que James avait laissé derrière lui.
    Sa belle-sœur se leva en quête d’un de ses secrets qu’Iris n’était jamais parvenu à percer et qu’elle avait accepté de ne jamais comprendre. Silencieuse, elle observa Isla arpenter son salon, ses pieds nus faisant craquer le parquet sous son passage. Sa robe de maison effleurait ses chevilles, ses doigts fins partaient en quête d’un objet adéquate. Cartes, pendules, bougies, bocaux remplit d’herbe… Ce qui étaient de vulgaires objets aux yeux des plus sceptiques se trouvaient être pourtant les instruments de tout l’art d’Isla et de son don. Dans son fauteuil, Iris resta de marbre pour ne pas perturber sa belle-sœur qu’elle observait, tanguant entre la curiosité et l’impatience. Le destin de son frère se trouvait là, quelque part dans cette pièce, entre Isla et tous ces objets qui l’entouraient. Si James était vivant, c’était maintenant ou jamais pour manifester le moindre signe, rien qu’une brise ou un éclat de couleur dans les yeux clairs de sa femme pour leur montrer qu’il était bel et bien en vie en Angleterre, au Mali ou dans n’importe quel pays.

    Isla déambula encore une poignée de seconde avant de planter son regard dans celui de la plus jeune.

    - Finis ton thé. » Iris s’exécuta, fronça les sourcils en buvant sa boisson encore trop chaude et qui lui brûla le palais et une partie de la langue. C’est pourtant sans se plaindre qu’elle finit sa tasse jusqu’à la dernière goutte avant de la reposer sur son socle, essuyant le coin de ses lèvres du pouce. Isla fouinait elle ne savait quoi dans ses bouquins, puis vient se rassoir dans son fauteuil pour recentrer son don, pendant que la Sharp Eye plongea son regard au fond de la tasse.

    Etait-ce vraiment une bonne idée ? A chaque demande, les questions étaient les même… Si Iris s’acharnait à croire que James était en vie, elle n’oubliait pas que la réponse pouvait aussi être funeste. La personne qui serait la première à le savoir serait Isla et rien ne la protègerait de ce qu’elle pourrait voir, un matin, entre les feuilles de son propre thé ou en effleurant la main d’Iris. Elle serra les dents, le cœur toujours divisé. Une fois, elle avait songée à demander à une tierce personne avant que cette idée ne lui apparaisse aussi stupide que malvenue. Si Isla ne parvenait pas à entrevoir un indice, personne d’autre ne le pouvait. Et ce vide-là, leur appartenait.

    Isla voulut prendre la tasse de sa belle-sœur mais cette dernière marqua un temps d’arrêt. Est-ce que James ne lui en voudrait pas de s’acharner de cette façon en forçant sa propre femme de garder la tête sous l’eau ?

    - Allez, donne-moi ça. »

    Elle céda. La peine, trop forte et douloureuse, primait.
    Iris s’enfonça dans son fauteuil, les yeux fermés. Le raz-de-marée grondait dans sa poitrine comme à chaque fois qu’elles se prêtaient à cette exercice. Elle prit une inspiration et c’est une Isla concentrée qu’elle retrouva lorsqu’elle rouvrit les yeux. Sans un mot, elle l’observa durant ce qui lui semblait être des minutes multipliées par deux. Habituée à observer le monde dans son ombre, la Sharp Eye n’eut aucun mal à se faire oublier pour ne pas écraser Isla de sa présence. Aucun bruit ne venait perturber le silence qui entourait les deux femmes si ce n’est leur respiration respective, calme et discrète, ou le souffle d’une brise nocturne dans les nombreux arbres qui peuplaient le domaine des Darcy.
    Le temps défilait entre les doigts gracieux d’Isla qui tournait et tournait encore cette maudite tasse pour faire jouer le thé. Le dos droit, le visage concentré, la prophétesse dégageait une aura magnétique, captivante, qui aurait pu fasciner Iris si elle n’était pas obsédée par la possibilité qu’un signe puisse se détaché des feuilles de thé… Mais, peu à peu, les épaules de sa belle-sœur s’affaissèrent avant même qu’elle ne redresse son regard vers elle.
    Son cœur se serra brutalement. La réponse, elle la connaissait déjà.

    - Le thé ne donne rien. Rien, pas un seul signe. Ce n’est que du charabia. Je suis désolée.
    - Tu n’y es pour rien. »

    C’est elle qui devrait s’excuser de leur infliger ça. Cette foutue plaie qui s’ouvrait plus encore face à l’énième échec. Iris sentit son crâne se remplir, inondé d’émotions et d’images qui se placardaient les unes sur les autres. La douleur descendait jusqu’à sa nuque. Le manque de sommeil, le stress, cette fixation sur ce spectre qui ne reviendrait peut-être jamais, le poids de la culpabilité… tout l’étouffait. Elle ferma les yeux et se pinça l’arête du nez. Iris n’aurait jamais dû lui demander ça.

    - On peut essayer une dernière chose. »Une dernière ? Le choix des mots. Trop surprise, la Sharp Eye ne s’y attarda pas. Isla semblait revivre d’une étincelle surgit de nulle part. Celle de l’espoir. Elle vrillait ses yeux clairs et Iris se mordit la langue. Elle semait les tourments avec ses foutues obsessions. L’album de souvenirs fut repoussa d’un geste du bras et Isla saisit la main de la Sharp Eye et glissa l’autre sur son avant-bras. Un long frisson remonta jusqu’à son épaule, surprise par ce contact franc. « Ok. Pense à lui, de toutes tes forces, concentre-toi sur son image. Et si le cauchemar vient, laisse-le, ne le repousse pas.
    - Ok. » Elle s’exécuta, saisit cette chance en se remettant totalement entre les mains d’Isla.

    Il ne lui fut pas compliqué de penser à James. C’était aussi simple et naturel que de respirer. Aussitôt ses yeux fermés, Iris le visualisa le jour où il lui avait annoncé sa future paternité. Son frère aîné avait toujours été le plus expressif des deux et ce qui avait habité ses yeux ce jour-là lui restait encore profondément gravé. Dire qu’il était heureux était un euphémisme. James était comblé, comme s’il avait atteint l’apothéose de son bonheur d’avoir un enfant avec la femme qu’il aimait sincèrement. Cette image lui fit l’effet d’une vague nostalgique qui en entraîna d’autre. A chaque poignée de seconde, le visage de James lui apparaissait tantôt heureux, tantôt furieux. Iris revivait ses souvenirs comme Isla avec son album photo. Elle tournait les pages de ce qu’elle gardait de son frère aimé, de tous les moments partagés ensembles. Iris s’était rarement ainsi focalisée sur lui. Depuis sa disparition, chaque souvenir lui était plus douloureux qu’agréable, bouffée par la frustration de ne plus jamais le revoir et de ne pas savoir où il se trouvait.
    Alors c’était sans surprise que le cauchemar lui revenait. Cet évènement responsable de l’horreur qu’elle traîne avec elle, ce fardeau si lourd à porter. Il y eu d’abord les cris impérieux de James au travers le brouhaha d’une bataille barbare, puis les éclats de lumière. Iris se souvenait des odeurs, de la texture de la poussière dans ses cheveux, de la douleur des blessures. La confusion régnait et elle ne chercha pas à retenir le flux qui cognait partout en elle. Elle qui détestait tant se laisser submerger par les émotions, elle s’y abandonna, fébrile et tremblante. Si bien que la teinte de ses cheveux et de ses yeux suivirent le raz-de-marée. Les couleurs s’accumulaient sans qu’aucune des deux femmes ne s’en aperçoivent, trop concentrée sur l’apparition d’un quelque chose qui ne venait pas. Et Iris poussait, essayait, forçait ses penser sur une seule et même personne. Son cœur s’emballait, les larmes remontaient. L’énergie d’Isla picotait sa peau, celle d’Iris souleva le duvet de ses avant-bras.

    Puis ce fut la fin.

    La main de sa belle-sœur se retira brusquement, Iris ouvrit les yeux tout aussi vivement et une larme lui échappa. Elle la chassa d’un geste vif, perçu une mèche de ses cheveux devenu aussi noire que la nuit. L’atmosphère dans la pièce semblait s’être alourdit mais rien n’aurait pu peser plus lourd que son propre cœur qui martelait sa poitrine. Iris avait le souffle court, trahit par ses émotions de toute part et elle eut toutes les peines du monde à se reconnecter au calme que la matriarche des Darcy lui avait enseignée.

    Isla était dans un état tout aussi chaotique que le sien ou, tout du moins, tout aussi vif. Ses joues étaient légèrement pourpres et ses yeux brillaient d’une colère impuissante. Sa belle-sœur soufflait, pressait ses mains sur son visage et Isla prit conscience de la brutalité du moment. La violence qui avait traversé la Sharp Eye s’était répandue avec la même fureur chez la prophétesse.

    - Je suis désolée Iris. Rien ne vient. »

    La tête lui tournait, la frustration lui rongeait les nerfs. Elle posa ses coudes sur la table et joignit ses mains tremblantes contre son front. Elle ferma les yeux, chercha le fil qui la menait à cette flamme de glace. Son calme. Son point de mire pour ne pas vriller et mettre ses émotions en camisole. Iris prit une inspiration mais à chaque fois qu’elle tentait de saisir le fil, le visage de James réapparut aussi nettement que si elle l’avait vu hier.
    Voilà ce qu’elles avaient récolté par sa faute. Des tourments. Encore et encore. Des espoirs inutiles, futiles, désespérés. Qu’Iris y croit encore était une chose. Qu’elle entraîne Isla dans ses multiples chutes en était une autre. Son frère ne l’aurait jamais toléré. Plutôt que d’enfoncer sa belle-sœur, elle devrait plutôt veiller sur elle comme l’on veille sur un être cher.  

    - C’est moi qui suis désolée. Je n'devrais pas t’infliger tout ça Isla. » Sa voix était rauque et trahissait ce qu’elle cherchait éperdument à contenir. La prophétesse avait perdu les deux amours de sa vie. Qui aurait été assez immonde pour la garder prisonnière de ce mal ?

    Elle souffla, glissa une main sur la table, l’autre dans ses cheveux qui, du noir, glissait vers un bleu sombre. La peine.
    Son regard vert et humide se dressa vers Iris.

    - Je ne sais simplement plus quoi faire. » Elle fut tentée, dans un élan de tendresse, de saisir la main d’Isla pour chercher un contact rassurant au milieu de cette brume épaisse qu’était son désespoir… Pourtant, elle se ravisa. Elle ne ferait qu’alourdir le deuil de sa belle-sœur.
    Iris se redressa, se leva. Fit quelques pas dans le salon en glissant les mains dans les poches de son pantalon.

    - Est-ce que … sa question se bloqua dans sa gorge qu’elle éclaircie. La Sharp Eye se tourna vers Isla. Est-ce qu’on a raison de continuer d’y croire ? »

    Ou ne devraient-elles pas faire comme les parents Crawley ; Faire leur deuil. Laisser James en paix, qu’importe où il se trouvait.

    made by black arrow
    Born here
    Iris Crawley
    Iris Crawley
    Born here
    Reducto
    DATE D'INSCRIPTION : 03/08/2022
    HIBOUX : 133
    FAYS : 3489
    Amplificatum


    Nightfall on hope

    ft Iris
    goodbyes are inherently sad


    Isla resta silencieuse, le temps que sa belle-sœur se reprenne, réaffirme sa poigne sur ses émotions, sur les couleurs criardes qui traversaient ses cheveux. Elle l’observait, sans bouger de son côté, l’expression contrite.
    Elle était réellement désolée, et pas seulement pour Iris, mais également pour elle-même. Chaque tentative était un échec qui avait du mal à passer et rajoutait du poids sur le fardeau qui lui pesait sur les épaules. Isla était incapable de se débarrasser du manque cruel qui lui infligeait l’absence de son mari. Les questions, les incertitudes, le fait de savoir si James était encore en vie ou non la torturait dès qu’elle n’avait plus la tête au travail.

    Si elle en voulait à son fils, elle ne pouvait que comprendre son besoin, et espérait qu’il trouve ses réponses. C’était ainsi que les choses devaient se dérouler. Après la grande prophétie lui annonçant le pire, Isla avait essayé d’intervenir. Une part d’elle savait que son acharnement avait causé la perte de son amant. C’est pourquoi elle ne s’était battue plus que de raison avec Louis. Le destin avait décidé de lui enlever ses deux hommes.

    « C’est moi qui suis désolée. Je n'devrais pas t’infliger tout ça Isla. » La prophétesse osa un mince sourire qui se voulait rassurant. Personne ne devrait avoir à vivre ça, de cela elle en était persuadée, mais c’était ainsi. Et leurs tentatives désespérées ne pouvaient plus rien changer, désormais. Isla arrivait au terme de sa patience, la douleur l’empêchait de faire son travail correctement, et elle aimait croire qu’une vie plus légère l’attendait si, enfin, elle faisait son deuil. Ou, en tout cas, si elle s’en donnait la possibilité.

    Les cheveux d’Iris changèrent de couleur pour virer du noir au bleu, sombre comme la nuit. Isla avait appris au fur et à mesure des années à comprendre les significations des tonalités qui glissaient sur les cheveux qu’Iris semblait préférer blonds. Elle s’en voulait déjà, car ses cheveux ne feraient surement que s’assombrir en réaction à la décision d’Isla.

    « Je ne sais simplement plus quoi faire. » Ses yeux suivirent la silhouette qui se leva, comme incapable de se contenir assise sur le fauteuil en bois sombre des Darcy. Isla connaissait cette agitation caractéristique des Crawley. Isla reconnu son propre mari dans la mise en marche, besoin irrépressible de se dégourdir pour accompagner les pensées fusant de toutes parts. Iris fit comme si : elle glissa ses mains dans ses poches, geste presque décontracté alors que la peine transpirait. « Est-ce que… Est-ce qu’on a raison de continuer d’y croire ? ». Iris se planta un instant dans sa marche pour se retourner vers la table qui les séparait et vers Isla elle-même. La prophétesse garda le silence un temps, les lèvres serrées, semblant réfléchir à la meilleure manière d’aborder les choses. Ses yeux, pourtant, ne quittèrent pas un seul instant ceux de sa compagne de désespoir, même lorsque celle-ci se remit à bouger. Isla, en retour, restait immobile, appuyée contre le dossier du fauteuil, les mains restées sur la table, tentant tant bien que mal de ne pas laisser échapper sa pensée sans y mettre les formes.
    Pour une fois depuis longtemps, l’assistante se retreignit de laisser libre court à ses émotions en compagnie de sa belle-sœur et elle se surprit à retourner les mots pour ne pas la brusquer. Les formules de politesses étaient devenues superficielles entre elles, et pourtant, la voilà qui s’obligeait à prendre des gants.

    « Iris… » Était-il vraiment utile de faire durer le suspense ? La Sharp Eye n’était pas une imbécile, elle avait dû remarquer l’hésitation croissante cette dernière année tandis qu’elle revenait la voir pour une énième lecture, se prenant échec sur échec. Isla prit une inspiration, secoue la tête et quitta le regard de sa belle-sœur une seconde avant de s’y ancrer à nouveau.

    « Je ne crois pas qu’il soit question de raison. » Non, leurs recherches avaient pris la nature d’une obsession des années plus tôt. Elles entretenaient leur chagrin, sans sortir la tête de l’eau, et gardaient en elle un espoir qui les empêchaient d’avancer. Isla le voyait bien. « Il n’y a parfois plus de raison quand il s’agit d’amour et de peine. De l’acharnement, de l’espoir, un souhait qui se tient au-dessus de nous comme une épée de Damoclès. »

    Les mains de la prophétesse quittèrent la table, elle repoussa la chaise en arrière et se leva, comme rendant un dernier hommage. Ses paumes se croisèrent sous sa poitrine et enfin elle se décida à lui avouer la vérité.

    « Iris, je suis désolée. Cette lecture était la dernière. » Dire qu’Isla était inquiète de la réaction de sa belle-sœur était un euphémisme. Une partie d’elle avait continué de chercher pour ne pas la perdre. « J’aime James de tout mon cœur, et je l’aimerais toujours. C’est le père de mon fils. Et je ne l’oublierais jamais, j’attendrais toute ma vie son retour. Elle pausa, reprit sa respiration. Mais je ne peux plus continuer à le chercher de cette manière. Je dois m’autoriser à avancer, à travailler sans le chercher à chaque recoin de l’île. Je suis désolée, je ne peux plus nous infliger ça. »

    :copyright: ZUGZANG
    Born here
    Isla R. Darcy
    Isla R. Darcy
    Born here
    Reducto
    DATE D'INSCRIPTION : 31/07/2022
    HIBOUX : 358
    FAYS : 3808
    Amplificatum
    Nightfall on hope
    Isla ft. Iris



    La gorge serrée, elle observa Isla qui ne détacha pas ses yeux des siens. Dans ce silence hurlait toute leurs peines jumelles. Iris l’entendait dans les battements déchirés de son cœur, dans la solitude glaçante et terrifiante qui bouffait ses nuits lorsque son esprit n’était plus obsédé par son job, dans la réalité inéluctable que James ne reviendra jamais. Même après toutes ces années, Iris se sentait tout aussi broyée qu’aux premiers jours. Dans les prunelles d’Isla, elle put lire la même souffrance.
    Ses yeux s’embuèrent plus encore, elle dû déglutir plusieurs fois pour ravaler ses pleurs.

    Les secondes sans réponse étaient le sifflement du couperet qui s’approchait peu à peu du maigre espoir qu’Iris maintenait maladroitement. Isla prenait trop de temps pour lui répondre. Son cœur se crispa dans sa poitrine déjà douloureuse.

    - Iris… » Ses poings se serrèrent dans les poches de son vêtement. Ce n’était pas la colère mais la vaine tentative de contenir la peine. Sa belle-sœur secoua la tête, détourna les yeux puis revient à elle. « Je ne crois pas qu’il soit question de raison. Il n’y a parfois plus de raison quand il s’agit d’amour et de peine. De l’acharnement, de l’espoir, un souhait qui se tient au-dessus de nous comme une épée de Damoclès. »

    Il n’y avait pas uniquement le don de troisième d’œil qui honorait le sang des Darcy. Chaque membre de cette famille avait cette faculté à trouver les mots justes, pour le pire ou le meilleur. Car c’était exactement ce qui survolait la tête des deux endeuillées. Une épée qui menaçait l’une et l’autre d’une folie, à vouloir trop chercher l’impossible. A vouloir espérer que le vide se comble un jour, de voir réapparaitre l’être aimé.
    Isla se leva, s’éloigna de la tasse de thé et des photos. Comme un dernier au-revoir à ce que représentait James.

    - Iris, je suis désolée. Cette lecture était la dernière. »

    Crawley ferma les yeux, sentit les larmes dévaler ses joues rondes sans les essuyer. Il y avait bien longtemps qu’elle ne se cachait plus devant sa belle-sœur. Les dents et les poings serrées, endiguer son deuil revenait à tenir en apnée sous le raz-de-marée qui ne cessait de la submerger.

    - J’aime James de tout mon cœur, et je l’aimerais toujours. C’est le père de mon fils. Et je ne l’oublierais jamais, j’attendrais toute ma vie son retour. Mais je ne peux plus continuer à le chercher de cette manière. Je dois m’autoriser à avancer, à travailler sans le chercher à chaque recoin de l’île. Je suis désolée, je ne peux plus nous infliger ça. »

    Et comment lui en vouloir de ça ? Personne n’avait envie de se traîner la mort aux chevilles, de perdre sa propre vie à attendre ce qui ne viendrait pas. La culpabilité lui noua l’estomac. Les mots d’Isla étaient mille petits couteaux dans son ventre et lui rappelèrent à quel point elle avait traîné sa belle-sœur dans cet enfer. L’amour pour James qu’Isla lui avouait, sans ciller, sans hésiter, la brisait. La morcelait.
    Il avait laissé derrière lui tant de gens qui l’aimait plus que de raison. Deux familles qui pleuraient l’absence de ses rires sonores, de son impulsivité parfois ridicule, de ses sourires toujours radieux. Il avait été son phare, son équilibre pendant toutes ces années. Iris aurait voulu brûler le monde de le lui avoir arrachée si tôt.

    Qui devait être le plus désolée, ici ?

    La Sharp Eye n’avait ni ré-ouvert les yeux, ni bougée de sa place, comme si le moindre geste risquait de rompre ce barrage déjà branlant. Elle prit une inspiration tremblante, ses paupières papillonnèrent pour retrouver la silhouette, floue, d’Isla. Rien de ce qu’elle pouvait dire ne saurait être suffisant pour lui dire combien elle était désolée de lui avoir infligée cette même peine qui la bousillait.

    Cinq ans à l’attendre… Si James était bel et bien vivant, ce dernier serait déjà revenu. S’il devait être prisonnier, il aurait déjà trouvé un moyen pour envoyer un message à Avalon.

    Ainsi, c’était la fin.
    Isla avait raison. Elles devaient se faire une raison, toutes les deux.
    Pour la deuxième fois, Iris vivait la mort de son frère.

    D’une main tremblante, elle essuya les nombreuses larmes sur son visage si fatigué. La nuit était lourde pour toutes les deux.

    - Ne sois pas désolée de ne plus vouloir souffrir. Tu as déjà assez endurée. Pardonne-moi. »

    Il n’y eut pas de sourire et rien dans son ton ne laissait entendre une rancœur. La jeune femme était sincère. Deux ans plus tôt, elle lui en aurait probablement voulu d’abandonner aussi vite. Aujourd’hui, après seize saisons évanouis, Isla avait tous les droits de reprendre sa vie en main et de retrouver le bonheur ailleurs.
    Iris n’avait toujours pas bougée, les yeux embués plantés sur sa belle-sœur.

    - Il n’y a pas eu un jour où je ne l’ai pas cherché, où je n’y pensais pas. Même pendant mes missions pour Avalon, j’ai toujours trouvé un moyen de traquer un indice, n’importe quoi qui aurait pu me donner raison de m’accrocher à lui. A mesure qu’elle avouait, Iris eut la sensation que le sol se dérobait. Jamais elle ne s’était sentie si vulnérable face à n’importe qui. « Je voulais le ramener, quoi qu’il arrive, à la maison. Maintenant, j’ai peur de ne plus savoir faire sans ça et sans lui. »

    Sa voix se brisa, elle l’étouffa en toussant au creux de son poing.
    Ça lui arrachait le corps entier, la brisait en deux. Ses cheveux avaient repris une teinte bleu profonde sans qu’elle ne cherche à le retenir. Loin d’elle l’idée de faire culpabiliser Isla, jamais elle n’aurait cette cruauté.
    Elle recula et prit appuie sur l’un des meubles, plus pour être soutenu que par manque de politesse. Ses jambes étaient faites de cotons. Un soupire franchit ses lèvres, ses deux mains posées de part et d’autre sur la surface de la commode.

    - Tu le sais certainement, mais tu as été l’une des plus belles choses qui lui soit arrivée. Je suis heureuse qu’il ait pu au moins connaitre ces années de bonheur avec vous. »

    made by black arrow
    Born here
    Iris Crawley
    Iris Crawley
    Born here
    Reducto
    DATE D'INSCRIPTION : 03/08/2022
    HIBOUX : 133
    FAYS : 3489
    Amplificatum


    Nightfall on hope

    ft Iris
    goodbyes are inherently sad


    Isla observait sa belle-sœur, dans l’attente d’une réaction de colère. La Sharp Eye contredisait rarement ses attentes en matière de tempérament, la prophétesse savait généralement sur quel pied danser, accueillait tranquillement les états d’âme de la plus réservée des Crawley.
    Mais l’attendant, là, debout, Isla n’attendait pas des larmes ou en tout cas, des larmes aussi calmes. Iris, presque recroquevillée sur elle-même, comme une enfant blessée, se contentait de se tenir droit, et de serrer les poings. Une marque d’étonnement passa sur le visage de la prophétesse. Dans ce silence terrible, elle voyait son amie, sa famille, plutôt, s’effondrer. Les cheveux bleu sombre, le regard baissé et même fermé, Iris semblait se tenir avec le plus grand mal.

    La sorcière respecta le silence imposé, resta immobile, les mains toujours croisées entre elles, sous sa poitrine. Elle tenait bon. Sa résolution était prise, aussi douloureuse soit-elle, Isla s’y tenait, avait eu de nombreuses nuits avant cette rencontre avec Iris pour s’adapter à ce changement. Son cœur n’était pas froid, sa peine n’était pas soulagée, et elle savait que malgré son annonce, elle continuerait à se retourner pour se blottir contre la silhouette absente de son mari la nuit. Elle continuerait à le chercher à son réveil, d’une main maladroite de son côté du lit. Mais son esprit était résolu et Isla s’efforçait de respecter sa propre décision, essayant de discipliner son cœur triste.

    Lorsqu’Iris se remit à parler, ce fut pour s’excuser. Sa vulnérabilité était touchante, et peu courante. La Sharp Eye avait pris pour habitude de masquer, de se renfermer. Il avait fallu du temps à Isla pour pénétrer la tour d’ivoire, car même enfant, elle se cachait derrière un mauvais caractère ou des bouquins. Rhiannon avait dû prendre en charge l’enfant, pour l’aider. Isla avait assisté à sa transformation avec plaisir, avait mis un point d’honneur à toujours être aux côtés de sa belle-sœur. Elle retint un soupire ; comme elle ressemblait à son frère, se vantant pourtant d’être son opposée.

    « Je voulais le ramener, quoi qu’il arrive, à la maison. Maintenant, j’ai peur de ne plus savoir faire sans ça et sans lui. » Isla lui accorda un sourire contrit, mais compréhensif. Elle ne doutait pas de l’énergie qu’Iris avait surement mise à la recherche de James. Sa disparition avait amené sa famille à se dissoudre, et à se perdre derrière cette obstination. Isla ne voulait qu’Iris s’éloigne comme son propre fils. C’était, en partie, ce qui l’avait guidée dans sa résolution.

    « Tu le sais certainement, mais tu as été l’une des plus belles choses qui lui soit arrivée. Je suis heureuse qu’il ait pu au moins connaitre ces années de bonheur avec vous. »

    La prophétesse resta droite, malgré l’émotion qui la prit alors qu’Iris s’exprimait de nouveau. Ses yeux se mirent à briller, un peu, preuve de l’émoi qu’elle ressentit, de la chaleur qui réchauffa son cœur avant de se refroidir, se rappelant toujours qu’il n’y aurait plus personne pour entourer de ses mains et protéger la petite flamme qui aurait voulu subsister. Isla quitta son poste, s’approcha en douceur de sa belle-sœur. Tout autour d’elle semblait gris, son aura était triste, floue, Isla aurait pu y passer la main et la ressortir pleine d’encre. D’un geste tranquille, elle posa sa main sur l’épaule de sa compagne de chagrin, et tenta un mince sourire.

    « Tu y arriveras. Nous ne sommes pas sans lui, il nous a donné la chance de nous connaître. » D’un geste affectueux, Isla repoussa une mèche bleue qui cachait le visage d’Iris. Ses joues étaient trempées d’eau, et son regard profondément triste. Elle glissa son pouce sur la pommette, les doigts frais encerclant sa fine mâchoire, presque comme une mère ou une grande sœur le ferait, pour en effacer les quelques larmes qui y roulaient. « Il m’a donné vingt années de sa vie, et pour cela, je lui en serais pour toujours reconnaissante, car ce sont mes plus précieuses années. » La prophétesse récupéra sa main, s’installant contre la commode à la gauche d’Iris, de la même manière. Elle remonta son grand peignoir d’intérieur sur ses épaules, laissant glisser ses doigts le long de l’ouverture. « Il ne faut pas que tu passes ces belles années à chercher… » elle chercha ses mots, ne voulait pas appeler son mari, et le frère d’Iris, un fantôme. Elle n’arriverait certainement jamais à s’y résoudre. « … à l’attendre. Il voudrait que tu avances, et que tu fasses quelque chose de toi, ce sera le meilleur hommage que tu pourras lui rendre. »

    :copyright: ZUGZANG
    Born here
    Isla R. Darcy
    Isla R. Darcy
    Born here
    Reducto
    DATE D'INSCRIPTION : 31/07/2022
    HIBOUX : 358
    FAYS : 3808
    Amplificatum
    Nightfall on hope
    Isla ft. Iris



    Le chemin était encore long et étroit avant d’accepter de dire adieu. Le premier pas fait, Iris avait déjà la sensation de trahir son sang. Elle, si combative et tenace, lâchait enfin prise sur un fantôme qui se faisait attendre. Le vide dans lequel son cauchemar l’avait engouffrée cette nuit devenait une cage trop étroite et terriblement douloureuse. De part en part, son corps se comprimait sous l’abandon.

    James ne reviendrait pas.
    James était mort.

    Elle qui s’était imaginée marcher aux côtés de son frère pour toujours, ne reverrait plus jamais son sourire rieur.

    Cette nuit, le monde devenait brutalement glaçant. Dans le cœur d’Iris ne subsistait que l’accablement et l’impuissance. Ses parents avaient depuis longtemps acceptés la mort de leur fils, brisés de voir leur dernier enfant chercher avec une obstination désespérée celui qui l’avait tant aidé à s’élever au milieu des moqueries et de la dureté d’un monde.
    Pourtant, dans la mort persistait la vie. Et cette dernière, ce soir, se résumait en un seul être.

    Le pas d’Isla, toujours léger et gracile, rejoignait la plus jeune pour lui faire face. Sa belle-sœur posa une main sur son épaule, son parfum chassait les odeurs de la mort.

    - Tu y arriveras. Nous ne sommes pas sans lui, il nous a donné la chance de nous connaître. »

    Iris détestait à ce qu’on la touche, autant qu’Isla ne supportait aucune intrusion dans son espace vitale. Les années avaient laissées tout le temps nécessaire pour s’apprivoiser, se connaitre et aujourd’hui, les deux femmes osaient ce qui était interdit à d’autre. Aussi, ce qui aurait pu être une agression pour Iris fut un doux moment de chaleur où sa pudeur fut mise à l’épreuve. Les doigts d’Isla dégagèrent une mèche bleue de son visage pour venir, de son pouce, essuyer avec tendresse les larmes sur sa joue rebondit. Sa paume fraiche contre sa mâchoire fut le baume nécessaire à son cœur écrasé.
    James n’était plus mais elles, si. Et il n’y avait rien d’autres à faire que de se garder près de l’autre pour tenir la distance et espérer rebâtir sur les décombres de leurs vies.

    Isla n’était plus seulement sa belle-sœur. Elle était sa famille, son amie, son socle le plus solide sur cette île. Iris ne se faisait aucune illusion quant à sa loyauté envers la prophétesse. Si cette dernière devait lui demander d’enterrer un corps pour elle et de mentir à la Suprême pour la couvrir, la Sharp Eye répondrait aveuglément à l’appel. James leur avait permis de se rencontrer, mais sa disparition avait aussi renforcé un amour déjà présent qui s’était désormais cristallisé. Immuable.

    Sans un mot, brièvement, Iris se laissa aller à ce contact chaud. Vivant.

    - Il m’a donné vingt années de sa vie, et pour cela, je lui en serais pour toujours reconnaissante, car ce sont mes plus précieuses années. »

    Iris se dit qu’il n’y avait pas plus beau cadeau. A défaut d’avoir pu passer leur vie ensemble, Isla et James avaient pu s’aimer incommensurablement et sans incertitude. La Crawley avait pu assister à la naissance de leur relation et si ses souvenirs d’enfances restaient parfois troubles, elle avait toujours connu le couple profondément amoureux et, dans les mots et les yeux profondément peinés d’Isla, elle sût que même la mort ne pouvait les arracher à cet adoration mutuelle et inconditionnelle.

    La Sharp Eye n’avait pas bougée et le vide froid que la main d’Isla laissa derrière elle la fit discrètement frissonner. La prophétesse vint s’installer à ses côtés en remontant son peignoir sur ses épaules.

    - Il ne faut pas que tu passes ces belles années à chercher…à l’attendre. Il voudrait que tu avances, et que tu fasses quelque chose de toi, ce sera le meilleur hommage que tu pourras lui rendre.
    - Je sais, souffla Iris en fermant de nouveau les yeux. Parler lui était douloureux. Admettre, l’était plus encore. J’ai encore besoin d’un peu de temps. Elle essuya d’un geste vif une nouvelle larme. Qui aurait cru qu’un imbécile comme lui pouvait à ce point manqué ? »

    Elle s’autorisa un rire bref et encore larmoyant en secouant légèrement la tête, réajustant sa position sur le meuble. Le cauchemar était encore mordant, la douleur encore vive, pourtant Iris sentit une chape de chaleur alourdir ses épaules. Elle ne pourra jamais faire le deuil de son frère d’un claquement de doigts. Il lui faudrait encore du temps pour accepter d’avancer à l’aveugle et de retrouver ses marques à elle, sans chercher les siennes à lui.
    Lentement et après une courte hésitation, elle posa sa tête contre l’épaule d’Isla. Iris ferma les yeux et profita du silence, de la présence rassurante de sa belle-sœur.

    Tu y arriveras. Nous ne sommes pas sans lui, il nous a donné la chance de nous connaître.

    Avancer sans James lui paraissait impossible.
    Avancer pour lui, semblait plus réalisable. Isla en était tout aussi meurtrie. Plus digne, plus résiliente, mais pas moins blessée. Son mari n’était plus, son fils également. Mais Iris, oui et elles avaient besoin de l’autre.

    La chaleur du corps de la prophétesse contre le sien conjurait peu à peu la glace qui emprisonnait ses membres. Elle ne s’attarda pas pourtant à ce contact, très vite rattrapée par un léger malaise d’être si vulnérable. Iris se redressa et se tourna vers sa belle-sœur. Les yeux encore rouge, plus aucune larme n’y résidait pourtant malgré l’humidité au bord de ses paupières.

    - Même s’il n’est plus là, tu es et resteras ma famille, Isla. Rien ne changera ça. » Qu’importe l’adversité qui viendrait à tester la résistance de sa confiance et loyauté. Son regard s’incrusta dans le sien, un sourire pâle aux lèvres. Rien n’était à mettre en doute dans ces mots, la prophétesse le savait parfaitement. « J’espère de tout cœur que tu parviendras à retrouver le bonheur que tu mérites. »

    Ces mots-là, pourtant si banal, s’imprégnaient d’une rareté lorsqu’ils franchissaient les lèvres d’Iris d’ordinaire si réservée. Mais encore une fois, les exceptions s’autorisaient entre les deux femmes étroitement liées.

    - Je peux rester ici, ce soir ? »

    La plus jeune n’avait pas à cœur de retrouver le vide de son appartement, bien que la solitude fut sa plus fidèle amie dès son plus jeune âge. La jeune femme au fond d’elle espérait tout secrètement pouvoir bénéficier encore d’un peu de cette tendresse qui enrobait les deux femmes se tenant côte à côte.

    made by black arrow



    Who could've known I would fall so hard starting over
    Loop is closed just to go to the depths

    (c)Spiritbox ▬ Cellar Door.
    Born here
    Iris Crawley
    Iris Crawley
    Born here
    Reducto
    DATE D'INSCRIPTION : 03/08/2022
    HIBOUX : 133
    FAYS : 3489
    Amplificatum


    Nightfall on hope

    ft Iris
    goodbyes are inherently sad


    Il était un imbécile, c’était sûr. Isla laissa un sourire se tracer sur ses lèvres. C’était certainement ce qui l’avait conquise en premier. La si sérieuse, si renfermée jeune prophétesse s’était laissée charmer par l’aptitude de James à faire de l’humour de toutes situations. Il était toujours là pour la faire rire. Elle se reconnut à elle-même qu’il y avait longtemps qu’elle n’avait pas ri à s’en faire mal au ventre. Une trace permanente de la disparition de son amant. Isla laissa sa belle-sœur envahir doucement son espace, comme elle-même l’avait pu faire quelques secondes plus tôt. Elle se faisait volontiers pilier pour la Sharp Eye qui prenait la décision de la médium avec beaucoup plus de calme qu’elle ne s’y attendait. Si Isla était résolue, Iris devait encore faire un long chemin. La prophétesse l’accompagnerait tant qu’elle le voudrait, puisqu’elles n’étaient plus que deux. La tragédie qui les liait les rendait plus proches que jamais. À son tour, elle déposa son visage contre le crâne d’Iris, pour quelques secondes de repos.

    Elle ferma les yeux, se laissa aller au silence, avait l’impression d’entendre, malgré tout, les rouages dans l’esprit de la métamorphomage. Iris ne se laisserait pas faire sans se battre jusqu’au bout par la résolution d’Isla, elle le savait. Mais le chemin se ferait. L’assistante de la Suprême n’avait aucun doute là-dessus. Elle était presque rassurée, maintenant que l’annonce était faite, de voir que sa belle-sœur ne fuyait pas et semblait vouloir rester à ses côtés. Pour l’instant tout du moins.

    La Darcy lui laissa retrouver sa liberté, suivant son mouvement, et revint poser son regard dans le sien, encore rougi par la peine et humide. Elle ne pleurait plus cependant, s’était reprise.

    « Même s’il n’est plus là, tu es et resteras ma famille, Isla. Rien ne changera ça. » Isla lui sourit, avec suffisamment d’appui pour lui faire comprendre qu’elle la prenait au sérieux et au mot. Elles étaient une famille, une toute petite famille mais quand même. C’est ce qui lui restait et lui était le plus cher aujourd’hui, avec son travail et son allégeance à sa supérieure. Iris continua sur sa lancée et Isla baissa doucement la tête dans un signe de remerciements. Elle ne doutait pas un seul moment de la sincérité de sa belle-sœur mais était plus critique néanmoins sur sa capacité à retrouver un jour l’état heureux dans lequel James avait perpétuellement travaillé à la garder.

    « Je peux rester ici, ce soir ?
    — Ce soir, demain, quand tu veux et le temps que tu veux. Tu es la bienvenue ici Iris. » Isla lui offrit un sourire tendre et compatissant. Elle ne s’autoriserait pas davantage de contact, pour de multiples raisons et pourtant avait l’envie de la serrer dans ses bras. Elle se contenta de poser une main sur son bras et à le serrer doucement, voulant la rassurer.

    « Ta chambre est déjà prête. Je vais rester un peu ici mais tu es libre de faire ce qui te chante. »

    La prophétesse resserra son emprise une courte seconde et lui sourit franchement, comme pour lui assurer que tout irait bien et se décida à rompre le contact pour reprendre sa place auprès de son livre d’images. Après ça, elle voulait retourner à ses beaux souvenirs, espérant en garder une trace suffisamment imprégnée pour en rêver sa courte nuit.

    — Isla’s ending —


    :copyright: ZUGZANG
    Born here
    Isla R. Darcy
    Isla R. Darcy
    Born here
    Reducto
    DATE D'INSCRIPTION : 31/07/2022
    HIBOUX : 358
    FAYS : 3808
    Amplificatum
    Contenu sponsorisé
    Reducto
    Amplificatum
    Permission de ce forum:
    Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
    © code et maquettes par jawn & haze.
    forum ouvert depuis juin 2022