This sorrow takes ahold (PV Luciana)
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    This sorrow takes ahold

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    Le navire n’avait pas été laissé à la dérive parce que le gouvernail était tenu par Benjamin mais suite aux récents évènements Vanessa n’avait plus remis les pieds à La Lune Noire pendant plusieurs nuits. Si son cabaret lui manquait elle restait paralysée par un sentiment de peur mêlé à de l’appréhension et aussi, il faut bien le dire, de la honte et elle n’avait osé imaginer comment se déroulait son retour là-bas, comment la regarderaient les personnes ayant tenté de la contactée, elle qui avait fait la morte.

    Devant la porte de la Lune Noire son cœur s’était mis à battre à la chamade et elle avait été à deux doigts de prendre la fuite mais n’en avait rien fait, prenant son courage à deux mains pour pénétrer céans, relevant la tête pour se composer une attitude assurée et relax qu’elle ne ressentait pas. On lui jeta des regards, bien sûr, on lui fit des sourires et finalement son retour se fit en douceur… Et lorsque le sujet de son absence fut abordé par une danseuse inconsciente un regard de feu lui cloua le bec avant que ne résonne les mots de Vanessa, lapidaire, comme un coup de fouet. « Vie privée. »

    Le premier soir elle le passa surtout dans le bureau avec Benjamin, qui la mis au courant du chiffre d’affaires qu’ils avaient fait lors de son absence et s’il n’osait lui demander directement pourquoi elle avait disparue elle aborda d’elle-même le sujet pour justement lui conseiller de tenir sa langue et de ne pas en parler. Elle y était allée dans la salle, avait jeté un coup d’œil au bar et eut des flashs… Voyant la scène qui s’était déroulée d’un œil extérieur, comme si elle n’avait pas été l’un des protagonistes. Avait frissonnée pour s’enfermer dans cette pièce. Néanmoins elle avait donné ordre qu’on vienne la chercher dès que Eko se présenterait. Elle lui devait des excuses, elle le savait, pour avoir pris la fuite au lieu d’aller se faire soigner à l’hôpital. Elle imaginait bien qu’il lui en voulait mais n’avait pas encore idée de combien sa rancune était tenace, il était encore si jeune. Il existait entre eux une certaine différence d’âge (pour ne pas dire une différence d’âge certaine) que Vanessa oubliait assez souvent, pour ne pas dire tout le temps, parce que Eko mentalement faisait souvent plus âgé ou bien alors parce qu’elle était encore immature, allez savoir…

    Il ne vint pas. Ni ce soir-là, ni le suivant, ni même celui d’après. Ce qui n’était pas dans ses habitudes. La main tremblante elle avait même essayé de le joindre mais le téléphone toujours sonnait dans le vide… Elle n’en avait pas parlé à Drake mais l’absence de Eko commençait à lui peser et son cœur se serrait de tristesse. Le quatrième soir, alors que la soirée battait son plein, elle s’approcha du bar derrière lequel officiait Luciana. Elle prit place sur le tabouret le plus éloigné de celui du soir funeste, évitant même de regarder par-là bas. Et demanda un verre à Luciana. Un soda. Elle n’osait même plus boire d’alcool. Les salauds l’avaient bien amochée.

    -Eko ne vient plus. lâcha-t-elle. Comme ça. Ouvrant son cœur à son employée comme si le fait qu’elle l’ait sauvée d’un viol faisait d’elle sa confidente attitrée. Mais à qui en parler ? Elle avait été là. Elle avait vécu cette scène…Et elle ne voulait pas en parler à Drake pour le moment de peur qu’il se sente dans l’obligation de faire quelque chose, d’être comme on dit le cul entre deux chaises.

    -Eko ne vient plus… Répéta-t-elle, un nœud dans la gorge, sentant monter des larmes qu’elle refoula avec le plus grand mal. Par Morgane depuis cette nuit-là elle était plus prompte à chialer que pendant ses menstruations !

    -Est-ce que par hasard tu l’as revu ? Eu des nouvelles ? A-t-il dit à quel point il avait envie de me tuer quand il s’est aperçu que j’avais pris la poudre d’escampette ?







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    A l’inverse de sa patronne, la barmaid n’avait pas lâché son poste un seul soir, depuis. Au grand dam d’Alex qui lui avait soumis l’idée de prendre quelques jours à plusieurs reprises, sans succès. À chaque ouverture, elle avait servi comme à son habitude chaque verre avec le même entrain que les clients et collègues lui connaissaient. Elle avait nettoyé le bar après chaque fermeture, fait ses inventaires quotidiens, rangé avec minutie. La routine était ce qui tenait la tempétueuse lusitanienne et lui évitait de perdre pied, et elle n’y avait pas changé grand-chose pour passer le non événement dans une case estampillée ‘Passé’. À part un détail auquel elle n’avait pas pu échapper… Ou plutôt à propos duquel elle n’avait pas eu son mot à dire.

    Oui.
    Lui.
    Soupir.

    Le vigile semblait bien plus marqué par ce qu’il avait décelé chez Luce que ce qu’elle-même voulait bien montrer. Peut-être cherchait-il à anticiper un pétage de plomb en bonne et due forme, quand la coupe serait trop pleine ? Peut-être pressentait-il qu’il pourrait survenir à n’importe quel moment ? Peut-être attendait-il justement qu’il survienne. Quoiqu’il en soit, après chaque service, il avait imposé de la raccompagner chez elle, laissant le soin à Benjamin d’être le dernier à fermer. Tous les soirs.

    Soupir.

    Toutefois, même si elle ne l’avouerait jamais au brun agaçant qui semblait encore plus collant qu’à l’accoutumée, elle ne pouvait nier que ses attentions et ses âneries avait le bon goût de la divertir assez pour qu’elle ne pense plus à tout cela. Enfin, pas trop, en tout cas. Assez pour ne pas faire resurgir d'anciens démons d'un passé encore plus lointain. Elle avait donc mis en pratique l’adage qui dit qu’il faut remonter tout de suite en selle après une chute. Et pour le moment, ça semblait fonctionner pour la belle.

    Rien n’avait réellement fuité de cette agression, et les seuls présents s’étaient bien gardé d’en parler à quiconque, pas même au co-directeur du cabaret. Il faut dire que ni l’un ni l’autre ne le portait spécialement dans leur coeur. Alexandre s'était contenté de renforcer le dispositif de sécurité de son propre chef, ce qui n'avait pas étonné plus que necessaire le supérieur. Et après tout, c’était à Vanessa, principale victime, de choisir à qui elle comptait le révéler. Enfin, quand elle aurait décidé de revenir.

    Cela pris plusieurs nuits. Et son retour fut à la fois naturel et tellement loin de son attitude habituelle. Cependant, il n’était personne pour le faire remarquer, en tout cas en présence de la principale intéressée. Elle passa ses soirées dans son bureau, ça arrivait. Rarement trois soirs d’affilés. Si personne ne s’en inquiétait vraiment pour le moment, Luce savait. Devinait tout du moins. Quoiqu’elle en dise, elle pouvait accepter l’idée que le lieu soit trop chargé émotionnellement pour l’autre femme, pour qu’elle puisse y revenir sereinement d’un seul et unique coup. Elle avait conscience également de fonctionner différemment d’une grande part de la population.

    Alors, quand la patronne finit par prendre place au bar, au bout du quatrième soir, elle ne fit aucun commentaire. Ce n’était ni son tempérament, ni son rôle. Elle était là pour servir et pour s’assurer que les clients passaient ainsi une bonne soirée. Pas pour juger de la façon dont l’héritière de feu gérait son traumatisme. D’autant que niveau gestion des émotions, elle était bien loin d’être un modèle en la matière. Au lieu de donner un banal soda à Vanessa, elle prit un instant pour composer un rapide cocktail qu’elle voulait proposer à la carte et qui devrait correspondre aux goûts de la gérante, qu’elle commençait pas mal à connaître depuis le temps qu’elle officiait là.

    Alors qu’elle pose le verre à la couleur bien plus nuancée que le simple soda commandé, elle se contente de hausser les épaules au regard interrogateur de sa vis-à-vis. « C’est sans alcool. J’y pensais, pour la carte. » Une façon, aussi, de laisser passer le message que la vie continuait. Ce qu’on lui avait appris quand on lui avait donné sa seconde chance, en arrivant ici. Elle a bien entendu remarqué que le tabouret choisi est à l’exact opposé de celui de cette nuit-là. Elle n’en dit rien, sert un autre client plus loin. La soirée n’est pas terminée, elle ne peut pas rester au chevet de la blessée, quand bien même les ecchymoses ne sont plus visibles sur sa peau, ou seulement quand on sait où regarder.

    Pourtant, elle ne la laisse pas seule pour autant, reste à proximité. Un instinct de protection. Et si son regard se pose sur la tristesse qu’arbore Vanessa, signe qu’elle a bien entendu, elle reste silencieuse. En effet, Eko n’était pas réapparu depuis. Est-ce cela qui torture encore la brune face au comptoir ? Répétition de sa part, et là encore Luciana écoute, sans rien dire. Elle laisse l’autre prendre conscience de ce fait, cela ne ressemble pas au gardien de passer autant de temps sans mettre les pieds ici. C'est un fait. Mais Luciana n’est pas le genre de personne à imposer un avis qu’on ne lui a pas demandé, quand bien même elle en a des bien tranchés.

    C’est donc qu’une fois que les questions sont posés qu’elle s’arrête un instant de faire ce qu’elle fait pour y répondre proprement. « Non. Et pas directement. Il n’a rien dit de ce genre là, pas sur le moment. » Elle fait mine de réfléchir, jaugeant de ce qu’il convenait de dire, à minima. « Pris la poudre d’escampette, c’est comme ça que tu qualifies ta disparition. » La phrase est neutre, presque détachée. La formulation lui parait enfantine, comme pour minimiser le fait qu'elle se soit barré sans se préoccuper de sa santé et des autres. Finalement, elle n’a aucune idée de ce qu’il s’est passé après, realise l'employée. « On l’a deviné, tous. Immédiatement. Et il t’a laissé le temps de fuir. Seul son supérieur a semblé surpris, quand Eko l'a annoncé. » Pour le moment elle se cantonne à cela comme information, puisqu’une commande d’une serveuse arrive, nécessitant son attention quelques instants.

    @Vanessa Craven


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    Luciana Monteiro
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    Son regard, bien que dirigé sur Luciana, était perdu dans le vide alors qu’elle luttait contre les images de l’agression qui lui revenaient sous la forme de flash. Elle détestait ces deux hommes qui avaient souillé son cabaret, un de ses sanctuaires. Elle serra les poings sur le bar, des flammèches s’en échappant, tentant de reprendre pied dans la réalité et Luciana qui lui proposait non pas le soda qu’elle avait commandé mais un cocktail, sans alcool, de son invention et qu’elle voulait proposer à la carte, après validation de la patronne, semblait-il. Elle regarda le mélange comme un œnologue la robe d’un vin, le porta à son nez pour tenter de distinguer une odeur familière mais sans grand succès aussi porta-t-elle le verre à ses lèvres, buvant ainsi une petite gorgée. Décidemment, elle était très douée dans son métier, sa barmaid. Le cocktail était tout simplement délicieux et chassa les pensées noires de Vanessa.

    -Comme toujours, parfait ! Merci. Oh et avant que j’oublie… Il faudra que tu passes au bureau, pour signer l’accord quant à ton augmentation de salaire, voir si la proposition de 15% mensuels te convient.

    Ainsi donc Eko avait deviné ses intentions, ce qui la connaissant n’était pas vraiment étonnant, et, là oui c’était plutôt surprenant, avait couvert sa fuite. Il avait couvert sa fuite alors même qu’il la désapprouvait…Et désormais il était fâché contre elle et faisait le mort… Elle aurait presque préféré qu’il lui barre la route…Ce silence… Il lui faisait tellement mal… Mais la simple idée d’aller à l’hôpital…

    -C’était plus fort que moi…Je…J’ai horreur des hôpitaux. confia-t-elle sans pour autant en révéler les raisons. Seul Drake le savait et elle n’était pas prête à l’expliquer à qui que ce soit d’autre…Sauf peut-être Eko. Parce qu’elle se rendait compte que l’amitié du jeune homme lui importait plus que ce dont elle avait eu conscience jusqu’à présent. Elle passa une main dans ses cheveux avec une envie de pleurer qu’elle réfrénait encore.

    -Je n’ai pas encore vu Alex, non plus…Si Eko m’impose la loi du silence je pense qu’Alex, lui, va me faire un sermon ou carrément me sermonner pour être partie… Elle soupira en ayant l’impression que quelque chose, un poids sur sa poitrine, l’oppressait et l’empêchait de respirer. Ce fut l’instant que choisi une serveuse pour venir déposer une commande et involontairement, alors qu’elle la saluait, Vanessa la fusilla du regard. Ok. Message passé : la patronne n’était pas d’humeur à ce qu’on vienne lui parler. Un petit sourire et dès que la commande fut sur le plateau, deux petits pas en arrière et elle reparti en salle.

    -Tu ne m’as pas dit…Est-ce que tu l’as revu ? Eko… Ailleurs vu qu’il semble ne plus jamais vouloir mettre les pieds ici… Je suis désolée vous vous êtes inquiétés pour moi mais… l’hôpital…C’était au-dessus de mes forces… J’avais… besoin de… Drake. Elle avait eu besoin de Drake. Comme toujours, d’ailleurs. Et désormais elle avait besoin de revoir Eko. De lui faire comprendre. Qu’il lui pardonne.

    -Peut-être qu’Alex lui…pourrait… contacter Eko. Lui dire que j’ai des explications…Des excuses à présenter…

    Pensées qui viraient à l’obsession : agression et Eko. Et elle ressemblait à un disque rayé qui ne parlait pas d’autre chose…






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    Son regard perçant se pose sur sa patronne, dénué de toute anxiété pourtant, alors qu’elle l’observe goûter le cocktail qu’elle vient de lui présenter. Un petit hochement de tête et une minuscule esquisse de sourire sur un coin de ses lèvres exprime la satisfaction de constater que Vanessa apprécie le breuvage avant même que cette dernière ne le confirme de vive voix. « Ok. » Une fois encore, la sobriété de la verve n’est pas très étonnante. Luce est laconique, surtout dans le cadre professionnel. Bien entendu, elle peut parler plus, mais peu peuvent se vanter de l’avoir déjà vu s’égarer dans des paroles inarrêtables.

    Elle accueille la confidence avec la neutralité qui la caractérise. Sans un mot, avec à peine un frémissement de sourcil. Tout le monde a ses peurs, ses angoisses, ses raisons. Toutes semblent légitimes à chacun, même quand elles ne le sont pas pour les autres. Et elle n’allait pas accabler plus encore la brune dont elle remarque les yeux un peu trop brillants et la moue un peu trop ombrageuse. De toute façon, comme précisé, la soirée bat son plein, et la barmaid n’a pas que cela à faire, de décrypter tous les signes révélant l’état de la victime de l’agression qui s’est déroulé ici.

    Quand le prénom du chef de la sécurité du cabaret pope dans la bouche de Vanessa cependant, elle tressaille et s’arrête un instant. Oh, que deux secondes, avant de reprendre son mouvement initial. Son ouïe se fait plus attentive, avant qu’elle lâche un petit soupir. Oh, rien de vraiment irrespectueux, mais la différence entre les bavards et les taciturnes est bien représenté en cet instant. Cette information n’intéresse guère la lusitanienne, si bien qu’elle ne renchérit pas. Qu’Alex la sermonne ou non lui importe peu. C’est les affaires du brun, et elle serait bien en peine de savoir ce qu’il comptait faire. De son point de vue, l’adulte qui se tient devant elle a fait un choix ce soir-là. Un choix qui lui appartient, peut-être pas le plus heureux, mais qu’elle devrait assumer au lieu de s’émouvoir au dessus de son verre à la teinte irisée.

    Mais ça encore, ce n’est qu’un avis tranché qu’elle se garde bien de donner, puisqu’on ne le lui a pas demandé. Les habitudes ancrées au fer rouge dans sa première vie lui ont laissé cette froideur apparente, derrière laquelle elle se sent elle-même en sécurité. De toute manière, c’est la serveuse qui coupe le flot de paroles et lui donne une excuse pour se détourner du côté mielleux qui suinte de la morosité de l’héritière de feu. Un truc un peu collant et visqueux, qui semble engluer la demoiselle. L’interlude dure le temps de la préparation des verres par Luce, avant que l’autre employée ne prenne la fuite fissa, voulant échapper à la tempétueuse patronne.

    Heureusement, la barmaid, elle, y est assez hermétique pour rester à son poste. Il aurait été de mauvais goût qu’elle aussi s’éloigne de ce tourbillon nébuleux de sentiments qui émane de l’accoudée au zinc. Surtout qu’il ne faudra probablement pas plus de quelques minutes avant qu’une personne de l’équipe de service vienne apporter la commande d’une autre table. La question qui revient en boomerang fait tourner la tête de Luciana. Une fois encore la volubilité de Vanessa fait des siennes et celle-ci s’emporte dans des explications inutiles et superflues pour la confidente désignée d’office, avant qu'elle ne puisse y répondre. A quoi bon poser des questions, si on attend pas les réponses ? D’autant plus si c’est pour ne pas aller au bout, non ?

    Qu’elle ai eu besoin d’aller pisser, de prendre l’air ou de courir à perdre haleine...
    Qu’est-ce que ça changeait à l’histoire finale ?
    Un choix restait un choix, non ?
    Avec les conséquences qu'on ne maîtrisait pas toujours.

    Son visage se renfrogne un peu, trouvant soudainement la solide patronne un peu trop… chétive. Craintive. Anxieuse. Enfantine. Et si elle aurait pu comprendre le traumatisme de s’accouder au bar, de revenir fouler la salle, de se remémorer les faits violent dont elles ont toutes deux été à la fois victimes et spectatrice de l’autre, la peur d’être approchée par des inconnus… La voir se focaliser sur cette culpabilité illusoire l’agace un peu, à vrai dire. Et la dernière remarque, sur ce que pourrait faire Alexandre pour lui rattraper le coup avec Eko ne relève pas le niveau aux yeux de la portugaise.

    Sentant le créneau de silence arriver, puisqu’en bonne écoute muette elle laissait facilement les autres parler, et Vanessa parlait beaucoup, elle prit enfin la parole. « Si, je t’ai dit non. Je n’ai pas vu Eko. Ni ici, ni ailleurs. » Le ton est sec, ferme. Assuré. Si elle parlait peu, elle avait pris la peine de répondre méthodiquement à toutes les questions de son interlocutrice, quand bien même celle-ci n’avait pas associé la bonne réponse à la bonne question. Le défaut d'en poser mille à la seconde, peut-être ?

    « Alex l’a déjà contacté. Et je doute que tu marques des points en te cachant derrière lui et les excuses que tu viens de me bredouiller sans conviction. » Oui, pour une fois, elle sortait un peu de son rôle d’écoute active qui ne dépassait pas la limite de ce qu’on lui demandait. Mais embourber le vigile dans cette culpabilité, que l'amie d'Eko ressassait, titillait légèrement la barmaid. C’est que lui aussi avait un peu accusé le coup dans l’histoire, même s’il était bien moins vindicatif que le gardien dont elles parlaient depuis cinq bonnes minutes. Probablement l'un des rares sujets qui pouvaient faire réagir la belle, quand bien même elle ne le conscientise pas vraiment.

    @Vanessa Craven


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    Plus que les paroles de Luciana ce fut le ton employé par cette dernière qui fut comme un électrochoc sur Vanessa qui sursauta tout en se redressant sur le tabouret où elle s’était affalée, la fusillant du regard. Il est vrai qu’à trop s’apitoyer sur elle-même elle n’avait pas tout entendu de la réponse de la barmaid mais est-ce que cela méritait vraiment qu’elle se permette de lui parler ainsi ? À sa patronne qui venait de l’augmenter ? Un autre patron le lui aurait fait remarquer, lui infligeant un blâme ou un avertissement et en lui retirant l’augmentation. Mais si Vanessa était impulsive elle n’en restait pas moins une personne de parole et franchement menacer un employé de lui faire perdre son boulot pour ça…Ce n’était pas dans son caractère (de merde). Et elle n’oubliait pas la gratitude qu’elle lui devait car si elle n’avait pas été violée ce fut bien grâce à Luciana.

    Elle en avait besoin, même si elle ne l’avouait pas à haute-voix, qu’on la secoue, sortir de cette torpeur dans laquelle était plongée dès qu’elle revenait au cabaret. Par chance, elle ne pensait plus, ou presque plus, à l’agression quand elle était chez elle. Ou chez Drake. Car il était là, avec elle, dans cette nouvelle relation évoluée et il était un peu comme un attrape-rêve, il repoussait les cauchemars et ses nuits n’étaient pas peuplées d’horribles songes.

    -Ce n’est pas parce que j’ai mal entendu ta réponse que tu dois pour autant te montrer désagréable avec moi.

    Elle ne lui jeta pas son verre à la figure parce que cela aurait été gâcher un excellent cocktail et que le talent de Luciana méritait au moins un peu de respect. Elle fronça cependant les sourcils.

    -Des…excuses ? Mais par Morgane tu crois quoi au juste ? Que je suis partie pour le plaisir de vous planter ? Que ça m’amuse d’inquiéter les gens avec qui je travaille ou mes amis ? Des excuses… Tu me juges sans savoir parce que mon passé ne te concerne pas et je pense que tu t’en contre-fous éperdument de toute façon mais mon aversion pour les hôpitaux est bien plus profonde qu’une simple putain d’excuse, bordel de merde !

    Elle avait haussé le ton, fini le cocktail parce que bordel qu’il était bon, et reposé si violemment sur le bar qu’il se brisa. Autour d’elle se fit le silence et on les regardait les yeux écarquillés. Tous les employés et grand nombre d’habitués connaissaient le caractère volcanique de la patronne mais jamais encore il ne l’avait entendue parler ainsi à un membre de son personnel. Non, bien au contraire. Qu’un client ose seulement avoir un mot de travers enfin l’un d’entre eux en sa présence et elle prenait sa défense bec et ongles. Se foutant complètement de l’adage disant « le client est roi ».

    Bien évidemment, cet esclandre attira l’attention d’Alex qui se fraya un chemin dans la foule d’un pas nonchalant, affectant de ne pas être interloqué par la scène même s’il fronçait les sourcils. En quelques mots il fit en sorte que le cours de la soirée reprenne et vint rejoindre les deux jeunes femmes au bar. Décidemment ils formaient un trio inséparable…

    -Les filles, les filles…Si vous voulez vous battre veuillez au moins le faire en sous-vêtements que l’on puisse profiter du spectacle. Plaisanta-t-il. -Et plus sérieusement, pourquoi vous engueulez-vous ?

    Vanessa leva au ciel, exaspérée mais amusée par les paroles d’Alex. C’était pour cela, aussi, qu’il était son grand-frère au travail : il savait parfois la désamorcer.

    -On ne s’engueule pas, comme tu dis. Nous avons juste une divergence de point de vue sur un certain sujet, c’est tout. Je ne vais pas prendre le risque de perdre la meilleure barmaid de l’île pour une broutille.

    Une broutille…Elle minimisait un autre traumatisme qu’elle portait en elle depuis l’enfance et dont elle n’avait jamais soufflé mot qu’à Drake. Drake… Penser à lui, ses étreintes et ses baisers apaisait Vanessa et c’était aussi pour cela qu’elle avait dit à Alex qu’elles avaient juste une divergence de point de vue.

    Alex la regarda en relevant un sourcil, comme s’il avait du mal à la croire et porta son attention sur Luciana comme s’il attendait une confirmation de sa part ou qu’elle explose à son tour…

    -Tu me feras penser à te passer un savon dès que nous serons en tête-à-tête, Vanessa. Patronne ou pas, je m’en moque. Ce n’est pas comme si tu pouvais te passer de moi de toute façon…Quoi qu’il en soit tu t’es comporté comme une gamine inconsciente.   Alex, le grand-frère agaçant mais adorable à la fois qui parvenait à la faire sourire même quand elle avait envie de lui botter les fesses.    






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    La réaction qu’elle provoque la laisse assez dubitative, alors même que tout son corps se tend sous l’effet des paroles de la patronne, et du ton bien plus agressif de celle-ci que le sien. Ce qu’elle en conclut, de son côté du bar, c’est que la jeune femme était encore bien trop à fleur de peau pour être objective sur toute la situation. L’avait-elle insulté ? Lui avait-elle manqué de respect en réitérant de manière évidente et franche voir déjà répondu à la question, précisant que ça valait pour les deux suppositions ? Avait-elle fait preuve de mépris envers ses souffrances ? Elle savait avoir un ton qui pouvait passer pour sec et déplaisant, ce n’était pas nouveau. Vanessa devait le savoir, depuis le temps. Elle ne l’avait peut-être pas vu assez en colère pour confondre le ton qu’elle venait d’employer avec celui qu’elle aurait pris si elle avait voulu être réellement désagréable.

    Si la blessée avait voulu de la compassion hypocrite, elle avait frappé à la mauvaise porte. Toutefois, Luce accepte sans broncher la tempétueuse montée de bouclier de l’héritière de feu, regard franc et neutre posé sur cette dernière, les bras croisés bien que tendue. Ce n’était pas la première fois qu’on lui hurlait injustement dessus. Son enfance était jonché de ces moments là, ça ne l’atteignait plus depuis bien longtemps. Et elle eu même une lueur de compréhension dans le regard quand elle pensa qu’il valait mieux que la victime de l'agression le sorte là que devant quiconque d’autre. Vanessa était loin d’avoir accepté les faits, son choix bien que légitime et les conséquences qu’elle avait provoqué avec ce dernier. Elle ne put toutefois rester impassible alors que le verre se brisait sur le comptoir. Elle tressaille sur le coup de la surprise, puis soupire. Elle s’apprêtait à remettre ses paroles dans leur contexte quand elle s’aperçut que tous les regards alentour semblaient braqués sur elles. Nouveau soupir.

    Magnifique.

    Luce en était encore à se demander comment faire comprendre aux autres employés et clients interloqués que tout était sous contrôle et qu’ils pouvaient vaquer à leurs occupations respectives, le service pour les uns, le spectacle de l’autre côté de la pièce pour les autres, lorsque Alex entre en piste pour jouer au démineur. Les bras toujours croisés, elle l’observe s’approcher, le visage fermé. Elle n’en est pas moins reconnaissante, puisqu’elle n’aime pas être le centre de l’attention, ce que l’esclandre de la jeune femme déboussolée avait provoqué. Pourtant, elle, ne sourit pas à cette boutade. Elle en est même irrité, alors qu’elle se sentait déjà agacée que Vanessa ai pensé à l’envoyer plaider sa cause auprès d’Eko.

    Alors elle reste silencieuse quelques secondes de plus, laissant le loisir à la demoiselle impulsive de minimiser son accès de colère et au chef de la sécurité d’annoncer un remontage de bretelles à sa patronne. Nouveau soupir de la barmaid. Pourquoi s’inquiétait-elle pour lui, soudainement ? Franchement, il était tête à claques, elle le savait. Elle-même se prenait une avoinée juste pour avoir osé constaté à voix haute l’attitude hésitante de son interlocutrice, alors même que lui la traitait carrément de gamine inconsciente. Est-ce qu’il s’en prendrait une aussi ? Elle ne voulut pas le savoir, pour plusieurs raisons, et préfére largement reprendre la parole pour leur couper l’herbe sous le pied. Attention, vous êtes pas prêts pour la verve de la silencieuse barmaid.

    « Ce n’est ni une broutille, ni une divergence de point de vue, tout au plus une incompréhension de mes intentions de la part de Vanessa. » Elle qui regardait Alex, se retourne vers la dénommée pour s’adresser directement à elle, avec le plus de douceur dont elle est capable, malgré son agacement légèrement latent. « Je n’ai pas jugé ton acte. A aucun moment. Tu m’en vois navrée si tu l’as cru. Tu as raison, je ne connais pas ton passé. Tout comme tu ne connais pas le mien. J’estime que je n’ai pas de raison de te l’extorquer, tout comme je n’aime pas qu’on fouille dans le mien. » Un regard furtif sur Alex pour s’assurer qu’il ne se mette pas en tête de creuser, même si c’est probablement peine perdue puisqu’elle vient de laisser entendre à qui lirait entre les lignes qu’il y avait des choses enfouies. Retour sur Vanessa. « Te voir forcer à dire quelque chose que tu ne veux vraisemblablement pas dire, ça m’a laissé un goût âpre. Comme si tu regrettais ton choix. C’est le tien, le plus légitime pour toi. Quelles qu’en soit les raisons. Je crois que tout le monde a accepté ça, sans avoir besoin de savoir. » Elle le savait. Le vigile avait déjà eu Eko au téléphone, et lui en avait parlé ensuite. Là n’était pas le nœud du problème concernant le gardien, mais ce n’était pas à elle de le révéler à la source de la mauvaise humeur de ce dernier. La suite, bien plus délicate pour elle-même peut-être, du fait que le concerné était là à l’écouter. « Et croire qu’Alex pourra contacter Eko pour te préparer le terrain dans ces conditions-là, ne pourra rien donner de bon à mon avis. » Elle hausse les épaules pour conclure, alors même qu’un des serveurs, un peu plus téméraire ou consciencieux que les autres s’approche du bar, à l’autre bout pour éviter tout coup de tonnerre. « Mais là encore, ce n’est que mon avis. Il ne sera peut-être pas d'accord. » Elle jette un regard vers celui dont elle parle, tombant sur le regard surpris d’Alex qu’elle défie de la contredire sans un mot. Son visage revient sur celui de Vanessa. « J’ai retenu la leçon. Je resterai à ma place de barmaid. » Elle prend une serviette propre dans un des tiroirs derrière le comptoir et le pose devant l'impulsive briseuse de verre. « Ta main saigne. J’y retourne maintenant. »

    Et comme pour laisser le temps à sa patronne de digérer toutes ces paroles, fait qui n’est pas coutumier de la lusitanienne taciturne, elle tourne les talons pour aller réceptionner et préparer la commande de la table de huit personnes que le serveur lui apportait, la laissant en compagnie de son grand frère d’adoption comme décodeur. Il siffle d’ailleurs immédiatement d’admiration, sourire aux lèvres. « C’est pas souvent qu’elle prend autant de temps pour donner son avis… Je crois que ça l’a bien plus affecté qu’elle ne veut bien l’admettre. Et crois-moi, c’est pas faute d’avoir essayé de la faire parler avant ce soir. Quelque chose a changé chez elle, je n’arrive pas à savoir quoi. Elle était trop calme. Jusqu’à maintenant en tout cas… » Il reste songeur, observant Luciana remplir des verres aux couleurs variées plus loin.

    @Vanessa Craven


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    This sorrow takes ahold

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    Si lors des entretiens d’embauche qu’elle menait Vanessa ne lisait pas systématiquement les pensées d’autrui, se fiant souvent à son instinct (ce qui n’était pas toujours une bonne idée) elle les sondait tous néanmoins. Elle ne lisait pas leurs pensées mais plutôt ce qu’ils dégageaient et Luciana avait eu une aura, pour ainsi le dire, troublée. Et cela Vanessa le respectait. Parce qu’elle avait senti que, comme elle, la demoiselle gardait des cicatrices du passé (sans savoir exactement leur intensité), elle avait mis un point d’honneur à respecté son esprit. Ce qu’elle ne faisait pas toujours. Alex, pour ne citer que lui, avait été « victime » de ses intrusions. Et Vanessa toujours avait rit des pensées de son vigile.

    -Et je ne m’y amuserais pas…À lire ton passé.   Tenta-t-elle de la rassurer. Était-ce vraiment rassurant ? Peut-être pas mais c’était la seule chose que pouvait faire Vanessa : donner sa parole de ne pas outrepasser les limites. Par respect. Par reconnaissance.

    Mais elle ne voulait, elle ne pouvait, expliquer pourquoi depuis des années elle avait une peur bleue des médecins et des hôpitaux. Seul Drake savait… Seul Drake.. Et elle savait que jamais il n’aurait osé en parler à qui que ce soit sans son consentement, qu’il n’aurait clairement jamais obtenu. La simple idée de voir une personne vêtue d’une blouse blanche lui donnait la nausée, la faisait trembler et elle préférait encore être à l’article de la mort au fond de son lit plutôt que de consulter. Et si jamais on lui apprenait qu’elle était vraiment folle ? Qu’Avalon n’existait que dans sa tête ? Que Luciana, Eko, la Suprême, Alex n’étaient pas réels ? Pourrait-elle seulement survivre si on lui ouvrait les yeux et que Drake n’était que le fruit de son imagination ? Non. Un monde sans Drake était un monde sans soleil, un monde sans pluie, un monde sans chanson, un monde sans rêve… À quoi bon vivre ? Et s’ils décidaient de l’enfermer à nouveau pour X ou Y raison ? Elle deviendrait folle. Se trancherait les veines plutôt que de vivre encore enfermée entre 4 murs sans possibilité de sortir quand bon lui chantait.

    -Euh…Attends… Tu as cru que je voulais envoyer Alex au casse-pipe ? Mais non… Attends, attends… Quand je disais qu’il pourrait, au conditionnel hein ?, contacter Eko c’était juste qu’il lui fasse passer le message de « Vanessa aimerait te parler » ni plus ni moins…Pas comme si Eko allait s’en prendre à lui alors que j’ai eu besoin de personne pour prendre la poudre d’escampette tu vois ce que je veux dire ? De toutes façons Eko n’écouterait personne venant lui dire « ah tiens au fait Vanessa te fait savoir qu’elle a un petit souci avec les toubibs. » C’est à moi d’affronter la bête, je le sais…Encore faudrait-il que le dragon daigne sortir de sa caverne pour se laisser approcher… Mais tu as raison…

    Oh merde… Elle avait vexé la barmaid…Et merde elle avait pas remarqué qu’elle saignait. Quelle foutue soirée merdique par Merlin ! Pourquoi n’était-elle pas restée blottie dans les bras de Drake ? Ah oui. Parce qu’il travaillait. Parce qu’elle ne pouvait pas continuer à se cacher et agir comme une trouillarde. Elle qui pensait que la vie d’enfant était difficile ben celle d’adulte était pas forcément mieux… Elle soupira.

    Il lui arrivait parfois d’avoir du mal à contrôler ses émotions et le chamboulement qu’avait représenter cette fameuse agression la rendait encore à fleur de peau et donc plus susceptible de s’emporter pour un rien… Comme si elle passait de 0 à 100 sur une échelle sans trouver de point intermédiaire… Et si c’était dur à vivre pour elle imaginez un peu pour les personnes l’entourant…

    Avec Alex elle observa la barmaid qui s’était retirée un peu plus loin pour s’occuper de servir d’autres boissons. Elle ne voulait pas que la jeune femme lui en veuille. C’est con quand même d’être comme ça, de s’énerver contre la terre entière (enfin contre l’île) et de vouloir être appréciée malgré tout… Caractère de merde va !

    Alors qu’elle prenait la serviette que la barmaid lui avait donné pour panser sa main blessée, Vanessa tourna le regard vers Alex. Elle avait noté que Luciana avait réagit comme une mère poule pour le protéger, en avait-il seulement conscience ? Pour un peu elle aurait pu sourire… À se tourner autour de la sorte ils ressemblaient un peu à Drake et elle avant…Avant qu’elle ne réalise ses sentiments… Mais cela elle ne le lui dit pas, à Alex. Parce que c’était à eux de s’en rendre compte, qu’ils tenaient l’un à l’autre plus que ce qu’ils ne voulaient bien admettre.

    -J’ai été égoïste…Je n’ai pensé qu’à moi, à mes sentiments et mon passé et j’ai oublié que je n’étais pas la seule à avoir des secrets, à cacher des choses difficiles…Et non Alex. N’essaye même pas de savoir ce que je ne vous dis pas. Cela ne vous regarde pas. Certaines blessures ne guérissent vraiment jamais… je crois que…   Elle ne termina pas sa phrase.

    -Sois un amour, tu veux ? Ne cherche pas à savoir ce qu’elle cache. Si elle veut te le dire un jour elle le fera. Mais laisse-lui le temps… Je crois que c’est ma faute… Son changement… Quand j’ai été…par ces deux… j’étais pétrifiée Alex…Et j’ai fait la seule chose qui m’est venu à l’esprit : envahir ses pensées pour l’appeler à l’aide… J’ai violé ses pensées, on en ressort pas forcément indemne. Se faire lire est une chose mais entendre une autre voix que la sienne…Sans préparation cela peut rendre fou… Un humain sans pouvoir le serait devenu à coup sûr…

    Elle laissa à Luciana le temps de finir ses commandes et s’occupa elle-même de ramasser les débris du verre qu’elle avait éclaté. Vivement que la soirée se termine qu’elle puisse rentrer. Chez elle ou Drake elle ne le savait pas encore… Puis elle se rapprocha de la barmaid, suivit légèrement par Alex qui semblait curieux de la suite de la conversation. Pour un peu il aurait fourni les gants de boxe et les tenues sexy avant d’ouvrir les paris.

    -Je te présente mes excuses… Si tu veux bien les accepter… Je… Je te suis reconnaissante pour ce que tu as fait pour moi. Et c’était injuste de te répondre comme je l’ai fait… L’espace d’un instant je n’étais plus vraiment ici mais…ailleurs. Quand j’étais une fillette… Et… Bref. Je suis désolée.

    Elle l’appréciait, la barmaid. Non seulement pour son don pour faire les cocktails et autres, mais aussi parce qu’elle disait ce qu’elle pensait, elle n’était pas fausse. Et parce que le petit jeu entre Alex et elle l’amusait mais chuut cela il ne faut pas le dire. Et elle se souciait peu de plaire aux gens…Certains privilégiés, les autres n’ayant aucune incidence dans sa vie, aucune importance. Rien. Elle espérait que Luciana ne lui ferait pas la tête trop longtemps. C’était facile de mal agir et ensuite présenter des excuses…Des mots contre des actes… Vanessa va donc te coucher.






    Look me in the eyes so I know you know

    I'm everywhere you want me to be
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    Vanessa Craven
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    L’affirmation glissée par la patronne a beau être teinté d’une intention louable, elle ne donne ni plus ni moins la sensation à son employée qu’elle n’a pas vraiment compris où Luce voulait en venir, en comparant avec ses propres démons enfouis. A savoir qu’elle la comprenait dans son refus d’en parler. Dans son hésitation, et son rejet à se sentir obligée de le faire. Tant pis, peut-être une autre fois, elle le lui expliquerait différemment. Elle laisse donc couler, avec un petit hochement de tête juste pour signifier avoir entendu et pris note. Dire que ça la rassurait aurait été dire qu’elle s’en inquiétait. Et ce n’était point le cas. Depuis le temps qu’elle officiait ici, Vanessa ne lui avait jamais donné l’occasion de s’en faire à ce propos. Qu’elle ai lu ou pas, puisqu’elle n’était pas assez douée pour remarquer ce qu’une capacité innée pouvait percevoir de l’esprit humain, la gérante n’en avait jamais fait aucune allusion. C’est tout ce qui importait à Luciana à ce propos. Pas de question. Sa seule inquiétude à ce sujet-là restait plutôt le cas Alex, bien plus pinailleur que la télépathe discrète.

    Peut-être pourrait-elle se cacher derrière une maîtrise de la langue Avalante moins au point que l’héritière. Toutefois, ce serait hypocrite. Le fait est qu’elle se sent soudainement agacée d’imaginer Alex aller dire quoi que ce soit à Eko pour le compte de Vanessa. Que ce soit un plaidoyer en bonne et due forme ou la simple information qu’elle souhaite lui parler, comme elle l’affirme. Son regard se fait franc, elle écoute. Hausse un sourcil, laissant couler la verve jusqu’au bout. « Ok. » Est-ce que ça changeait donc son avis sur la question ? Pas un instant. Mais elle estimait en avoir dit bien assez, le vigile était bien assez grand pour prendre sa décision. Et elle n’avait aucun droit de monter au créneau pour lui comme ça. Surtout pas en sa présence. Alors si elle avait conclu ainsi et avait battu en retraite vers le serveur téméraire, c’était aussi parce qu’elle se maudissait d’avoir ressenti soudainement cette pulsion-là.

    Celle qui lui avait fait dépasser les propres limites qu’elle s’était fixé.

    Fait qui n’avait évidemment pas échappé à Alexandre. Et qui le faisait sourire. Il la taquinait tellement qu’il savait à présent lire pas mal de ses réactions, quand bien même la lusitanienne était plutôt douée pour tout museler. La voix de Vanessa, repentante, lui fait détourner le regard de l’autre brune qui échange avec le serveur plus loin. Il s’apprête à la couper, mais elle s’en aperçoit et lui interdit de répliquer. Alors il la laisse aller au bout. « Ok, ok… » Il obtempère, alors même que lui seul sait s’il creusera réellement le passé de Vanessa ou non.

    Concernant Luce par contre… C’était déjà tout vu, même avant cette confession sous-entendue. Il était même déjà sur le coup depuis un moment. « Je suis toujours un amour, ma belle. » Ça sonne faux, évidemment. Il estimait savoir y faire avec la barmaid récalcitrante, et il saurait bien ce qu’elle cachait. Il l’amènerait à lui parler, et ce jour là elle le fera de bonne grâce, en plus. Confiant en lui, il laisse cette pensée vagabonder alors même qu’il hausse un sourcil à la révélation de la télépathe. Il reporte son attention sur la réfugiée avec un autre regard, plus sérieux. Jaugeant si ce fait nouveau pouvait expliquer la sensation qu’il a concernant Luciana. « Non. Je ne crois pas que ce soit ça… c’est autre chose... » Ce n'est qu'un murmure. Il reste pensif, les prunelles figées sur l’objet de ses réflexions, alors que l’autre femme de son microcosme prend le temps de nettoyer son petit accès de colère sans se couper d’avantage.

    Et bien sûr qu’il la suit ensuite, alors qu’elle s’avance vers la cible de l’injustice précédente. Officiellement pour compter les points, et proposer un combat de boue si jamais ça s’envenimait. Officieusement, pour pas que ça ne dérape à nouveau. Il n’avait pas plus envie que ça d’avoir à prendre partie pour l’une ou pour l’autre, autant limiter les quiproquo avant qu’ils ne s’enveniment de trop. Fort heureusement, le deuxième round s’entame par des excuses presque parfaites de Vanessa. Que l’autre jeune femme écoute, bras croisés, avec son regard trop franc posé sur elle. Aucun micro sourire, elle abuse, la barmaid, se dit-il.

    Elle laisse même traîner le silence trois secondes avant de soupirer, et de relâcher sa position, jugeant que les excuses étaient sincères. Oh elle ne pouvait pas dire que ça ne se reproduirait pas, le choc de cette soirée perdurerait encore quelques temps, elle en mettrait sa main au feu. Celui de l’héritière, évidemment. Mais elle en prenait le risque. « D’accord. Je ne t’en veux pas. » Est-ce une façon d’accorder son pardon ? Pour cela, il aurait fallu qu’elle prenne réellement ombrage des injustes paroles à son encontre. Et une fois encore, ce n’était pas le cas. Elle jette un regard à Alex, attentif mais silencieux, avant de soupirer. Le temps de préparation des boissons lui avait donné la possibilité d’analyser sa réaction un peu trop vive.

    Et c’est bien à elle-même qu’elle en voulait le plus, à cet instant. Autant effacer tout malentendu, au moins pour un temps. « Ni pour ce soir, ni pour l’autre. Tu n’es pas fautive de ce qui s’est passé. On a tous fait de notre mieux, tous fait nos propres choix. Garde ça en tête, tu n’as pas que des ennemis. » En disant cela, elle tourne la tête vers le spectateur, amusé de tant de sororité soudaine de la personne possiblement la moins expressive du cabaret, et le défie de faire le moindre commentaire. Il la regarde en levant les mains, feignant une reddition totale. « Tu as tout à fait raison, Chérie ! Je n’aurais pas dit mieux… d’ailleurs, pour fêter ça, vous voulez pas vous faire un câlin, toutes les deux ? J’ai toujours rêver de voir ça, je serait le plus heureux… » Son sourire en coin ne laisse aucun doute sur le côté moqueur de sa tirade. Une tape derrière la tête vient entrecouper la fin de sa phrase, de la part de Luce. « … des hommes… Aie, t’es dure, Chérie. Tu ne souhaites pas réaliser mon rêve, même pas un peu ? » Pour toute réponse, il obtient un regard noir, suivi d’un « Arrêtes ça. De suite. » ferme, auquel il rigole en jetant un regard à Vanessa pour l'inviter à renchérir.

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