Le portail de Drake paraissait assez stable pour que Siuan n’hésitât pas à encourager à Delilah et Alistair à passer à l’intérieur. Une fois les deux Damodred en sécurité sur les berges, le portail se referma et elle laissa échapper un souffle. Elle se garda bien de regarder dans la direction du corps dans l’eau, de peur de perdre à nouveau le contrôle sur le maigre calme qu’elle parvenait à garder. Par chance, il semblait que les gardiens se mettaient en branle, ramenant les embarcations des avalantes sur la rive. Ne restait finalement plus que Drake et elle-même, et ils furent rapidement rejoints par un large bateau. Elle ne s’entêta pas à refuser leur aide, remerciant Drake d’un hochement de tête alors qu’il la laissait passer pour grimper sur l’embarcation. Une fois les deux à nouveau sur le sol dur, elle laissa échapper son contrôle sur le mini iceberg, la glace devenant eau immédiatement.

C’était plus fort qu’elle malgré tout ; elle regarda les deux gardiens hisser le corps de Lynn sur le bateau, et elle ne parvint à détourner les yeux que lorsque Drake lui adressa la parole à nouveau. « Merci. On ne s’entendait pas toujours, mais c’était une amie de ma femme. » Lui dit-elle distraitement, résistant malgré tout à la tentation de regarder à nouveau. « C’est Lynn Rosebury. » S’entendit-elle dire, et elle savait qu’une partie d’elle avait besoin de dire le nom pour intégrer ce qu’elle avait vu. Elle passa une main tremblante sur son visage, alors qu’elle sentit le bateau se remettre en mouvement, vers la rive. Elle dut prendre une inspiration avant de se reconcentrer sur Drake, lui offrant l’ombre d’un sourire. « Bien sûr. Je … Merci. Pour le portail. » C’était un peu comme s’arracher des dents, mais elle n’était pas ingrate. Et si son état émotionnel avait été plus stable, elle aurait laissé le sien pour éviter aux gardiens d’avoir à la déposer sur la rive, mais elle savait que la tentative ne se solderait que par un échec, ou pire, une blessure.

Ainsi, dès que le bateau approcha du bord du Lac, elle n’attendit pas pour passer par-dessus bord, atterrissant avec l’eau jusqu’aux genoux. Elle était déjà trempée, un peu plus d’important peu. D’un pas rapide elle rejoint @Delilah de Vries et @Alistair Damodred , alors qu’ils étaient en train de se faire ausculter par un soigneur. D’un geste de la main, elle sécha l’entièreté de leurs vêtements, et l’instant d’après, ses doigts vinrent effleurer le dos de sa femme. « Si vous en avez terminé, rentrons ? » Demanda-t-elle, et son regard trahissait son épuisement, et sa détresse émotionnelle.

Résumé:

Face au malaise inhabituel d’Helmi, l’amusement d’Ylva retomba comme un soufflet. L’agitation grandissait à côté d’eux, et plutôt de finir au milieu de tout cela, la louve acquiesçant simplement à la demande, et se mit à ramer vers les berges. Gardant un œil à la fois sur les personnes à l’eau, et sur la plage de galets qui s’approchait derrière son épaule, Ylva parvint à manœuvrer la barque sans trop de difficultés jusqu’à la rive. L’empressement la fit rapidement haleter, et alors que l’embarcation touchait terre, elle relâcha les rames pour venir essuyer la sueur qui perlait sur son front. Décidemment, il faisait beaucoup trop chaud sur ces terres infernales. Sautant dans l’eau, elle n’hésita pas à faire le tour du bateau pour aider Helmi à en sortir, soulevant l’héritière sans difficultés dans ses bras. Elle ne résista pas à la tentation de faire un clin d’œil provocateur à Lawrence alors qu’elle tournait les talons, gardant son amie dans ses bras jusqu’à pouvoir la déposer sur la terre ferme, bien loin de l’eau. La peau de l’héritière lui semblait étrangement froide, et plutôt que de s’écarter, elle laissa ses bras autour d’Helmi pendant quelques moments.

« Allons-y, avant que la panique gagne le reste du lac. » Finit-elle par murmurer, avant d’adresser Lawrence avec un simple mouvement de tête. Il ne leur fallut pas longtemps pour atteindre et passer le cordon de gardiens à l’entrée, qui avaient l’air parfaitement ridicules, la tête en l’air en regardant le spectacle. Le regard d’Ylva croisa celui d’Isla alors que son Chaos lui revenait, rematérialisant instantanément les charmes par-dessus ses cicatrices. Elle inspira longuement, sentant enfin à hauteur de ses capacités tout ce qui l'entourait, et elle offrit un sourire à la prophétesse, dévoilant un peu trop de dents, avant de se retourner vers Helmi. « Rentrons, tu es gelée. » Lui indiqua-t-elle à voix basse, avant de fixer Lawrence d’un regard. Ses sourcils se froncèrent. « Tu n’as qu’à venir aussi, tu n’as pas l’air beaucoup plus en forme. »  D'une main presque lasse, elle commençait à tracer le sort du portail, qui se matérialisa rapidement devant eux.

Résumé:

Fay hochait la tête à l’affirmation d’Isla. Elle savait qu’elle sous-estimait parfois Andrea — souvent, plutôt, mais il fallait dire que sa cousine s’était montrée capable des plus grosses idioties — mais l’ébéniste était plus intuitive qu’il n’y paraissait, et avec l’enfant, étrangement, semblait pouvoir faire preuve d’une certaine intelligence. Elle sourit à nouveau à sa mère de substitution, appréciant sans le dire les efforts qu’elle semblait déployer pour ne pas la froisser. La réflexion suivante d’Iris lui fit hausser les sourcils, et elle observa les deux femmes une seconde, convaincue que quelque chose lui échappait, sans pouvoir réaliser quoi exactement. Elle ne s’en formalisa pas, et adressa plutôt la dernière question de la prophétesse. « Depuis quelques semaines. Je pense qu’on ne la trouvera pas, mais … Je veux m’assurer d’avoir vraiment fait le maximum, avant de lâcher prise. » Ses yeux se baissèrent à nouveau sur l’enfant dans ses bras, et elle sourit en voyant que ses petits yeux semblaient lutter pour rester ouvert. « Elle ne m’a pas dit son nom, encore. » Précisa-t-elle alors, ses doigts traçant la courbe d’une joue pleine. Même si elle ne pouvait pas l’affirmer catégoriquement, elle savait déjà, tout comme Andrea, qu’elle ne remettrait pas cet enfant dans les mains de l’orphelinat d’Avalon. Laissant échapper un soupir, elle releva les yeux vers Isla. « Il faut que je la mette au lit, c’était beaucoup pour elle ce soir. Tu peux faire le portail ? » Il n’était pas secret que Fay, bien que capable, préférait utiliser son Chaos pour son jardin et ses plantes. Elle se tourna vers Iris un instant. « Je veux bien que tu restes avec moi jusqu’à ce qu’Andrea revienne, comme ça on pourra traiter ton mal de crâne. » Les yeux posés sur Iris, elle tendit une main vers la Sharp Eye, s’arrêtant à quelques centimètres de sa peau. Ses sourcils se froncèrent. « J’ai l’impression que quelque chose est déséquilibré chez toi. On va régler ça aussi. »

Résumé:

Le géant bat en retraite, au contraire de son amante qui fait front face à une Alba qui ne bouge pas d'un pouce, aussi droite et raide que pouvait l'être une femme de son rang à qui l'on venait de manquer de respect. Le doigt tremblant pointé sur elle lui est moins insupportable que le ton que Lilith employait.
La juge se fige, se glace. Contraire à d'autres, sa colère est froide et silencieuse. Lorsque cette jeune idiote annonce ouvertement le mépris qu'Alba pouvait ressentir envers Filipa, elle se voit la gifler avec violence pour avoir osé cet affront. Evidemment Marius entend tout, et il se pourrait bien que Bedelia ne soit pas très loin et puisse à son tour prendre connaissance de la scène.

Au bout de ses doigts crépitent le feu de la colère, l'amertume d'une trahison, mais aucun geste n'est tenté par Alba qui toise Lilith sans un mot. Autour d'eux, le tumulte de la fête ne comptait plus, pas plus que l'anniversaire de la Su-prême. Emportée par l'ardeur de sa colère, Lilith n'en a pas terminé et dévoile leur secret, comme si elles étaient parfaitement seules au monde.
Cette fois-ci, outre la colère, Alba sent ses organes se rétracter. Aux yeux de la juge, ce n'était plus de la vengeance, mais un réel désir de mettre sa carrière en déroute, sa réputation avec.
Car si qui que ce soit venait à savoir que la Juge d'Avalon et la fille de la Suprême entretenaient une relation, Alba pouvait dire adieu à sa vie dorée sur l'île et à tout ce qu'elle avait bâti jusqu'ici.
Que risquait Lilith si ce n'était la rage de sa mère et le déshonneur ? Chose à laquelle la jeune femme goûtait déjà … Mais elle. Elle. Elle risquait absolument tout.

Et pour cela, Alba éprouvait une fureur noire envers la jeune femme qui se tenait devant elle, sans ciller. D'autres ne verraient en elle qu'une enfant blessée. La juge voyait son amante et ses propres émotions responsables du désastre.

"Il est triste de voir ce que tu es prête à faire pour t'attirer les attentions de ta mère."

Tel un serpent à l'égo froissé, Alba frappait sans trembler, ignorant le relent amère de son propre dégoût qui tapissait sa gorge. Utiliser le désamour de la Suprême envers sa fille était d'une méchanceté que même la juge ne se serait jamais autorisée.
Elle fit demi-tour, une colère glaciale dans les veines, prête à quitter les lieux, sans se soucier du brouhaha près du lac

Ses mots avaient frappé juste, elle pouvait le voir simplement en regardant Alba. Sans surprise, ça ne lui apporta aucun plaisir. Elle n’avait pas souhaité se disputer avec son amante, et elle ne comprenait d’ailleurs pas ce qui poussait Alba à être aussi vindicative, alors que Lilith – elle en était convaincue – n’avait rien fait de plus que l’accord qui avait été trouvé entre elles. L’idée qu’Alba pût être jalouse lui effleura l’esprit avant qu’elle ne la rejetât fermement. Lilith était jalouse, oui, parce qu’elle était tellement affamée de validation qu’elle était prête à la chercher en dépit de sa dignité, mais Abla n’était certainement pas jalouse. Possessive aurait plus du sens, quoique serait tout aussi déplacé, si Lilith n’avait le droit d’en faire de même. Et elle savait qu’une scène similaire devant l’un des amants de la juge ne se serait pas bien terminée pour elle. Alors, oui, elle était consciente du déséquilibre dans leur relation, et pourtant … cela n’importait pas. Ou presque.

L’attaque d’Alba fut vicieuse, violente, profondément injuste, et Lilith, qui n’avait pas la maîtrise de ses émotions, réagit tout aussi vivement. Avant même qu’elle s’en aperçut, sa main s’était levée, et elle entendit le son de la gifle avant que la paume de sa main ne vibrât sous l’impact. Peut-être avec le même choc qu’Alba, elle constata avec horreur ce qu’elle venait de faire. C’était déjà trop tard. Elle le regretterait, mais sa fierté ne lui autorisait pas à ramper pour demander pardon, pas cette fois. Alba était allée trop loin, et maintenant, elle-aussi. Malgré la gifle, Lilith constata que la colère ne se tarissait pas, continuant à s’écouler de la plaie béante qu’Alba avait savamment ouverte. « Fuck you. » Lui cracha-t-elle finalement, et sa voix tremblait tout autant que ses doigts mais elle s’en fichait. « Fuck you. » Répéta-t-elle même si elle parvint difficilement à faire entendre le venin par-dessus la douleur très évidente.

Elle se força à faire un pas en arrière, et lorsqu’Alba tourna les talons, elle ne chercha pas à l’arrêter. Soufflant longuement, elle se laissa retomber contre le tronc d’arbre derrière elle Marius en avait profité pour s’éclipser, et elle ne lui en voulait pas. Il fallait qu’elle en fît de même, mais l’idée de retomber sur Alba un peu plus loin lui glaçait le sang, et elle se demanda s’il ne valait mieux pas suivre le chemin du géant, et sortir de l’autre côté de la forêt. Soupirant, elle passa une main sur son visage. Encore quelques minutes pour retrouver ses esprits ne lui feraient pas de mal.

Résumé:

C'était presque frustrant de voir à quel point Fay semblait naturellement à l'aise avec la petite. Tout semblait fluide, tendre, réconfortant, lorsqu'elle s'adressait au nourrisson qui était d'un calme étonnant avec toute l'agitation de la soirée. Iris n'était absolument pas confortable avec la situation d'Andrea et de Fay… seulement, elle ne pouvait nier que si toutefois les deux femmes adoptaient l'enfant, il était certain qu'elle serait choyée et aimée. L'instinct maternelle qui se dégageait de Fay lui rappelait celui d'Isla … les deux femmes avaient ce truc qu'Iris n'avait pas. Il suffisait de la voir avec Judith, la fille de Bedelia, où sans pour autant être une catastrophe, la Sharp Eye était emplie de maladresse.

Une sensation de froid humide lui traversa les os, avant de disparaitre aussi vite qu'elle n'était arrivée. Iris attendit patiemment que le portail s'ouvre, laissant Isla s'en occuper, ravi de pouvoir enfin quitter les lieux et de pouvoir se retrouver dans le calme. Mais la demande de Fay avorta toute possibilité. La tentation de refuser l'effleure avant que son mal de tête lui fasse ravaler cette possibilité et se contente d'acquiescer.

La remarque de Fay lui glace les sangs en jetant un regard inquiet à Isla.

"Comment ça, déséquilibré ?" Sa mésaventure avec Siuan n'avait filtré nulle part et seule sa belle-sœur en était au courant. Même Bedelia n’avait pas eu tous les détails du pourquoi Iris avait été si odieuse et si peu elle-même ces dernières semaines. Alors quand Fay évoque un probable déséquilibre, Iris sent la nausée lui tordre le ventre. Est-ce que la présence de Siuan aurait pu à ce point la désaxée de manière permanente ? L'idée qu'elle ait pu garder une part de la Spymaster lui collait des frissons. Elle avait eu son lot d'horreur avec les pensées atroces de Siuan et ses souvenirs.

Iris laisse Fay et la petite passer le portail en premier, avant de suivre la marche, Isla derrière elle, sans s'apercevoir du monde qui revenait du feu d'artifice ni de la confusion générale qui régnait.

Ce n'est pas la mort qui le tétanise, mais le regard vitreux de celui qu'il connait. Lawrence a appris très tôt que la mort faisait partie de la vie, que chialer était bon pour les faibles. Seulement, ce qui lui cimentait le bide, c'était l'idée de voir un réfugié flottant sans vie ici et à entendre les exclamations autour d'eux, il n'était pas le seul corps à horrifier l'île.
La voix tremblante et pressée d'Helmi le ramène à la réalité. Lawrence se rassoit sans un mot, sans lâcher du regard le visage figé de Valery, emportant avec lui la certitude que ça aurait pu être lui-même ou même son amie parmi les cadavres. Sans un mot, il pose une main rassurante dans le dos d'Helmi sans l'envahir. Elle aussi le connaissait et à voir sa gueule défaite, il n'y avait pas que la flotte qui perturbait l'esprit de l'héritière.
Ylva rame comme une forcenée pour les ramener sur la berge et avant qu'il n'est eu le temps de respirer, elle tenait Helmi dans ses bras comme si cette dernière ne pesait rien. Son clin d'œil à la con, Lawrence l'ignore. C'était pas le moment de le faire chier avec ses conneries, il n'était plus d'humeur à jouer la carte de la patience pour satisfaire tout ce petit monde de faux-cul. Mille questions lui traversaient l'esprit ; est-ce que d'autres réfugiés étaient morts ? Est-ce que c'était un coup de la Dissidence ou un taré qui sévissait sur l'île ?
Les mains dans les poches, jetant de temps en temps des coups d'œil à Helmi qui semblait parfaitement blotti contre Ylva, Lawrence serre les dents.

Les mots de l'étrangère l'étonnèrent, si bien qu'il ne sait pas si elle se fout de lui ou si l'invitation est sincère.

"J'vais bien." Grommelle l'homme tout en les suivants. Qu'est-ce que ça pouvait lui foutre de savoir s'il allait bien ou non ? Comme si la vision d'un mort pouvait à ce point lui retourner la gueule. Lawrence réagissait aux marques d'attention comme l'animal sauvage habitué à la violence qu'il était. Helmi avait sû lui adoucir l'esprit, lui montrer qu'il était possible même pour quelqu'un comme lui, d'avoir pour soi des marques d'attention autres que des agressions. Mais venant d'Ylva, c'était trop nouveau pour réussir à ne pas montrer les dents. En plus cette tarée avait pris tout ça pour évènement festif, sans se soucier des macchabés flottant comme des poissons morts à la surface.

Paxton passe le portail après avoir été accueilli par une foule de gardiens, son chaos à nouveau dans les veines et ne prête même pas un coup d'œil à Isla qu'il aurait pourtant voulu assassiner à mains nues.
A la hauteur des deux femmes, son immense carcasse détonnait. Helmi à ses côtés, il ne savait trop quoi dire, toujours peu familier avec ça.

"C'était Valéry, lâcha-t-il du bout des lèvres, incertain que son amie ait eu le temps d'identifié le défunt. J'crois qu'y'en avait d'autre." D'autres morts, d'autres réfugiés, il n'en savait rien.

Helmi ne bougeait plus que parce que ses amis, particulièrement Ylva, s’occupaient d’elle. Elle avançait à leur rythme, le regard jeté en arrière sur la silhouette qu’elle identifiait, sur celles des Damodred empêchés par des chutes, par les gardiens qui arrivaient sur la rive — par la pâleur des cadavres qui reflétaient la lumière des feux d’artifice. Tous ces idiots, inconscients de la présence des cadavres et regardaient vers le ciel, disparurent d’abord de son champ de vision et seul son Chaos lui revenant la ramena à l’instant présent. Blottie contre Ylva, elle écoutait ce qu’il se passait autour d’elle, concentrant ses sens non pas sur sa vue qui gardait l’empreinte de Valery sur sa rétine, mais sur son toucher et son ouïe. La jeune femme claquait doucement des dents et peinait à reprendre de sa chaleur habituelle.

Lawrence lui adressa la parole alors qu’un portail était lancé et l’héritière lui lança un regard confus et agacé à la fois. Elle avait bien vu de qui il s’agissait, elle le voyait encore. Ce qu’il ajouta lui serra la gorge. Les doigts de l’héritière se resserrèrent contre la silhouette de son amie et pour une fois, elle ne répondit rien. Sa répartie volée, pour l’instant, alors qu’elle processait lentement l’évènement. Elle ne dit rien non plus quand, le portail ouvert, Ylva l’y pressa doucement, suivies par Lawrence lui-même.

L’héritière ne sut cacher son étonnement lorsque ses deux amis passèrent la porte de sa maison sans s’arracher un bras ou un œil. Ce qu’elle espérait secrètement allait finalement peut-être se réaliser, mais Helmi regretta de ne pas avoir le cœur à forcer davantage la relation d’Ylva et Lawrence. Son esprit hanté par la vision de Valery dans l’eau ne lui donnait plus beaucoup d’espace pour réfléchir. Elle s’autorisait le soir ; le lendemain, certainement, l’héritière irait chercher réponses à ses questions.

Résumé:

Isla hochait la tête, concentrée sur Fay et la petite. Elle savait qu’Iris la suivait de près et irait ou la prophétesse lui dirait d’aller. Les dernières mésaventures n’avaient pas entaché sa loyauté. Au contraire, les dernières frasques de Siuan et Iris avaient rempli la Sharp Eye d’assez de culpabilité pour que celle-ci redoublât d’efforts à ses côtés. Si Isla n’avait pas de problème avec sa belle-sœur exprimant sa loyauté, elle s’inquiétait de l’humeur qui persistait chez elle.

Tout comme elle s’inquiétait de l’évidente résolution qu’avaient prise les deux cousines concernant l’enfant. Mais la prophétesse gardait pour l’instant ses questions, alors que le petit groupe quittait la célébration et qu’Isla retrouvait son chaos. Ses yeux glissèrent sur leurs alentours, espérant attraper la silhouette de Siuan qu’elle avait vu commencer à quitter les lieux. Certainement que la Spymaster l’avait devancée, car Isla ne trouva que le regard et le mauvais sourire de la louve. La prophétesse resta neutre mais ne put s’empêcher de serrer un peu plus contre elle l’herboriste et l’enfant que celle-ci portait, se postant pour la cacher de la vue prédatrice d’Ylva.

« Hm ? Ah oui. » Isla redonna son attention à la jeune femme, l’information enregistrée des deux Svensson en compagnie de l’homme à tout faire que sa mère avait engagé quelques semaines plus tôt sans la consulter. Elle suivit l’échange entre Iris et Fay avant de démarrer l’ouverture d’un portail. Pour toute réponse à la Sharp Eye, Isla lui adressa un regard rassurant. Fay était intuitive, Isla n’avait certainement rien à lui confier qu’elle ne saurait deviner si elle le décidait.

Le portail ouvert, Isla laissa les deux femmes et l’enfant passer devant elles, quittant le Lac pour se retrouver devant chez l’intendante de l’île.

« Je suis désolée de ne pas pouvoir rester davantage. Mais si tu l’acceptes, je viendrais te voir à ma sortie du Capitole. » Isla venait de former le portail, refermant son chaos par la même occasion pour le dissimuler et s’adressait à nouveau à Fay. Elle ne se retint pas de glisser une phalange attendrie sur la joue de l’enfant. Il était hors de question qu’elle ne revienne pas voir l’intendante et régler cette affaire avec elle — et probablement son idiote de cousine. « Quant à toi, si tu le peux, j’aimerais que tu restes avec elle jusqu’à mon retour. Ou celui d’Andrea. Mais dans ce cas, rentre au manoir. Et reposes-toi. »

La prophétesse ne fit pas plus de cas de son départ, rouvrant un autre portail, puisant comme à son habitude dans ses propres réserves, laissant filtrer le moins possible ce qu’elle cachait.

« À tout à l’heure. »

Résumé:

Alors Alba détestait la Suprême. Sans le savoir pourquoi, Bedelia ne doutait pas du sentiment de la jeune sorcière, ni de la vérité de ses mots. L’échange, impudique, mettait l’agente mal à l’aise, mais lui donnait des informations précieuses. Qu’elle fût choquée de la confession de Lilith, malaisée, ne comptait guère pour l’instant ; même si pour une fois, Bedelia aurait préféré manquer une information. L’idée que la Juge d’Avalon entretienne une relation avec la — beaucoup plus jeune — fille de la Suprême lui déplaisait à plusieurs égards. Elle ne pouvait s’empêcher d’observer, par moment, Lilith comme une enfant blessée malgré son âge. Quand celle-ci cessait de la faire tourner en bourrique ou de faire ses caprices, Bedelia compatissait.

C’est pourquoi l’attaque de la Juge, qui ne démentait pas l’accusation mais retombait sur ses pattes pour se préserver probablement d’un jugement supérieur à sa position, fut si efficace. Bedelia ne s’attendit pas à la violence de Lilith, ni à ce qu’Alba s’en éloigne simplement après cela.

Alors que Lilith tentait de reprendre le contrôle sur elle-même, Bedelia hésitait sur la conduite à tenir. Devait-elle faire semblant d’ignorer la vérité ? Ou proposer une épaule compatissante ? Son devoir d’Aes Sedai l’appelait à mentir et à ne pas révéler avoir connaissance des précieuses informations. Son affection limitée pour Lilith lui demandait d’être aimable pour la jeune femme en déroute.

Deirdre, son familier, ressentant certainement son trouble, régla le problème à sa place. Le grand corbeau croassa, au-dessus de Lilith, pour signaler sa présence à Bedelia et laisser à la jeune cheffe le temps de se reprendre. Elle attendit alors quelques secondes avant d’approcher d’un pas tranquille, contournant les arbres. Rester impartiale permettrait à Lilith de décider de la suite. Celle-ci n’était certainement pas idiote mais il était hors de question que Bedelia soit la première à parler d’Alba. Par principe, elle préférer laisser à Lilith la possibilité de mentir le temps d’une soirée – ou de se confier.

« Rentrons. » Bedelia adressa doucement la fille de la Suprême, un mince sourire sur les lèvres qui se valait par sa sincérité. Elle démarra le sortilège de portail, sur place, n’ayant guère besoin de sortir pour user de son chaos gardé. « Où tu veux. » l’agente acheva de préciser, suivant ainsi les envies et besoins de sa protégée.

Résumé: